Les 20 enquêteurs du CIO, assistés de 80 policiers, ont quand même réussi à pénétrer dans la propriété « en empruntant un chemin détourné à flanc de colline », a expliqué un responsable du CIO lors d’une conférence de presse.
Ils se sont ensuite heurtés à quelque 200 militaires et agents de la sécurité présidentielle, qui formaient un mur humain en se tenant par les bras.
Les enquêteurs ont fini par repartir vers 13h30 (04h30 GMT), les mains vides, sous les objectifs des caméras et des centaines de manifestants pro-Yoon rassemblés à l’extérieur.
«Altercations»
“Il y a eu des altercations physiques mineures et majeures” entre les deux camps, a-t-il poursuivi, précisant qu’aucun membre de son équipe n’avait vu Yoon Suk Yeol lors du raid.
“Forcer le passage n’était pas réaliste”, a-t-il ajouté, citant de “sérieuses craintes en matière de sécurité”.
Les services de sécurité présidentielle avaient déjà empêché ces derniers jours plusieurs perquisitions des enquêteurs au domicile du président déchu, qui avait refusé de répondre à plusieurs convocations des enquêteurs.
Corée du Sud : la justice émet un mandat d’arrêt contre le président déchu Yoon
Le CIO a jusqu’au 6 janvier pour exécuter le mandat d’arrêt contre Yoon Suk Yeol, émis mardi par un tribunal de Séoul pour interrogatoire.
Après son échec, il a fait appel au président par intérim Choi Sang-mok, exigeant son soutien au mandat d’arrêt.
Une arrestation de Yoon Suk Yeol, qui reste officiellement chef de l’Etat et n’est suspendu que dans l’attente de confirmation par la Cour constitutionnelle de sa destitution votée par les députés, serait sans précédent dans l’histoire de la Corée du Sud.
Évangélistes et YouTubeurs
Les avocats de M. Yoon ont fait valoir que la police n’avait pas le droit d’intervenir dans la résidence présidentielle, classée « installation secrète de défense ».
“Nous exprimons nos profonds regrets face à l’exécution illégale et invalide des mandats d’arrêt et de perquisition”, a déclaré l’un des avocats, Yoon Kab-keun.
Des centaines de partisans de M. Yoon, dont des YouTubeurs d’extrême droite bien connus et des prédicateurs chrétiens évangéliques, se sont rassemblés près de la résidence présidentielle depuis jeudi soir.
« Yoon Suk Yeol ! Yoon Suk Yeol ! », ont-ils scandé en agitant des bâtons lumineux rouges, sous la surveillance de la police.
“Nous sommes réunis ici aujourd’hui, prêts à risquer nos vies”, a déclaré à l’AFP Lee Hye-sook, 57 ans, accusant l’opposition de vouloir “transformer notre pays en un Etat socialiste semblable à la Corée du Nord”. .
“Lamentable”
Yoon Suk Yeol a stupéfié la Corée du Sud dans la nuit du 3 au 4 décembre en imposant la loi martiale et en envoyant l’armée au Parlement pour tenter de le museler, un épisode qui a rappelé au pays les heures sombres de la dictature militaire.
Il a été contraint de faire marche arrière quelques heures plus tard après que des députés ont réussi à entrer au Parlement et à adopter une motion exigeant la levée de la loi martiale alors que des milliers de manifestants se rassemblaient à l’extérieur.
L’ancien procureur vedette de 64 ans n’a montré aucun regret depuis sa destitution par le Parlement le 14 décembre, promettant même dans une lettre à ses partisans de « se battre jusqu’au bout ».
La quatrième économie d’Asie a depuis eu son troisième dirigeant, les fonctions présidentielles incombant désormais au ministre des Finances Choi Sang-mok, et est désormais confrontée au risque de violences entre forces de sécurité.
C’est dans ce contexte que le secrétaire d’État américain Antony Blinken devrait rendre visite lundi à cet allié crucial de Washington dans la région.
Il s’agira notamment, selon Séoul, de la Corée du Nord, jusqu’ici avare de commentaires sur la crise politique chez son ennemi du Sud mais qui a décrit vendredi à travers ses médias officiels une situation de « crise sociale et politique ». chaos » à Séoul.
« Le président est égal à tous devant la loi. Le fait qu’il n’ait pas respecté un mandat légalement émis par un tribunal est vraiment lamentable”, a déclaré Lee Jong-soo, professeur de droit à l’université Yonsei.