l’essentiel
Plus de quatre mois après la médaille d’or remportée par l’équipe de France lors de l’épreuve par équipes mixtes aux Jeux olympiques de Paris (3 août), Joan-Benjamin Gaba raconte l’incroyable journée dont il a été l’un des héros mais aussi, le rôle prépondérant joué par le leader des Tricolores.
Au Panthéon des plus belles breloques remportées par les Bleus lors des Jeux olympiques de Paris 2024, la médaille d’or remportée par l’équipe de France de judo occupe une place à part. Joan-Benjamin Gaba, acteur majeur de la finale remportée contre le Japon, est revenu sur cette victoire mythique dans une interview pour L’équipe.
Le natif des Yvelines commence par expliquer la motivation que lui a donnée, la veille de l’épreuve, son coéquipier et légende du judo français Teddy Riner : « Nous étions dans la chambre, tranquillement posés avec Maxime (Ngayap-Hambou). Mon téléphone sonne et je vois « Teddy » sur l’écran […] Il m’a dit : « Les gars, je ne vous ai pas vu depuis vos médailles, bravo à vous ! Mais demain, ce sera la guerre et nous devrons nous battre ensemble pour remporter le titre.
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Il poursuit : « Nous étions calmes, nous nous préparions à dormir. Je ne peux pas vous dire dans quel état cela nous a mis ! Teddy était tellement gonflé à bloc… Il nous a envoyé toutes ses forces, il nous a galvanisés. On était à la limite, on voulait se battre tout de suite », poursuit-il. Et il faut croire que cet élan de motivation a fait la différence, puisque dès le lendemain, Joan-Benjamin Gaba réalisait le plus grand exploit de sa jeune carrière.
“Je n’ai jamais douté”
En finale, alors que la France était au bord de la défaite, menée 3-1, c’est lui qui avait la lourde responsabilité d’aller se battre. En face, se tient le double champion olympique et quadruple champion du monde des – 66 kg, la catégorie en dessous de la sienne, Hifumi Abe. « Quand je monte sur le tapis, je sais ce qui est en jeu, je sais que nous sommes en mauvaise position et que si je perds, c’est fini. Mais avant, cela ne rajoutait aucune pression. « Il n’y avait que deux combattants qui s’affrontaient », dit-il.
Mais le Français est logiquement en difficulté face à cet adversaire invaincu depuis cinq ans en compétition. “ Il mène, c’est très dur, très intense, son rythme d’attaques est supérieur au mien. Je souffre vraiment, je résiste et j’attends tout copain pour tirer la troisième pénalité. Mais je ne sais pas pourquoi, je n’ai jamais douté.
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Alors quand Abe demande une pause médicale pour un saignement de nez, Gaba se rend compte qu’il a une opportunité : « Là, il fait preuve de faiblesse, je sais qu’il est mal en point, j’ai la lucidité de le comprendre. En plus, quand il part, je me retrouve seule au milieu du tapis et je profite de toute l’énergie du public qui m’encourage.
Il poursuit : « Jusque-là, j’étais tellement concentré que je n’avais pas forcément conscience de ce qui se passait, des enjeux, de l’énergie qu’on m’envoyait… Mais à ce moment-là, tout seul au milieu, c’est comme si un réveil. Je regarde le banc, je vois mon coach, je vois Maxime, je vois Teddy me crier : “Sois un homme bien !” Abe revient, je ne suis plus le même, je suis encore pire. À partir de là, je ne peux plus perdre. »
Quelques instants plus tard, le Français exécute un ippon sur kata-guruma, une technique qu’il avait apprise seulement trois semaines plus tôt. « Comme je suis assez curieux, j’ai essayé, mais j’ai toujours raté, je l’ai très mal fait. Là, je l’ai senti et c’est passé.
Sa victoire a été le point de départ de l’incroyable remontée de l’équipe de France, qui s’est finalement imposée 4-3 après la victoire de Teddy Riner (encore lui) au point décisif. « Durant tout son combat, qui a été long et tendu, je n’ai jamais douté, jamais. Je me suis juste assis et j’ai attendu qu’il gagne, cela ne servait à rien de l’encourager », explique Gaba.
Une phrase qui montre toute la confiance que les judokas français accordent à Teddy Riner. Quand on revoit le scénario quelques mois plus tard, on se dit qu’avec une légende comme chef de meute, Joan-Benjamin Gaba et l’équipe de France ne pouvaient tout simplement pas perdre cette finale olympique devant leur public.