l’essentiel
Après avoir remporté trois médailles (une d’or, deux d’argent) aux Jeux paralympiques de Paris, Ugo Didier (23 ans) est descendu des nuages et vient de rejoindre les Dauphins du Toec, le club phare de natation de la Ville rose. Celui qui a grandi à Tournefeuille (31) raconte comment il a vécu l’après Paris 2024 et comment il a géré toutes les exigences qui en découlaient. Entretien.
A plus de trois mois des Jeux Paralympiques, êtes-vous descendu de votre nuage ?
Oui, tout à fait, j’ai déjà pris ma retraite et j’ai failli passer à autre chose. Émotionnellement j’ai remis les pieds sur terre, mais c’est vrai qu’il y a encore beaucoup de demandes et d’événements. C’est ce qui rappelle que les Jeux n’étaient pas si lointains.
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Vous étudiez l’ingénierie à l’Insa Toulouse, le point de vue de vos camarades a-t-il changé après les médailles à Paris ?
Non, il n’y a eu aucun changement. Je connaissais déjà tous mes camarades et les cours me permettaient ce retour à la réalité et j’étais content de ne pas trop faire la fête avec les classes pour sortir de cette bulle qu’était Paris 2024 et penser à autre chose.
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Votre vie a-t-elle changé après les Jeux ?
Non, pas tellement… Les Jeux ont mis en lumière notre activité et il est vrai que depuis nous avons eu de nombreuses demandes de la part des collectivités, des sponsors, des institutions, des écoles, collèges, lycées, etc. Notre demande est énorme. Il est important d’être présent à certains événements mais il est également important de les refuser. La semaine dernière, par exemple, j’ai reçu cinq demandes par jour. Il est important de donner la priorité avant tout au projet sportif et scolaire. Il faut aussi répondre le plus positivement possible aux partenaires et sponsors et malheureusement j’ai dû refuser des demandes avant les Jeux car la période était chargée. Et pour revenir à la question, j’ai déjà été reconnu dans le centre de Toulouse mais je me dis que c’est très relatif par rapport à Léon (Marchand) par exemple. Cependant, je reste anonyme (sourire).
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Vous avez remporté deux médailles à Tokyo (argent au 400 m nage libre et bronze au 200 m nage libre), celles que vous avez remportées à Paris ont-elles une saveur différente ?
J’aimais beaucoup plus Paris. La première grande différence entre ces deux compétitions est l’objectif sportif : à Paris l’objectif a été atteint et à Tokyo il ne l’a pas été. Et les humains étaient bien plus présents à Paris. Ce que nous avons vécu en termes d’émotions et d’adrénaline n’avait rien à voir avec Tokyo. Donc niveau stress, j’ai eu beaucoup plus de pression au Japon qu’ici en France, étonnamment. Même si la piscine était remplie de 15 000 Français et qu’il n’y avait personne à Tokyo (séance santé fermée à cause de la pandémie de Covid), là j’avais plus de pression. Je pense que c’est parce que c’étaient mes premiers Jeux. Je suis donc content d’avoir déjà vécu cette expérience, cela m’a été utile.
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Le Président de la République vous a remis la Légion d’honneur à l’issue des Jeux. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Je n’ai pas l’impression que cela m’a changé. C’est un titre purement honorifique et en tant qu’athlète je ne me sens pas tout à fait légitime car c’est un titre militaire prestigieux pour les personnes qui ont contribué au progrès de la nation (sourire). En tant que sportif, ai-je cette légitimité ? Pas nécessairement. Mais je suis très content d’avoir eu cette décoration, c’était un beau moment qu’on a passé avec tous les autres athlètes… Mais je préfère quand même ma médaille d’or (monter).
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Tu as eu la chance de vivre les Jeux avec ton petit frère, ce n’est pas quelque chose que tout le monde a…
Oui, c’était sympa. Nous avons apprécié nos Jeux, je pense qu’il a passé un très bon moment aussi. En plus, c’était ses premiers et j’ai vu qu’il s’amusait beaucoup. On se voyait peu au village olympique, peu pendant la course car nous avions des horaires complètement différents. Mais être dans le club français était une vraie expérience, et partager tout ça avec les parents qui étaient dans le club français était incroyable. C’était Noël avant l’heure.
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Depuis vous avez quitté le club de Cugnaux (31) pour rejoindre les Dauphins du Toec… Pourquoi ce choix ?
Ce n’est pas un grand changement pour moi. Cela faisait déjà quatre ans que je nageais à Castex avec le même groupe. Mais c’est un choix logique, dans la continuité de mon projet, de rejoindre les Dauphins du Toec, notamment pour m’entraîner auprès de personnes valides. Je connaissais déjà les coachs, les nageurs, les managers, les infrastructures et puis c’est un cadre d’entraînement bien plus professionnel qu’à Cugnaux.
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Alors au quotidien, cela ne changera rien pour vous ?
Cela va changer mes - de trajet. Je n’ai plus besoin d’aller et venir à Cugnaux. Mais cela va aussi changer au niveau de la préparation physique et j’aurai alors l’opportunité de m’entraîner avec des nageurs qui ont un excellent niveau national. L’entraînement est très stimulant car même si la natation est un sport individuel, cet esprit d’équipe est nécessaire au quotidien.