Par
Cathy Ryô
Publié le
16 décembre 2024 à 19h45
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« Nous ne ferons qu’une seule proposition (ndlr) de relogement. Si vous refusez, nous fermons votre porte. C’est dehors. Avec les enfants, c’est dehors. Le message se voulait clair. C’était. Elle a même été brutale et a contraint les Ukrainiens (une grande majorité de femmes avec enfants) résidant à Pen Bron à La Turballe à quitter leur logement. Vendredi 13 décembre 2024, dans l’ancien hôtel où sont hébergés une cinquantaine de réfugiés depuis 2022, l’association France Horizon, mandatée par l’État, leur a annoncé qu’ils devaient quitter leur hébergement d’urgence. Soit ils acceptent le relogement proposé, soit ils refusent (certains ont jusqu’au mardi 17 décembre 2024 pour se prononcer) et ils seront expulsés. Depuis, les Ukrainiens se mobilisent.
A 25km de Nantes
Natalia fait partie de ceux qui refusent la proposition de France Horizon. L’association lui a trouvé un logement à Divatte-sur-Loire, à 25 km de Nantes. Ses deux enfants, âgés de 11 et 15 ans, sont scolarisés à Guérande.
Pour cette femme de 43 ans, esthéticienne en Ukraine, quitter Pen Bron, c’est s’isoler, perturber la scolarité de ses enfants et peut-être, dans 3 ou 6 mois, devoir réintégrer une autre ville. .
“C’est violent”
Natalia ne parle pas français. Elle est arrivée à Pen Bron en mars 2024, fuyant une Ukraine en guerre « pour que mes enfants vivent dans un pays en paix », confie-t-elle à l’Écho de la Presqu’île.
Son titre de séjour court jusqu’en mars 2025. Comme ses compatriotes, elle a compris que Pen Bron était temporaire, mais « on pensait rester sur la presqu’île ».
La réunion du vendredi matin « nous a terrorisés. C’est violent.
Ni les œuvres de Pen Bron ni celles de Vinci
Pourquoi cette ruée pour vider l’ancien hôtel de Pen Bron ? Le maire de La Turballe Didier Cadro et la préfecture (France Horizon n’a pas encore répondu à notre demande) assurent que les Ukrainiens ont été prévenus « depuis plusieurs semaines ».
Natalia parle de « 15 jours », tout au plus, « et pas très clairement sur les dates ».
Il ne s’agit ni d’une demande de l’association des Œuvres de Pen-Bron, ni d’une demande de Vinci Immobilier.
L’État derrière la décision
Il semble que ce soit bien l’Etat qui soit à l’origine de cette décision. Interrogée, la préfecture rappelle que « le site de Pen Bron est utilisé comme sas collectif d’urgence pour l’accueil des ménages ukrainiens depuis avril 2022. Il a été mis à disposition par l’association Œuvres de Pen Bron à France Horizon pour une durée temporaire. Ce site, d’une capacité de 100 places, nécessite trop de travaux pour envisager de poursuivre l’action. Les 69 Ukrainiens déplacés (ils sont désormais une cinquantaine, NDLR) encore présents ont été informés de la fermeture du site il y a plusieurs semaines. Chaque foyer se verra proposer une solution adaptée à sa situation, susceptible d’être implantée dans tout le département. Compte tenu des tensions sur l’accès au logement et au logement en Loire-Atlantique, une seule proposition sera faite à chaque foyer.
Un collectif, une lettre, une mobilisation
Mais pour les concernés, qui restent choqués par la méthode, « la solution adaptée » ne l’est pas.
« Ils n’avaient pas de délai de préavis. Ce n’est pas humain», s’insurge Jean, un habitant de la presqu’île guérandaise, qui se mobilise aux côtés des Ukrainiens.
Un collectif s’est créé en toute hâte dimanche 15 décembre 2024, une pétition est une course de signatures et un courrier a été envoyé au préfet.
« Pourquoi ne pas les héberger au camping Turballe pendant les vacances d’hiver ? », suggère Jean.
L’association Droujba de Saint-Nazaire a été contactée et doit décider ce mardi 17 décembre 2024 quelles démarches elle peut éventuellement entreprendre.
C’est ce même mardi 17 que l’ultimatum fut lancé à Natalia et ses deux enfants.
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