Depuis lundi dernier, la France a enfin un gouvernement. Mais c’est désormais la « trêve des confiseurs ». Alors, que se passera-t-il à la rentrée scolaire ? François Bayrou va-t-il tenir le coup ? Et si oui, pour combien de temps ?
Après la « trêve des confiseurs », le premier conseil des ministres n’est prévu que vendredi 3 janvier. Pour une fois, le terme est trompeur car en réalité, pour les ministres, il n’y a pas de trêve. Dimanche 29 décembre, François Bayrou s’est envolé pour Mayotte avec cinq ministres dont Manuel Valls (Outre-mer) et Elisabeth Borne (Éducation). Quant à Eric Lombard, le ministre de l’Économie, et Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics, ils doivent préparer un budget en un temps record à partir de la copie laissée par Michel Barnier. D’ailleurs, Amélie de Montchalin commence, dès le lundi 30 décembre, à recevoir ses collègues pour discuter des arbitrages, ministère par ministère.
Gérald Darmanin, le nouveau garde des Sceaux, ouvrira le bal. Son prédécesseur avait vu son budget réduit de 500 millions d’euros, réduction finalement ramenée à 250 millions. Or, la loi de programmation de la justice négociée par Eric Dupond-Moretti prévoyait 10 000 embauches de magistrats et greffiers et surtout 15 000 places de prison d’ici 2027. Ce sera, au mieux, pour 2029, si Gérald Darmanin remporte ses arbitrages… Autrement dit, son idée de faire exécuter des phrases courtes, on peut déjà vous dire que ce n’est pas pour demain.
Le dernier conseil des ministres dirigé par Michel Barnier remonte au 11 décembre, soit il y a plus de trois semaines. Ce qui est pour le moins paradoxal au vu des urgences à gérer : une crise humanitaire sans précédent à Mayotte et donc une loi spéciale à présenter, un budget à préparer, des agriculteurs qui attendent depuis un an les mesures qui leur étaient promises. , la Nouvelle-Calédonie qui attend elle aussi son milliard d’euros depuis un an. Sans parler des Français et des chefs d’entreprise qui aimeraient savoir à quelle sauce fiscale on va leur servir… En attendant, le président de la République Emmanuel Macron, lors de ses vœux du 31 décembre, dira peut-être enfin ce qu’il pense. sur la situation. Et on imagine que François Bayrou fera également part à ses ministres et à sa coalition de la politique qu’il compte mener et des choix budgétaires qu’il compte faire. Pour le moment, c’est un gros brouillard…
Expliquez-nous par Laurent Neumann : Les 100 jours de François Bayrou – 27/12
Trois semaines de vacances pour les parlementaires
Et quand reprendront les travaux parlementaires ? Là encore, les Français jugeront : sénateurs et députés se sont accordés trois semaines de vacances. Les travaux reprendront lundi 13 janvier. François Bayrou prononcera son discours de politique générale mardi 14 janvier à 15 heures. Jour fatidique où il devra enfin sortir de l’ambiguïté. Dans la foulée, LFI déposera une motion de censure, sans doute soutenue par l’ensemble de la gauche si, entre Noël et Nouvel An, François Bayrou ne donne pas de bonnes raisons au PS de ne pas le censurer. Pourtant, si l’on en juge par la composition très à droite du gouvernement et la position inflexible du Premier ministre sur la réforme des retraites, les choses semblent aller mal. En revanche, Marine Le Pen a déjà affirmé que le RN ne voterait pas immédiatement la censure et attendrait d’en savoir plus sur le budget. Autrement dit, contrairement aux prédictions auto-réalisatrices de Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou devrait encore être à Matignon le 16 janvier au soir.
Mais pour combien de temps ? Alors que Michel Barnier a duré 99 jours, François Bayrou ira-t-il au-delà des 100 jours ? C’est là que ça devient délicat. On pensait que François Bayrou, contrairement à Michel Barnier, ne voulait plus dépendre du RN. Sauf qu’en défiant Xavier Bertrand en justice pour plaire à Marine Le Pen et en refusant de suspendre la réforme des retraites, il s’est aliéné les socialistes. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, à l’heure du budget, le RN risque une nouvelle fois de voter la censure avec l’ensemble de la gauche. A moins qu’entre-temps François Bayrou ne décide de lire attentivement les cinq pages que les socialistes ont écrites et qui s’intitulent : « Pacte pour la non-censure ».
Sur ce document que RMC a pu lire, on trouve une longue liste de revendications : suspension et renégociation de la réforme des retraites, convocation d’une conférence sociale sur les salaires, renoncement aux 4 000 suppressions de postes dans l’Éducation nationale, renoncement au remboursement des médicaments, taxe pression sur les ménages les plus aisés et sur les grandes entreprises, renoncer au recours au 49-3, et surtout pas de nouvelle loi sur l’immigration… François Bayrou s’est donné jusqu’à la mi-février pour faire voter un budget. S’il ne parvient à convaincre ni le RN ni le PS, son gouvernement pourrait durer encore moins longtemps que celui de Michel Barnier. Et si tel était le cas, tous les projets de loi en attente – loi d’orientation agricole, fin de vie, lutte contre le trafic de drogue – seraient encore repoussés de plusieurs mois.