Les PDG des plus grandes entreprises ont déjà touché le salaire moyen jeudi

Les PDG des plus grandes entreprises ont déjà touché le salaire moyen jeudi
Les PDG des plus grandes entreprises ont déjà touché le salaire moyen jeudi

À peine en 2025, les patrons des plus grandes entreprises québécoises gagnaient déjà l’équivalent du salaire annuel moyen au Québec, selon une analyse de l’Observatoire québécois des inégalités (OQI).

Frédéric Lacroix-Couture

La Presse Canadienne

Jeudi, à 11 h 05, 21 PDG d’une entreprise dont le siège social est situé au Québec avaient empoché 60 007 $ en 10,1 heures.

L’Observatoire suggère que d’ici la fin 2025, ces hauts cadres auront chacun reçu en moyenne une rémunération de plus de 12,4 millions, soit 206 fois plus que le salaire annuel moyen des travailleurs québécois.

«Ce sont des multiples complètement ahurissants et qui rappellent à quel point les inégalités économiques sont exacerbées même au Québec», commente Geoffroy Boucher, économiste à l’OQI, en entrevue.

C’est la deuxième année que l’organisation mène un tel exercice sur la rémunération des hauts dirigeants d’entreprises le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA). Il réalise une telle compilation depuis plusieurs années maintenant.

Leur analyse porte sur les 100 PDG les mieux payés au Canada parmi les sociétés cotées à la Bourse de Toronto dans le cadre de l’indice composé S&P/TSX.

Il prend en compte non seulement les salaires, mais également différentes formes de bonus, tels que les bonus en espèces et les stock-options, qui sont divulgués dans les documents destinés aux actionnaires.

L’an dernier, les PDG québécois gagnaient l’équivalent du salaire annuel moyen vers 10h15 comparativement à 11h05 cette année, ce qui représente «une très légère amélioration de la situation», estime M. Boucher.

« Étant donné qu’on a encore affaire à des chiffres assez importants, lorsqu’il y a une petite augmentation du salaire annuel moyen, disons que cela a un gros impact sur le multiplicateur. Il y a eu une augmentation de 57 000 $ à 60 000 $ du salaire annuel moyen au Québec dans le contexte de la crise inflationniste », souligne-t-il.

Les résultats présentés par l’OQI et le CCPA sont critiqués par l’Institut économique de Montréal (IEDM). Ce dernier estime que les deux organisations offrent « une perspective erronée en raison d’une utilisation sélective des données ».

L’IEDM soutient que selon les données d’Industrie Canada, la rémunération des PDG des 100 plus grandes entreprises du pays représente un échantillon non probabiliste de 0,008 % des entreprises canadiennes.

« Les PDG de ces entreprises ont tendance à employer une main-d’œuvre parmi les mieux payées du pays, tout en étant également parmi les plus productives. Il s’agit notamment d’employés d’entreprises de télécommunications, de grandes banques ou du secteur des ressources naturelles, tous des secteurs connus pour leurs salaires plutôt élevés», précise le vice-président aux communications de l’IEDM, Renaud Brossard. , dans un communiqué.

L’IEDM estime qu’il aurait été plus pertinent de comparer le revenu moyen des travailleurs à temps plein avec celui des cadres supérieurs à temps plein. Selon les données de Statistique Canada, l’organisme affirme que le salaire moyen d’un cadre supérieur serait environ 2,7 fois plus élevé que celui d’un travailleur à temps plein.

Plus-value

Selon M. Boucher, les données de l’OQI et du CCPA révèlent que « les ressources sont réparties de manière très inégale au sein de la société » au Québec, même si cette dernière est moins inégale que d’autres États.

Ce n’est pas grave si leurs actionnaires décident de les payer autant, mais on peut se demander si le travail que ces gens font vaut vraiment autant d’argent, étant donné qu’en fin de compte, nous augmentons globalement les inégalités économiques. de la population.

Geoffroy Boucher, économiste à l’Observatoire québécois des inégalités

Les inégalités exacerbées « peuvent réduire notre capacité collective à relever les défis du 21e siècle »e siècle », comme la crise climatique ou la crise du logement, indique l’économiste, citant notamment le Laboratoire sur les inégalités mondiales à ce sujet.

Aux yeux de l’OQI, une meilleure redistribution des richesses passe notamment par l’augmentation du taux d’inclusion des plus-values. Lors de son dernier budget, le gouvernement Trudeau avait annoncé que cette taxe passerait de 50 à 66,7 % pour la tranche dépassant 250 000 $ par année. Cette mesure est en vigueur depuis le 25 juin 2024.

L’Observatoire estime que cette décision pourrait rapporter gros aux coffres du gouvernement, si l’on considère que les 21 PDG d’entreprises québécoises analysées détiennent des actions d’une valeur de 11,8 milliards de dollars.

Si ces patrons vendaient ces actions, cela pourrait entraîner 250 millions d’impôts à payer, avec l’hypothèse que 25% de la valeur des actions détenues par ces PDG représentent des plus-values, avance l’Observatoire.

« Ce que nous pensons, c’est qu’il faut s’intéresser davantage à ce qui se passe en termes de patrimoine, à toutes les richesses qui s’accumulent au fil du temps. C’est là que les inégalités sont les plus exacerbées. Contrairement aux revenus, pour lesquels nos politiques fiscales sont assez dynamiques en matière de redistribution, ce n’est pas vraiment le cas pour la richesse. En fait, la richesse est très peu imposée», soutient M. Boucher.

Il rappelle que les 10 % des plus aisés au Québec captent la moitié de la richesse, contre 3 % pour 40 % des plus pauvres.

Une seule femme

Par ailleurs, l’OQI souligne qu’une seule femme se hisse au classement des 21 PDG d’entreprises québécoises analysées.

L’Observatoire mentionne que ce constat concorde avec son rapport publié en novembre dernier, affirmant que moins de femmes étaient parmi les mieux loties que les hommes au Québec et au Canada.

Basé sur des données fiscales, il révèle que les femmes sont 64,6 % moins susceptibles que les hommes de faire partie du groupe les plus aisés au Québec.

 
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