« Nous limitons l’impact carbone de nos chèvres »

« Nous limitons l’impact carbone de nos chèvres »
« Nous limitons l’impact carbone de nos chèvres »

Emmanuel et Benoît Bretaudeau sont éleveurs à Torfou, dans le Maine-et-Loire. A Gaec sur 72 ha, les deux frères élèvent 610 chèvres alpines et produisent 500 000 litres de lait par an. Un troupeau allaitant de 30 mères charolaises complète l’activité. Au total, « l’exploitation stocke 0,7 tonne équivalent CO2/ha de SAU. Mais elle émet aussi des gaz à effet de serre (GES) : 14,5 tonnes équivalent CO2/ha » explique Emmanuel. Dans le détail, ces GES sont à 63 % du méthane issu des animaux et des excréments, à 17 % du protoxyde d’azote issu des excréments, des cultures, des prairies et des fertilisations et à 20 % du CO2 lié à la fabrication. et le transport des intrants.

L’ensemble de ces données est extrait de Cap’2ER (1). A partir de ce diagnostic réalisé en 2023, « nous avons travaillé sur des ajustements techniques. L’idée est d’actionner des leviers pour réduire les émissions de CO2 sans déstabiliser le système en place.» Dans une ferme, la quantité de GES émise dépend directement du nombre d’animaux présents. Benoît et Emmanuel ont donc cherché à le réduire tout en maintenant le niveau de production.

Augmenter la production par animal

Concernant l’alimentation des chèvres, la réflexion s’est portée sur l’apport en azote. Le bétail reçoit une ration « ensilage de maïs ». De plus, les chèvres reçoivent du foin de luzerne : 350 gr/jour/animal en 2023. « L’inconvénient du foin, c’est que les chèvres le trient et laissent derrière elles les longues mèches. » A la fin du Cap’2ER, il a donc été décidé de le remplacer par des capsules de luzerne dès cet hiver. “Mieux valorisée, la ration devrait permettre d’augmenter la production par chèvre.” Pour maintenir une bonne rumination, les éleveurs ont opté pour un produit commercial partiellement déshydraté. Il contient des brins de 10 à 15 cm de longueur.

La gestion des réformes est un autre levier pour réduire le nombre de femmes. A la ferme, les chèvres ont en moyenne cinq lactations. L’âge moyen à la première naissance est d’un an. Le taux de réforme atteint à peine 20 % alors que Benoît et Emmanuel amènent chaque année 25 % de chevreaux dans le troupeau. « Nous avons tendance à le laisser vieillir et nous pourrions le réformer davantage. » Les éleveurs ont calculé qu’en supprimant 10 % des chèvres les moins productives, il leur faudrait augmenter la production des autres de 50 litres/an pour maintenir les 500 000 litres par an. L’objectif est de passer d’une moyenne de 860 kg à un minimum de 900 kg/chèvre/an. “Quantitativement, c’est jouable mais il faut faire attention aux tarifs.” Avec un TB de 41,7, un TP de 35 et 950 000 cellules/ml en moyenne, l’élevage Bretaudeau est désormais bien placé. Pour maintenir ce niveau, la génétique a son rôle à jouer. Pour un contrôle naturel, la ferme achète trois à quatre chevreaux chaque année. Ils sont réservés avant leur naissance pour être mis aux bouchées en août.

Anne Mabiré

(1) Calcul automatisé de la performance environnementale pour des opérations responsables.

 
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