Festivités du Nouvel An | Un cri dans la nuit

L’année 2024 de l’artiste électronique CRi a été la meilleure année de sa carrière, puisqu’il a parcouru le monde avec sa musique. La presse lui a parlé de ses récentes réalisations, quelques temps avant une finale digne de son année : un grand spectacle le soir du Nouvel An, au Vieux-Port de Montréal.

Avec des dizaines de concerts sur presque tous les continents, la sortie de votre EP, de grosses performances à Montréal, notamment à Osheaga… On peut dire que vous avez eu une année 2024 bien remplie. Peut-on aussi dire que ce fut la meilleure de votre carrière ?

CRi (Christophe Dubé) : Sans aucun doute. Cela a été une année énorme, la plus chargée de ma vie. Je suis capable de me dire « mission accomplie », mais seulement si je porte un regard extérieur et c’est la rationalité qui parle. Je me retrouve à la fin de cette année, je suis extrêmement heureux et fier, mais je me suis dit que j’allais avoir un grand sentiment d’accomplissement et me sentir épanoui, et je ne ressens pas ça.

Alors je me rends compte que cet élan, cette soif de se dépasser, finalement, n’a pas de limite. […] Je pense que le recul, la nostalgie et la mélancolie finiront par prendre le dessus et là, je pourrai me rendre compte de tout ce qui s’est passé.

Avec tous ces voyages, ces spectacles, avec la vie de famille aussi, étant donné que vous êtes désormais père, où se situait la création cette année-là ?

Quand je regarde mon disque dur, j’ai réussi à faire de la musique. J’ai sorti un EP. Mais ma création est liée au lieu où je me trouve, au matériel auquel j’ai accès. Je travaille beaucoup avec des synthétiseurs analogiques. Sur la route, il est rare de trouver des hôtels qui proposent cela ! [rires] Quand je suis allé faire des concerts en Inde et en Australie, j’ai volé 60 heures, je me suis dit que j’allais en profiter pour faire de la musique. Disons que j’écoutais davantage de films.

Mon rêve serait d’être créatif et de tourner en même temps, mais il faut être gentil avec soi-même. J’admire ceux qui le font, mais j’ai besoin d’un moment dédié à quelque chose d’authentique, avec une démarche derrière.

Extrait de Sombre dans cette pièce

Et si on était papa ? Quel rôle cela a-t-il joué d’avoir un enfant d’un an maintenant, à une époque où il se passe tant de choses du côté professionnel ?

Cela se produit très naturellement. J’ai 34 ans et je ne me souviens pas de Christophe qui n’est pas père. Je n’ai aucune idée de comment je vivais avant. Je suis tellement dévoué à cela à tous points de vue. Même en tournée, il y a une partie du show que je fais pour mon homme. Je travaille, je collecte de l’argent pour qu’on puisse partir en voyage en famille.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

L’artiste CRi

Quand je ne suis pas là, c’est à ça que je pense et quand je suis là, mes journées s’articulent autour de son emploi du temps. Quand il y a des trous, j’en profite pour travailler, c’est très bien fait. Ma copine est aussi très présente, très forte, et j’ai une belle-famille pas loin, on a un petit comité très présent.

Si on revient à cette grande tournée 2024 et, de manière générale, aux performances que vous donnez depuis des années partout dans le monde, sentez-vous, dans ces moments-là, que vous représentez le Québec ? Est-ce quelque chose qui vous hante ?

Même si je voulais cacher mon identité québécoise, je ne le pourrais pas ! J’ai un accent français dans mon anglais et quand on me demande si je viens de , je dis que je viens du Québec. C’est inévitable. Dans ma musique, la seule collaboration qui n’est pas avec des artistes québécois, c’est Everyone You Know, qui sont anglais.

Toutes mes autres voix sont québécoises. L’identité même de mon projet est québécoise. Je ressens absolument l’importance de représenter le Québec, même si j’ai l’impression que l’industrie québécoise ne comprend pas bien mon travail et l’impact qu’il a.

Comment expliquez-vous cet écart entre la perception de vous à l’étranger et celle au Québec ?

Je ne vois pas cet écart comme un spectacle. Les spectacles que je fais ici ont la même ampleur, ils sont parfois même plus grands. Mais l’écart est surtout dans la place que l’on donne, très marginale dans l’univers mainstream, dans l’esprit des gens.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE ARCHIVES

CRi sur la scène Osheaga, en août dernier

Ce serait cool qu’on s’organise pour que les gens qui aiment les artistes québécois comprennent ce que font les artistes comme moi. Pourtant, les événements de musique électronique à Montréal sont énormes. Mais c’est un type de gens qui y vont et les autres ne savent pas vraiment que ça existe.

Extrait de Visages (avec Jesse Mac Cormack)

Votre année se termine en beauté avec un grand spectacle du Nouvel An au Vieux-Port. Que pouvez-vous me dire sur ce que vous allez présenter ?

Ce sera de la musique live, uniquement des compositions originales de CRi, avec des invités. Quand je joue en live, d’habitude c’est un peu moins dansant, c’est une proposition artistique émotionnelle et introspective, mais cette fois je vais adopter une approche très festive, compte tenu du contexte.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE ARCHIVES

CRi et Jesse Mac Cormack en prestation au Festival international de jazz de Montréal, en 2022

Mes invités seront Jesse Mac Cormack, Klô Pelgag et Louis-Jean Cormier. Il m’a invité au spectacle Karkwa sur les Plaines au FEQ, nous avions une super complicité, alors j’ai tout de suite pensé à lui lorsqu’on m’a contacté pour ce projet du Nouvel An. [La firme montréalaise de divertissement multimédia] Moment Factory est derrière toute la mise en scène et les visuels, ça va être vraiment sensationnel, ils ont tout mis en œuvre.

Visuellement, c’est la première fois que je fais un spectacle de cette ampleur. Il y aura des effets visuels sur le pont et sur la biosphère, il y aura des feux d’artifice. Sans vouloir exagérer, pour moi ce sera une grosse opération et j’espère que les gens l’apprécieront.

Après cette folle année 2024, que prévoyez-vous pour 2025 ?

La vie à la maison est sur le point de commencer ! [rires] Ma plus grande crainte est que l’évolution constante finisse par atteindre un plateau et qu’elle se dégrade. Et je pense que si tu es toujours là, tu crées de la fatigue, un essoufflement. J’essaie de me dire que j’y suis allé beaucoup, que j’ai créé de l’attention, de bons moments pour les gens, et maintenant il est temps de disparaître. Mais cela s’accompagne aussi d’un peu d’anxiété : vas-tu m’oublier ?

Je ne pense pas. Je pense qu’il est important de se retirer pour mieux revenir. C’est mon approche, j’espère que cela fonctionnera. […] Je retourne au studio. Je dis non aux spectacles, ça fait vraiment peur. En fin de compte, j’ai ce sentiment d’avoir accompli quelque chose, mais aussi une anxiété quant à la suite. Deux émotions fortes que j’essaie de canaliser dans la création.

Visitez la page de l’événement Igloo du Nouvel An dans le Vieux-Port

 
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