Jeudi 2 décembre, le gouvernement de transition a tenté de se défendre sur les réseaux sociaux en minimisant les changements annoncés dans les programmes scolaires. La veille, l’annonce de ces changements avait suscité de vives réactions.
« Les programmes de toutes les écoles syriennes resteront tels quels jusqu’à ce que des commissions spécialisées soient formées pour les réviser » » a défendu le ministre syrien de l’Éducation du gouvernement de transition, Nazir Al-Qadri, ce jeudi 2 janvier dans un communiqué publié sur Telegram. Un message qui se veut rassurant et qui prend du recul par rapport à une annonce qui avait du mal à passer la veille.
Une publication Facebook du ministère a suscité de nombreuses réactions, cumulant plus de 14 000 commentaires. On y voit plusieurs documents rapportant « modifications » programmes d’études « de la première année du primaire à la troisième année du secondaire ». Les changements qui incluent l’interprétation d’un verset coranique relatif à “ceux qui ont provoqué la colère” de Dieu et “les perdus” comme faisant référence aux juifs et aux chrétiens. La phrase nationaliste « sacrifiez votre vie pour défendre votre patrie » est en outre remplacée par l’expression « sacrifier sa vie pour la cause de Dieu ». Sont également annoncés « modifications » des coupes drastiques dans les programmes d’enseignement de l’histoire, de la philosophie et de l’éducation religieuse ainsi que la suppression des poèmes sur les femmes et l’amour. Et ça “au nom de l’intérêt général”.
Des changements qui inquiètent
Les militants n’ont pas tardé à dénoncer ces changements, qu’ils considèrent fondés sur « idéologies extrémistes ». CNN Arabic rapporte que nombreux sont ceux qui considèrent la suppression de la théorie de l’évolution des manuels scientifiques comme un grand pas en arrière. Le militant et journaliste yézidi kurde Shiyar Khaleal estime sur Facebook que « Une éducation fondée sur des idéologies extrémistes peut façonner des individus dont les idées menacent la sécurité régionale et internationale. » Il ajoute que « Modifier le programme scolaire sous la supervision de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ne constitue pas seulement un danger éducatif, mais une menace à long terme pour le tissu social et l’avenir de la Syrie. »
Le ministère de l’Éducation a d’abord justifié ces changements en supprimant la propagande du parti Baas, au pouvoir sous Bachar al-Assad. Mais le gouvernement de transition syrien, qui se sait scruté de près par la communauté internationale, a cherché à plusieurs reprises à rassurer les minorités sur le fait qu’elles ne seraient pas victimes de violences. “Nous avons seulement ordonné le retrait des éléments glorifiant le régime déchu d’Assad, et nous avons adopté des images du drapeau de la révolution syrienne au lieu du drapeau du régime”, » a ajouté Nazir Al-Qadri dans sa déclaration sur Telegram. Dans un entretien accordé à Reuters à la mi-décembre, le ministre syrien de l’Éducation affirmait que les religions chrétienne et musulmane continueraient d’être enseignées, que les écoles primaires resteraient mixtes tandis que l’enseignement secondaire resterait largement ségrégué, comme par le passé. d’Assad.
