C’est une première dans l’histoire du bailleur social. Le 16 décembre, le directeur et président d’Habitat du Gard a présenté au conseil d’administration un budget déficitaire de 3,5 millions d’euros. Explications
Le 16 décembre restera une date marquante dans l’histoire d’Habitat du Gard. Lundi, le directeur Stéphane Cabrié et la présidente du Bureau HLM, Laurence Barduca-Fauquet, ont présenté un budget 2025 déficitaire de 3,5 millions d’euros. Certes, cette somme n’est pas très élevée, le budget de fonctionnement 2025 devrait atteindre 113 millions d’euros et celui d’investissements 96 millions d’euros. Pourtant, les dirigeants d’Habitat du Gard ont tenu à « sonner l’alarme » sur une crise qui touche le bailleur social depuis maintenant six ans.
« Le point de départ remonte à fin 2018, lorsque le Gouvernement a introduit, dans sa Loi de Finances, la Réduction des Loyers Sociaux (RLS). », rappelle le réalisateur. Une réduction de 60 € sur les loyers pour les ménages les plus précaires, par logement et par mois. Cette charge a été entièrement supportée par les bailleurs sociaux, qui n’ont eu d’autre choix que de baisser leurs loyers, entraînant une perte de revenus de 6,4 millions d’euros par an pour Habitat du Gard. Les loyers sont la seule Source de revenus des propriétaires.
Mais aujourd’hui Habitat du Gard doit dépenser davantage. Premièrement, le marché immobilier traverse une grave crise : « Les coûts de construction ont augmenté de 30 %. Avant 2018, nous achetions un terrain à 1 800 € le mètre carré HT, aujourd’hui c’est 2 500 € », constate Stéphane Cabrié. La hausse du taux du Livret A pénalise également le bailleur : « Tous nos taux d’intérêt sont indexés sur celui du livret A aujourd’hui à 3 %. Résultat, nous empruntons aujourd’hui à 4,5 %. Le taux de rente a explosé ! »
« Ces facteurs ajoutés font que, pour la première fois, nous allons voter un budget déséquilibré, puisque, aujourd’hui, les revenus dont nous disposons ne compensent pas nos dépenses. », insiste le président. Pour équilibrer l’exercice 2025, des économies sont-elles possibles ? Pour les dirigeants, c’est non : « Depuis 2019, nous menons une politique de rigueur… Tous les tours de vis et coups, notamment sur le staff, ont été effectués. De plus, nous sommes dans le top 3 des bureaux nationaux les mieux gérés », assures Stéphane Cabrié.
Selon l’Office, la seule façon d’équilibrer le budget aurait été de réduire l’entretien des bâtiments. Là aussi, hors de question pour les dirigeants : « Nous avons 40 ans de retard dans la rénovation de ces maisons. Quand je suis arrivé en 2008, il n’y avait pas de plan de maintenance pluriannuel », » reconnaît le réalisateur qui, depuis 2008, tente de redresser la situation. Par ailleurs, Habitat du Gard a 23 000 demandes de logements sociaux sur son bureau. Enfin, l’acte 2 de rénovation urbaine à Nîmes et Bagnols représente une dépense importante pour le bailleur, soit environ 300 M€ : « Nous commençons maintenant à ressentir les effets des démolitions et des reconstructions. De plus, notre budget d’investissement augmentera de 37% en 2025. »
Voter ce budget déficitaire est un acte politique, comme l’a fait le Logis Cévenol il y a deux ans. ” On en a marre de crier… Au total, les décisions de l’État pèsent sur nos finances à hauteur de 11 millions d’euros chaque année », lance Stéphane Cabrié, qui dénonce un « absence totale de politique de logement social. Depuis 2019, nous avons eu cinq ministres différents… » Force est de constater que l’instabilité actuelle de l’Assemblée nationale et des gouvernements successifs n’améliore pas vraiment la situation.
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« Nous n’avons jamais eu autant d’opportunités de proposer des logements sociaux » Le directeur d’Habitat du Gard l’assure : « Le secteur privé est dans une telle crise qu’il frappe à notre porte. Ils nous proposent des résidences clé en main à acheter. Ils les ont construits mais ne peuvent pas les vendre… « . Sauf que finances limitées obligent, » nous refusons les opérations. »