« Il faut toujours tenter sa chance »

« Il faut toujours tenter sa chance »
« Il faut toujours tenter sa chance »

Pourquoi, après avoir quitté l’ENA, avez-vous choisi le Quai d’Orsay, le ministère des Affaires étrangères ?

« Je me voyais mal entrer dans des administrations plus prestigieuses, où j’aurais passé ma vie à gravir tous les échelons d’office manager et à rester dans le même moule. Au Quai d’Orsay, ce qui m’a attiré, c’est la grande diversité et la géographie et les métiers : économie, stratégie, culture, consulaire, européen, environnement, biodiversité… Depuis 40 ans, on peut avoir des activités très variées. Cela m’a plu. Ce n’est plus comme ça aujourd’hui, mais après avoir quitté l’ENA, je suis très vite parti pour un poste en région parisienne. C’est étrange car, après un concours, l’idéal serait de rester au moins trois ans dans l’administration centrale pour bien la connaître et mieux la servir. Je suis allé en Argentine, je suis revenu, je suis reparti. »

Comment se sont passés ces premiers voyages ?

« J’avais fait deux voyages en Amérique latine. Je ne parlais pas espagnol. Si vous voyagez seul, vous vous lancez vite : c’est une question de survie ! En 1989, tout était difficile pour les Argentins, inflation à 200 %, pillages partout… Après ces séjours, je reviens à Paris comme chargé de mission auprès du directeur des affaires africaines. »

Vous avez ensuite rencontré un autre diplomate, que vous avez épousé ?

« J’ai rencontré Anne, une autre diplomate qui est entrée au Quai d’Orsay par un autre chemin. Nous nous sommes mariés. Deux diplomates : ce n’est pas trop compliqué en début de carrière. Ensuite, il faut entrer dans les grandes ambassades. Elle était spécialiste du monde russe et de l’Europe centrale. On lui a proposé Brasilia. Nous y sommes restés trois ans. J’ai eu un très bon professeur de portugais. Pour faire un travail intéressant, il faut parler la langue. Avec les ambassadeurs, nous sommes allés voir les paysans sans terre. »

Avez-vous effectué plusieurs missions d’ambassadeur en Amérique du Sud ?

« Avec ma femme, au Brésil, je m’occupais de la politique intérieure et elle de la politique extérieure. Ensuite, j’ai été consul général à São Paulo. Au Brésil, j’ai vécu l’arrivée de Lula. Avant d’être ambassadeur au Venezuela, j’étais directeur adjoint pour l’Amérique latine. Au Venezuela, la avait de gros intérêts économiques grâce au pétrole. Ensuite, j’ai découvert l’ambassade en Colombie. La France s’intéressait beaucoup à ce pays. Durant mon mandat, un Premier ministre, un Président de la République, un ministre des Affaires étrangères sont venus. J’avais les outils pour accompagner les entreprises françaises implantées en Amérique Latine. Les alliances françaises y sont très présentes. »

Qu’est-ce qui vous a frappé là ?

« L’un de mes meilleurs souvenirs est d’avoir créé un lycée français à Medellín, la deuxième ville du pays. Et il y a eu l’année France/Colombie avec des millions de visiteurs. Une influence positive sur nous ! »

Avez-vous terminé votre carrière en France, en Occitanie ?

« Trois ans avant ma retraite, un nouveau poste a été créé en région : conseiller diplomatique auprès du préfet de région. Il s’agit entre autres de voir comment les acteurs locaux (industrie, universités, culture) travaillent à l’international. Une fonction de compréhension intéressante. À Toulouse et en Occitanie, j’ai contribué au développement des Semaines Amérique latine et Caraïbes, organisées depuis 2014 par le ministère des Affaires étrangères, en mettant en place plus de 70 événements. »

Avez-vous établi des relations entre l’Amérique latine et le Brionnais ?

« Je me souviens de l’année du Brésil en France, en 2005. Tout Marcigny était à l’heure brésilienne ! Des restaurants, de l’harmonie, des artistes, des expositions, des drapeaux partout ! Puis en 2009, je suis venu avec l’ambassadeur du Venezuela au marché de Saint-Christophe-en-Brionnais : ils envisageaient d’y amener des vaches charolaises. On se souvient aussi de l’artiste vénézuélien Juvénal Ravelo qui a réalisé, en 2012, une fresque murale sur le mur du stade de Marcigny. »

Quelle leçon tirez-vous de votre parcours ?

« Il faut croire en soi. Il ne faut jamais dire que l’on n’est pas capable de faire ceci ou cela. Souvent, j’entends, à propos des concours, dire : oui, mais il y a 3 000 candidats… Je vais choisir quelque chose de plus facile ! Non, si on a de la motivation, il faut foncer, tenter sa chance, ne pas se dévaloriser. Si je m’étais fié aux statistiques, je n’avais qu’une chance sur 20 d’intégrer l’ENA, malgré les deux années de classe préparatoire ! Et aucune chance d’entrer sur le Quai d’Orsay. En revanche, quand on envisage une carrière internationale (diplomatie, grandes entreprises privées, institutions, ndlr), il faut en voir le caractère passionnant mais aussi en évaluer les contraintes, notamment avec une famille. »

Canada

 
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