L’État n’est pas parti de zéro puisque douze ZFE ont déjà été créées : Paris, Lyon, Aix-Marseille-Provence, Nice, Toulouse, Montpellier, Strasbourg, Grenoble, Reims, Rouen, Saint-Étienne et Clermont-Ferrand. . Trente agglomérations, dont Bordeaux, vont à leur tour changer cette donne 1est Janvier 2025.
« Ni fait, ni à faire »
Mais entre la théorie et la pratique, il y a un fossé. Parce que les intentions initiales ont été soigneusement détricotées, voire vidées de leur sens à mesure que les oppositions montaient. Claudine Bichet, vice-présidente écologiste de Bordeaux Métropole, en charge du dossier, expliquait il y a quelques semaines : « C’est une ZFE pour rien. Il s’agit cependant de systèmes qui fonctionnent dans plusieurs pays européens s’il existe des moyens d’accompagnement importants. Nous avons assisté à de multiples reculs de l’État, il nous a abandonnés en rase campagne. C’est une loi d’affichage, sans volonté politique pour réellement agir sur le sujet. Ce n’est ni fait ni à faire. »
En déroulant le fil, dans ce cas, tout s’est mal passé très tôt. Par exemple, il a été décidé de laisser aux autorités locales le soin d’établir les périmètres et les critères. Si cela avait réussi, la France se serait retrouvée dans cette situation unique où effectuer un trajet entre Lille et Bordeaux aurait soumis l’usager à trois ou quatre réglementations différentes. Un beau puzzle qui ne verra cependant pas le jour.
Frontière
À Bordeaux Métropole, nous travaillons sur le dossier depuis plusieurs mois. L’année qui vient de s’écouler a été rythmée par des consultations et des concertations en zone urbaine et hors zone urbaine. Car c’est là l’un des écueils de cette zone à faibles émissions : elle dessine une frontière invisible entre la métropole bordelaise et sa périphérie. Une frontière révélée par le mouvement des gilets jaunes. D’où une utilisation abusive du sens de l’acronyme, devenant rapidement une « zone de haute exclusion ». En Gironde, le parc automobile le plus polluant se concentre dans le Médoc et la Haute Gironde. Car dans les scénarios envisagés, il était autrefois question d’interdire les véhicules à motorisation thermique classés Crit’air 3 (essences avant 2006 et diesels avant 2010) dans le périmètre du périphérique. Soit plus d’un tiers des véhicules en circulation en Gironde. C’est en effet à ce seuil que l’effet recherché sur la pollution atmosphérique aurait été atteint.
Exonérations
Mais face à une marmite sociale en ébullition, le gouvernement met les deux pieds sur le frein et fait marche arrière en juillet 2023. Les ZFE verront le jour avec une nuance importante : dans les communes classées « territoires de vigilance » (qui ne ne connaissant pas de dépassements fréquents des seuils de qualité de l’air), seuls les véhicules non classés (mis en circulation avant 1997) seront interdits à partir du 1est Janvier 2025. Ce qui est le cas de Bordeaux Métropole. Près de 11 000 véhicules sont concernés (8 400 voitures, 2 000 utilitaires légers professionnels) soit 3 % du parc automobile sur l’ensemble de la Gironde.
Autocollant, mode d’emploi
Obligatoire et à apposer sur le pare-brise, la vignette Crit’Air doit être commandée directement sur le site officiel du gouvernement, après avoir pris connaissance du classement du véhicule. Son prix est de 3,77€. Certificat-air.gouv.fr : c’est le seul moyen et la seule adresse pour récupérer la carte – attention aux fraudes et arnaques qui se multiplient.