Depuis plus de deux ans, les pécheurs de la commune de Thionk-Essyl (Casamance/Sud) et leurs familles subissent le martyre. Pour cause, le Conseil Local de la Pêche Artisanale (CLPA), de Blouf basé à Thiobong, leur a interdit d’exercer leurs activités et a confisqué leur matériel de pêche, notamment les filets.
Une situation qui a fini par provoquer calvaire et désarroi dans la commune située à 71 km au nord-ouest de Ziguinchor, ainsi que dans les villages alentours.
Impuissants face à ce qu’ils considèrent comme une injustice, les villageois de Thionk Essyl, à travers Mamadou « la Hyène » Badji, ont décidé de prendre la parole pour dénoncer la situation difficile à laquelle est confronté tout un village.
« Il existe une entité appelée CLPA basée dans le village de Thiobong qui nous interdit d’exercer notre métier qui est la pêche. Il interdit même les engins de pêche que le code de la pêche a autorisés. Exemple la scène de plage qui est autorisée par le code de la pêche avec le maillage de 25 mm ainsi que la pêche avec des appâts non toxiques, la pêche à l’ethmalose est autorisée avec le maillage de 32 mm, mais le CLPA nous impose d’utiliser des mailles de 36 mm”, a-t-il confié. dans un entretien avec la rédaction de Pressafrik.
Les pêcheurs dénoncent « les réquisitions répétitives et arbitraires de leurs matériels de pêche, y compris ceux utilisés pour la technique traditionnelle. Rappelant que la technique de pêche dite de barrage est pratiquée depuis des générations dans leurs communautés et ne peut avoir d’effets destructeurs sur l’écosystème. Cette méthode ancienne et locale permet la capture sélective d’espèces, notamment de tilapia, tout en assurant la régénération naturelle des stocks. Cette technique ancestrale, utilisée le plus souvent par les femmes, a toujours été au cœur de nos pratiques de pêche artisanale », a expliqué M. Badji.
La pêche étant une activité culturelle et l’une des principales sources de revenus de ces populations, les habitants de Blouf, et de Thionck Essyl en particulier, souffrent énormément. Car selon notre interlocuteur, « 90 % des pêcheurs de Thionck Essyl sont au chômage à cause du CLPA ».
La décision unilatérale adoptée par le CLPA de Thiobong risque d’avoir de lourdes conséquences, car plus de la moitié, voire la totalité du village dépend uniquement de la pêche artisanale pour sa survie.
Et le problème dans tout cela, c’est que ce sont désormais des pêcheurs étrangers qui exploitent les eaux de ces villages et qui les approvisionnent en poisson pour leur consommation, ce que les populations, notamment les pêcheurs, les pères de famille ne peuvent pas digérer.
« Ce sont des étrangers qui pratiquent même des pratiques interdites comme le « saïma » qui exploitent nos eaux et nous vendent leur poisson à des prix exorbitants. L’article 24 du décret de pêche nous autorise à pratiquer la senne de plage au maillage de 25 mm et l’article 25 du même décret l’interdit dans une zone précise, du Cap Manuel jusqu’à la frontière nord sénégalo-gambienne. plus précisément Kaolack. Et ça fait 2 ans qu’on n’arrive même plus à faire notre travail d’indigène qui dit convention veut dire consensus, mais Thionck Essyl se sent vraiment lésé du côté de la pêche qui est dure et inacceptable”, critique Mamadou “la Hyène”. Badji porte-parole du jour.
Le constat est amer, ces pêcheurs de la Commune de Thionk Essyl attirent l’attention des autorités sur une solution définitive et « si aucune mesure n’est prise, la situation risque de s’aggraver ».
Les habitants de Thionk Essyl demandent au gouvernement sénégalais et tendent la main au Premier ministre, Ousmane Sonko, de résoudre cette équation.