La fin du transit du gaz russe via l’Ukraine secoue l’Europe de l’Est. Entre pénurie énergétique et tensions diplomatiques, la région retient son souffle. Quelles seront les conséquences de cette décision aux enjeux géopolitiques majeurs ? Décryptage.
Fin 2022, un vent d’inquiétude souffle sur l’Europe de l’Est. La raison ? L’annonce par l’Ukraine de la fin du transit du gaz russe à travers son territoire, marquant l’expiration d’un contrat crucial entre Naftogaz et Gazprom. Une décision lourde de conséquences pour les pays encore fortement dépendants des approvisionnements énergétiques de Moscou, malgré le conflit en cours.
Un choc pour la Moldavie et la Slovaquie
C’est dans Moldavie que l’onde de choc est la plus violente. Cette ancienne république soviétique, l’une des plus pauvres d’Europe, a déclaréétat d’urgence face à l’échec des négociations avec Gazprom. Dans la capitale Chisinau, l’heure est à la des mesures drastiques pour réduire la consommation d’électricité et appelle à l’aide de la Roumanie voisine. Les habitants, paniqués, se préparent au pire en achetant des bougies et des générateurs.
Le Slovaquieelle crie au scandale. Son leader Robert Fico, proche du Kremlin, dénonce une décision « totalement irrationnelle » de Kiev et menace représaillescomme la coupure de l’approvisionnement en électricité de l’Ukraine. Une escalade diplomatique qui illustre la tensions autour de cette question stratégique.
L’UE se veut rassurante
Face à cette situation explosive, l’Union européenne affiche sa sérénité. Bruxelles assure être « préparée » à l’arrêt du flux de gaz transitant par l’Ukraine, qui ne représente désormais que 5 % des importations totales de l’UE. La Commission cite infrastructure performante de transporter du gaz non russe par d’autres routes.
Le flux doit être stoppé le 1er janvier et l’UE s’y prépare.
Commission européenne
Le spectre du « chantage énergétique » russe
Derrière ces tensions, plane l’ombre de La Russie et sa stratégie d’influence dans la région. Pour de nombreux experts, le Kremlin use une fois de plus du « chantage énergétique » pour déstabiliser et semer la discorde, dans l’espoir d’influencer le soutien à l’Ukraine.
En Moldavie, la présidente pro-européenne Maia Sandu accuse Moscou de vouloir « affaiblir la trajectoire européenne » du pays. Les autorités séparatistes de Transnistrie, soutenues par la Russie, refusent l’aide humanitaire proposée par Chisinau.
Vers une redéfinition des bilans énergétiques ?
Au-delà de la crise immédiate, cette décision de Kyiv pourrait bien accélérer la reconfiguration du paysage énergétique européen. Avec sa volonté affichée d’assécher les revenus gaziers russes, l’Ukraine bouleverse des équilibres établis de longue date et pousse ses voisins à repenser en urgence leur mix énergétique.
- Diversification des sources d’approvisionnement
- Développement des énergies renouvelables
- Renforcer les interconnexions régionales
Autant de pistes essentielles pour sortir de la dépendance au gaz russe et construire la souveraineté énergétique européenne. Un défi majeur, avec des enjeux géopolitiques et économiques majeurs, qui seront scrutés de près dans les mois à venir. Le jeu d’échecs énergétique est lancé en Europe de l’Est, et ses répercussions pourraient bien se faire sentir bien au-delà de la région.