Il est difficile d’imaginer avec quelle rigueur Dominique Pelicot, le principal accusé dans l’affaire Mazan, a procédé. Une enquête donne un aperçu de viols planifiés. Au centre de l’histoire se trouve un site de rencontre bien connu des utilisateurs.
Etes-vous pressé? blue News résume pour vous
- L’affaire Pelicot du village français de Mazan a fait le tour du monde.
- Gisèle Pelicot a été droguée puis violée au moins 200 fois par son mari et d’autres criminels présumés.
- La recherche montre la planification minutieuse de Dominique Pelicot et les discussions des auteurs.
- Un site de rencontre, sur lequel on pouvait parler de choses illégales sans aucun contrôle, a joué un rôle fondamental dans cette affaire.
- Le verdict dans l’affaire Pelicot est attendu aujourd’hui 19 décembre ou au plus tard demain 20 décembre.
Attention : ce texte contient des contenus inquiétants sur les violences sexuelles et la toxicomanie. Il ne convient pas aux lecteurs particulièrement sensibles.
Un crime aux proportions incroyables secoue la France : Dominique Pelicot, un homme de 72 ans originaire du village de Mazan, dans le sud de la France, a incité au moins 70 hommes au viol systématique de sa femme Gisèle Pelicot pendant une décennie.
Selon des informations exclusives obtenues par CNN dans des rapports de police, Gisèle Pelicot a été agressée plus de 200 fois, un crime minutieusement planifié par son mari.
Pelicot a utilisé des forums en ligne, dont la plateforme Coco.fr, pour recruter des hommes qui violeraient ensuite sa femme. Lors de discussions portant des noms tels que « À son insu », Pelicot a échangé des photos et des vidéos intimes de sa femme, à son insu, qu’il avait déjà droguée.
Si vous êtes ou avez été victime de violences sexuelles ou de cyberintimidation, vous pouvez trouver de l’aide ici :
Des pompiers aux journalistes en passant par les infirmiers, des hommes de tous âges et de tous horizons ont violé Gisèle Pelicot sur place. Le plus jeune accusé a désormais 27 ans, le plus âgé 74 ans.
Tous les hommes accusés à Avignon vivaient à moins de 50 kilomètres du domicile de Pelicot.
Un réseau d’abus
Les rapports de police montrent que les conversations ont été transférées vers Skype après un premier contact via Coco. L’ex-mari de la victime a ensuite eu les premières conversations via Skype, montrant également aux agresseurs des images en direct de sa femme inconsciente, puis a transféré la communication vers des messages texte et des plateformes privées.
L’homme de 72 ans a non seulement partagé des photos et des vidéos intimes de sa femme avec d’autres hommes, mais aussi des enregistrements d’elle lors des viols. Ces documents ont été spécifiquement utilisés par Pelicot pour encourager d’autres hommes à commettre des crimes similaires contre leurs partenaires.
En effet : les messages récupérés au cours des investigations montrent que de nombreux auteurs ont exprimé leur admiration pour Pélicot et déclaré vouloir faire de même avec leurs partenaires.
Un autre accusé du procès n’est pas accusé d’avoir violé Gisèle Pelicot, mais d’avoir drogué sa femme pour inciter Pelicot à la maltraiter elle aussi.
Le réseau a été découvert par une autre infraction pénale
Gisèle Pelicot a témoigné qu’elle ne savait rien des agissements de son mari. Ce n’est qu’après un certain - que la consommation de drogues et les abus sexuels non désirés ont laissé des traces sur son corps. Son mari de l’époque l’a accompagnée à plusieurs visites chez le médecin, au cours desquelles elle s’est plainte de pertes de mémoire et de douleurs pelviennes, selon des documents judiciaires.
Ce n’est qu’en 2020 que les autorités ont retrouvé Dominique Pelicot. Il a été arrêté dans un supermarché près de chez lui pour avoir filmé sous les jupes de clients, ce qu’on appelle « l’upskirting », pour lequel il a ensuite été condamné. Ce n’est qu’à ce moment-là que sa sombre toile de crimes a été révélée.
Pour ce premier délit, Pélicot a été condamné à huit mois de prison avec sursis. Au cours de l’enquête, la police a confisqué son disque dur, son ordinateur portable et ses téléphones et a trouvé des centaines de photos et de vidéos d’abus sexuels sur sa femme, avec laquelle il était marié depuis 50 ans.
Cela a mis en lumière l’un des crimes sexuels les plus dévastateurs de l’histoire judiciaire française.
Le consentement du mari aurait suffi
Gisèle Pelicot a renoncé à son anonymat et a affronté les accusés dans un procès ouvert aux médias et au public.
Alors que l’ex-mari et 14 autres accusés ont reconnu leur culpabilité, d’autres ont défendu les actes odieux devant le tribunal en arguant que le consentement du mari était suffisant pour commettre des actes sexuels sur sa femme inconsciente.
Pelicot lui-même a nié toute responsabilité et a souligné devant le tribunal : « Je suis un violeur, comme tout le monde dans cette salle. » Cette déclaration illustre l’ampleur du réseau orchestré par Pelicot.
Son avocate, Béatrice Zavarro, a rejeté les accusations selon lesquelles Pelicot aurait agi en tant que « chef d’orchestre » ayant manipulé d’autres auteurs.
Toutefois, les déclarations des coaccusés et la charge de la preuve parlent un langage différent.
Le gouvernement français annonce de nouvelles mesures contre les violences sexuelles
Le verdict est attendu aujourd’hui, 19 décembre, et le parquet a formulé des demandes claires : des peines de prison allant de quatre à vingt ans pour les personnes impliquées, Pélicot risquant la peine maximale.
Les prévenus, faut-il le rappeler, sont présumés innocents jusqu’au prononcé de la peine.
L’affaire a déclenché un débat national qui va bien au-delà du procès. Les militants et les organisations de défense des droits des femmes réclament des changements juridiques, notamment l’introduction de règles claires sur le consentement aux actes sexuels. En réponse à ce scandale, le gouvernement français a déjà annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre les violences faites aux femmes.
« Il est - que la société chauvine et patriarcale qui banalise le viol change », a déclaré Gisèle Pelicot dans une déclaration finale percutante. Elle a appelé à un changement fondamental dans la façon dont nous percevons le viol et la violence sexuelle.
Une plateforme en ligne joue un rôle clé
Depuis des années, les contenus misogynes sur des plateformes comme Coco.fr constituent un terrain fertile pour ces crimes.
Fondé en 2003 et commercialisé comme site de rencontres, le site a enregistré 778 000 visites par mois à son apogée en 2023, selon Le Parisien. Des discussions animées sur des sujets souvent illégaux ont eu lieu dans les salons de discussion totalement incontrôlés du site.
Au lieu de faciliter les discussions sur les activités illégales, la violence s’est rapidement propagée au monde réel. Un nombre important d’utilisateurs de Coco ont signalé avoir été agressés lors de réunions organisées via le site.
Selon les médias français, au moins deux meurtres en France sont liés à des réunions organisées via cette plateforme. Des ONG françaises avaient déjà identifié Coco comme une menace en 2013 et avaient demandé au gouvernement et aux fournisseurs d’accès Internet de fermer le site, sans succès.
Le ministère français de l’Intérieur a demandé une déclaration et a renvoyé CNN vers le procureur chargé de l’affaire.
Ce dernier a précisé que la régulation des sites comme Coco est une responsabilité que les plateformes elles-mêmes assument. Le fournisseur d’accès Internet français Bouygues a déclaré à CNN qu’il avait besoin d’une ordonnance du tribunal ou d’une injonction des autorités françaises pour fermer un site Web comme Coco.
Coco a été fermée cet été, mais des ONG et des avocats ont prévenu qu’il était possible que d’autres plateformes prennent sa place en raison du manque de mesures de sécurité.
«Sans ce site Internet, l’affaire n’aurait jamais atteint de telles proportions»
L’enquête judiciaire sur l’affaire Dominique Pelicot jette un éclairage alarmant sur le rôle des plateformes en ligne non réglementées telles que Coco.fr, qui ont été utilisées comme outils de criminalité.
Les avocats de Gisèle Pelicot demandent des conséquences claires : « Sans ce site Internet, l’affaire n’aurait jamais pris de telles proportions », a expliqué Antoine Camus, qui a qualifié la plateforme d’« arme du crime » que Dominique Pelicot a délibérément utilisée.
Bien que Coco.fr ne soit pas jugé, les experts voient dans le procès en cours un précédent qui permettra à l’avenir de fermer plus rapidement des sites similaires.
Mathias Darmon, de la cellule cybercriminalité, voit dans ces enquêtes l’occasion de combler les lacunes de la régulation des plateformes numériques.
Julien Zanetta, l’avocat du fondateur de Coco, a refusé de commenter les crimes de Pelicot.
Peur et impuissance à Mazan
Alors que l’enquête judiciaire est en cours, beaucoup d’incertitude règne encore au sein de la population – notamment à Mazan, le petit village où Pelicot a commis ses crimes. Annette Dumont, 62 ans, décrit la peur de nombreuses femmes : « Cela pourrait très bien se reproduire demain dans un autre endroit. »
Les habitants se sentent impuissants. «Nous ne pouvons rien faire. Nous resterons ici à Mazan», déclare Nedeljka Macan avec résignation.
L’équipe éditoriale a rédigé cet article avec l’aide de l’IA.