Ce jour où… j’ai dit adieu aux baskets

Ce jour où… j’ai dit adieu aux baskets
Ce jour où… j’ai dit adieu aux baskets

NOUVELLES – Pendant des années, notre journaliste a porté des dizaines de baskets, avant de les retirer de ses placards au profit de chaussures plus élégantes.

C’est l’histoire d’une soirée qui m’a changé. Un samedi froid de novembre 2018, un ami rencontré via les réseaux sociaux m’a invité à une fête d’anniversaire dans un quartier chic de Paris, à deux pas de l’Olympia. J’arrive en baskets, loin de me douter de l’erreur que je m’apprête à commettre. Sous les moulures d’un appartement situé au 4ème étage d’un immeuble haussmannien je rencontre une dizaine de personnes. Les filles portent toutes du Chanel, des manteaux en fausse fourrure et des escarpins de luxe, tandis que les gars ont l’air d’être sur la même longueur d’onde : chemisier fluide à imprimé léopard avec col nœud, pantalon noir plissé et bottines assorties. La plupart portent des vêtements Saint Laurent signés Anthony Vaccarello, ou s’inspirent simplement de l’esprit des collections homme de la marque française.

Je me sens comme le personnage de Géraldine Nakache Tout ce qui brillec’est-à-dire totalement et surtout en décalage social avec les gens qui m’entourent. Ils travaillent tous dans la mode et sont fascinés par la figure du regretté Jacques de Bascher, ancien dandy parisien, amoureux d’Yves Saint Laurent et grand amour de Karl Lagerfeld. « Un homme de goût », me murmure quelqu’un à l’oreille. Je viens d’apprendre son existence.

Diane de Beauveau-Craon et Jacques de Bascher lors d’une soirée à l’Opéra Garnier. (Paris, 2 octobre 1980.)
WWD/Penske Media a publié Getty Images

Une nuit chez Maxim’s

Hormis quelques regards interrogateurs, personne n’a prêté beaucoup d’attention à mes baskets ce soir-là, même si j’étais le seul à les porter, et le seul à avoir l’air de ne pas avoir fait d’efforts. C’est un sentiment indescriptible qui s’installe en moi. En regardant ces gens que je trouve si bien habillés, j’ai envie de leur ressembler. Je me rends compte que les bottines en cuir, que j’ai longtemps cru réservées aux femmes (et à Nicolas Sarkozy), ont le pouvoir de remodeler complètement la silhouette d’un homme. Pour lui donner plus de charme et de présence. Ils me font penser aux années 70 et me disent que le style et les tendances de la mode sont deux choses distinctes.

Après avoir passé la nuit chez Maxim’s, où je me sentais plus ridicule que jamais avec mes Stan Smith aux pieds, j’ai décidé de tout changer. Les baskets ne me seront utiles que lors d’une journée « farniente ». En semaine, cependant, place aux chaussures plus élégantes.

L’art de se fatiguer

Pourtant, je pense être dans le coup, en cette période où les sneakers battent tous les records. Virgil Abloh impose alors son style streetwear, devenant le nouveau directeur artistique de la ligne homme de Louis Vuitton, et élève les baskets au rang d’objets de mode.

Chez Off-White, Virgil Abloh transforme les sneakers en un objet de luxe que la nouvelle génération s’arrache. Voici un modèle de la collection printemps-été 2020 présentée lors de la Fashion Week de Paris. (Paris, 24 juin 2019.)
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J’alterne ensuite différents modèles : des Converse rouges, une paire de Adidas Stan Smith et des Asics Gel-Quantum à la semelle dentelée ultra confortable. Les baskets n’ont jamais été une chose pour moi. Bref, tout le monde les porte du matin au soir, et c’est ainsi. Encore plus entre 2018 et 2019, années marquées par la réémergence de la mode des années 80 jusqu’à cette fameuse soirée que j’appelle encore « l’expérience Bascher ». Du coup, je suis saturé de ce phénomène sneaker qui, malgré le génie créatif de Virgil Abloh, ne parvient toujours pas à me donner envie de mettre la main sur d’autres versions, plus cool et plus actuelles.

La puissance de la botte

Petit à petit, les bottines noires rejoignent ma garde-robe. Beaucoup plus élégantes, elles m’offrent depuis des années des possibilités de tenues infinies. Ce pantalon trop long par exemple, que je ne peux pas porter avec des chaussures plates et risquer de les laisser traîner par terre, s’accorde très bien avec une paire de bottines. Ce pull en laine brodé, très décontracté avec un jean et des baskets, révèle tout son potentiel lorsqu’il est associé à des mocassins beiges à boucle et un pantalon en laine couleur chocolat.

Centre Jules Koundé en cravate, cuir et santiags à talons. (Clairefontaine-en-Yvelines, 29 mai 2024.)
Icon Sportswire / Icon Sportswire tramite Getty Images

Si comme tout le monde, j’ai succombé aux vêtements confortables et aux chaussons de ville type UGG pendant le confinement, les bottines font désormais partie de mon uniforme. Je ne suis pas le seul. Roméo Beckham a posé en talons aiguilles lors d’une campagne Saint Laurent en 2022, tandis que la star du football Jules Koundé est arrivée au centre de Clairefontaine en cravate, veste en cuir et santiags à talons en mai dernier. Aujourd’hui, même les icônes du football, qui représentent pour beaucoup des figures de virilité et de force, se lassent des baskets. Et découvrez, comme je l’ai fait lors d’une soirée, que le style va bien au-delà de la semelle en caoutchouc.

 
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