Déjà 25 ans depuis l’an 2000. Devoir nous replonge en décembre dans un quart de siècle ponctué d’événements marquants et de nouvelles tendances qui façonnent encore notre société. Dans cet article : parfois abandonnés faute de moyens, souvent mis sur la glace, certains projets collectifs parviennent pourtant à traverser les années au point de marquer tout un quart de siècle. Focus sur huit promesses persistantes… tenues ou plus ou moins tenues.
Une place en garderie pour chaque enfant
Ce n’est pas pour rien que la ministre de la Famille, Suzanne Roy, figure en bas du bulletin ministériel de son collègue Michel David. L’ancien maire de Sainte-Julie peine à contrer le manque de places en garderie. Selon le dernier communiqué du ministère, 31 497 enfants attendent encore une place. Le problème n’est pas nouveau. Créé en 1997 par Pauline Marois, le réseau des centres de la petite enfance (places à 5 $ par jour, aujourd’hui à 9,10 $), paradoxalement vanté partout dans le monde, reste inaccessible à une grande partie de la population. , et les autres formes de services de garde (milieu familial, garderies subventionnées) ne suffisent pas à combler le vide. Signe du caractère chronique de ce problème, le lobby Ma place au travail, créé par des mères privées de travail, entre dans sa quatrième année d’existence. La Coalition Avenir Québec (CAQ), qui avait promis de créer 37 000 places d’ici le 31 mars 2025, en a jusqu’à présent ouvert environ 25 000. Le ministre parviendra-t-il à livrer les 12 000 disparus en à peine trois mois ? Et ce, tout en garantissant des prestations de qualité ?
Un vote pour la réforme électorale
La réforme du mode de scrutin québécois était dans l’air au début du millénaire. En 2001, le gouvernement péquiste de Bernard Landry était favorable à l’instauration de la représentation proportionnelle, tout en la conditionnant à l’accession du Québec à l’indépendance. Le projet, un temps défendu par les libéraux de Jean Charest, a été mis sur la glace sous la direction de Philippe Couillard au printemps 2018. En réponse, la Coalition Avenir Québec, le Parti Québécois et Québec Solidaire se sont formellement engagés à déposer un projet de loi. modifier le mode de vote dans l’année qui suit leur élection. Cependant, la réforme promise n’a toujours pas été réalisée, six ans après l’arrivée au pouvoir du parti de François Legault. Le projet de loi 39 instaurant un nouveau mode de vote présenté en septembre 2019 est mort au Feuilleton avec le déclenchement des élections de 2022.
Déboucher les salles d’urgence
« Nous allons réduire les listes et les délais d’attente, que ce soit aux urgences, pour une intervention chirurgicale, pour des tests de diagnostic… » La déclaration aurait pu être écrite la semaine dernière, mais elle remonte à juin 2003. Fraîchement élu, le Premier ministre Jean Charest a réitéré sa promesse de désengorger les urgences. Il avait également fait campagne sur l’accès aux services de santé. Quinze ans plus tard, la CAQ promettait de réduire à 90 minutes l’attente moyenne aux urgences avant d’être élue pour la première fois en 2018. « Les urgences au Québec éclatent partout », déplorait alors François Legault. Cependant, selon le tableau de bord, il est désormais près de 3 heures et, à certains endroits, il est rapporté que les patients ont attendu plus de 30 heures. Régulièrement pressé sur le sujet, le ministre Christian Dubé cherche à détourner les patients des hôpitaux vers d’autres services via le Bureau d’accès de première ligne. Au cours des prochains mois, nous verrons si la nouvelle agence Santé Québec sera en mesure de faire mieux.
Les Nordiques sur la glace
On ne compte plus les articles annonçant le retour imminent des Nordiques de Québec, que ce soit via un élargissement de la Ligue nationale de hockey (LNH) ou la relocalisation d’une équipe moribonde du sud des États-Unis. Le projet lancé par le groupe citoyen j’ai ma place a décollé dans la foulée du 400e anniversaire de Québec. En 2011, le maire Régis Labeaume concluait une entente avec le premier ministre du Québec, Jean Charest, pour la construction d’un amphithéâtre dont la gestion a été confiée à Quebecor. Le bâtiment, dont la silhouette circulaire évoque une congère, a été achevé en 2015 pour 370 millions de dollars. Sa présence dans le paysage de la Vieille Capitale n’a pas suffi à convaincre la LNH d’accorder une franchise à l’homme d’affaires Pierre Karl Péladeau. En l’absence des Nordiques, les amateurs de hockey de la capitale ont pu assister à deux matchs préparatoires des Kings de Los Angeles, dont la visite en octobre dernier a coûté plus de 5 millions de dollars aux contribuables québécois.
Sur la route
Le bitume fait partie de l’ADN des partis politiques en mode électoral. En témoigne l’extension du réseau routier québécois, qui s’est étendue dans tous les sens au cours du dernier quart de siècle. Au nord du Québec, la route 175 est passée de deux à quatre voies entre les forêts d’épicéas menant au Saguenay au terme d’un projet gigantesque de 950 millions de dollars. Au sud, l’autoroute Robert-Cliche est prolongée à travers la Beauce jusqu’à Saint-Georges tandis que la 20 est prolongée vers l’est pour atteindre Mont-Joli, aux portes de la Gaspésie. Le Bas-Saint-Laurent attend cependant la réalisation promise d’un tronçon d’une cinquantaine de kilomètres entre Trois-Pistoles et Rimouski. Les chantiers de construction ont également augmenté dans la grande région de Montréal, qui est demeurée encombrée malgré la reconstruction de l’échangeur Turcot et le prolongement de l’autoroute 30 entre Châteauguay et Vaudreuil-Dorion.
Réduire le chômage
Certaines promesses ont fait la une des journaux pendant des années avant de devenir quasiment obsolètes. C’est le cas de l’engagement récurrent des politiques à créer des emplois pour réduire le chômage. Lors de la campagne électorale de 2012, Jean Charest avait promis de créer 250 000 emplois pour atteindre le plein emploi. À l’époque, le taux de chômage était de 7,7 % au Québec. Dix ans plus tard, en raison de la pénurie de main-d’œuvre, elle atteint un creux historique de 3,9 % en 2022. Dans certaines régions, comme Québec et Chaudière-Appalaches, c’est encore pire. La promesse est donc inversée : il ne faut pas créer des emplois, mais trouver des salariés. Dans les industries, mais aussi dans la santé, l’éducation, la construction, etc. C’est dans ce contexte que Québec mise sur le recrutement massif de travailleurs temporaires. Deux ans plus tard, le taux de chômage était de 5,9 % en novembre et le gouvernement prend des mesures pour réduire l’arrivée d’employés étrangers.
Le « retour » des bélugas
« Il est temps d’agir ! » a lancé le gouvernement de Lucien Bouchard dans son Plan d’action contre les changements climatiques présenté en 2000. Le document comportant un graphique « WordArt » typique de l’époque mettait l’accent sur la réduction des gaz à effet de serre (GES), qui sont tombés en 2022 de 19 % en dessous de la valeur symbolique. barre de 1990 grâce à la mise en place du marché carbone en 2013. Le réseau d’aires protégées a quant à lui été étendu entre 2000 et 2024, passant de 2,73% à 16,89% du territoire. À cela s’ajoutent les aires marines protégées, qui s’étendent désormais sur 12,21 % du territoire québécois. Quant aux bélugas, dont on craignait la disparition imminente à la fin du siècle dernier, leur nombre est passé de 880 à 1 850 entre 2013 et 2023. Cette augmentation spectaculaire s’explique toutefois par un recensement plus précis des troupeaux qui regroupaient près de 10 000 bélugas au début du 20e sièclee siècle.
Éloignez la religion des écoles
Il y a 25 ans, avec le « Projet de loi 118 », le gouvernement du Parti québécois éliminait le statut religieux de toutes les écoles. Les commissions scolaires étaient plus susceptibles d’être linguistiques. «Il faut aller, au Québec, vers moins de religions», déclarait alors le ministre de l’Éducation, un certain François Legault. Une multitude d’initiatives seront présentées en lien avec la laïcité des écoles : la tenue de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, les nouveaux cours d’éthique et de culture religieuse en 2008, la tentative d’une Charte des valeurs québécoises (2013), la Loi promouvoir le respect de la neutralité religieuse de l’État (2017) et, plus récemment, la loi sur la laïcité de l’État (2019). Et ce n’est pas encore fini. Dans la foulée du rapport sur l’école Bedford de Montréal, qui révélait l’influence d’un groupe d’enseignants musulmans, le gouvernement Legault envisage encore une fois de légiférer.