Ne pas boire d’alcool pendant un mois, surtout après le faste des fêtes de fin d’année, est une résolution adoptée par de plus en plus de Suisses. Cependant, la pression sociale à consommer de l’alcool est toujours très présente.
Dry January, ou janvier sobre, est un concept venu du Royaume-Uni qui consiste à ne pas boire d’alcool pendant un mois. Il existe en Suisse romande depuis 2021, en partenariat avec le Groupe romand d’études sur les addictions (GREA) et la Croix Bleue.
«En Suisse, une personne sur huit tente l’expérience chaque année. On observe un soutien régulier sur les réseaux sociaux et l’application TryDry, qui accompagne ce challenge”, explique Célestine Perissinotto, chef de projet au GREA de janvier sec pour la Suisse romande, dans l’émission On en parle le 2 janvier 2025. ” C’est vrai qu’on aime boire et manger pendant les vacances. C’est dans ce cadre que s’inscrit Dry January. Le lendemain d’un repas copieux, on est plus enclin à faire une pause dans l’alcool.
Des adeptes majoritairement citadins
«Le profil des participants est assez varié, mais ils viennent principalement de grandes villes suisses comme Genève, Lausanne, Zurich et Bâle. Leur profil est aussi socialement favorisé », poursuit Célestine Perissinotto, qui précise que le même phénomène est observé chez nos voisins français. « Le grand défi est donc d’atteindre des personnes de tous horizons. »
La pression sociale toujours très présente
Réunions en famille ou entre amis, occasions festives, autant de situations durant lesquelles l’alcool sera de la partie. Comment oser dire non ? « La pression sociale est indéniable », répond Célestine Perissinotto. « Le tout est souvent de se préparer aux yeux des autres, de se rendre compte que la non-consommation est encore aujourd’hui taboue. Et puis utiliser l’humour et « l’autodérision ».
En 2023, une étude réalisée auprès des jeunes de Suisse romande montrait à quel point il existait encore un facteur d’exclusion chez les personnes ne souhaitant pas consommer d’alcool. «Nous donnons l’impression d’être un casse-humeur», explique le spécialiste. Mais pas seulement : « D’autres stigmates sont associés au fait de ne pas boire d’alcool, comme la maladie ou des éléments religieux. »
Des bénéfices déjà ressentis au bout d’un mois
« Dans notre étude, 70 % des personnes interrogées ont déclaré avoir une meilleure énergie après un mois de sobriété. Le sommeil s’est également amélioré. Une semaine peut suffire pour ressentir les premiers effets, tant sur la santé physique que mentale », précise Célestine Perissinotto.
« La participation est plus réussie lorsque vous faites Dry January avec vos proches. Mais vous pouvez aussi le faire seul et suivre l’événement sur les réseaux sociaux, ou encore vous abonner à notre newsletter. Nous y partageons de nombreux conseils. Et puis il y a aussi l’application TryDry, qui est comme un journal de bord qui suit vos progrès quotidiens.
Inclure le secteur de la restauration
Comment impliquer les bars et restaurateurs dans le mouvement Dry January ? «C’est un grand défi. Lorsque nous avons lancé Dry January en 2021, le secteur de la restauration était prudent. Cependant, la situation évolue très rapidement, puisque la demande de boissons non alcoolisées augmente fortement. Il y a donc aussi une confiance croissante qui se dessine dans ce secteur », conclut Célestine Perissinotto.
Sujet radio : Jérôme Zimmermann et Philippe Girard
Adaptation web : Myriam Semaani