Daniel Bürgi n’est pas fan de l’équipe de basket-ball des Golden State Warriors. Les sweats à capuche, ce n’est pas non plus son truc. D’habitude, elle ne le porte jamais, sourit Sandra Guenat en agitant le morceau de tissu qui pend derrière le cou de son amie. Mais il va falloir qu’il s’y habitue.
Heureusement, ce type de vêtements représente désormais une bonne partie de sa garde-robe, reconstituée grâce aux dons des villageois au lendemain de cette catastrophe, jeudi 3 octobre. Le jour où sa maison, à l’entrée du village de Pleigne, a brûlé. Il a tout perdu en quelques minutes. Tous ses souvenirs. Il n’a plus de photos de ses parents. Les chambres où dormaient si souvent ses enfants n’existent plus. Pas même les travaux qu’il a entrepris pendant des années sur le bâtiment.
“Je ne veux plus rien”
« Les gens se disent que ce n’est qu’une maison, que ce n’est pas grave. Mais il faut en faire l’expérience pour savoir ce que l’on ressent », dit lentement Daniel Bürgi. « Je ne serai plus jamais la même personne. Je ne veux plus rien.”
Il vient de quitter la maison cet après-midi. Il y vit depuis vingt-cinq ans. Il est vers 17 heures. Il a rendez-vous à l’oratoire, où il doit tondre la pelouse. Pendant ce -, c’est le maire Stéphane Brosy, passant devant l’immeuble, qui a senti une odeur de fumée et a appelé les pompiers. Il a également alerté ses plus proches voisins avec l’aide d’une dame qui s’était arrêtée. « Le brouillard a été coupé au couteau. On pouvait à peine le distinguer de la fumée. Mais à l’odeur, on pouvait dire qu’il ne s’agissait pas que de brouillard. Peut-être que si le ciel avait été bleu, nous aurions pu sauver la maison. “
A un moment donné, raconte Stéphane Brosy, le village a été coupé en deux par l’épais nuage gris, puis par les flammes apportées par le vent violent.
Chevaux et lapins sauvés
Lorsqu’il a appris le drame qui se déroulait, Daniel Bürgi est rapidement revenu sur les lieux. Il n’hésite pas à ouvrir la porte et s’engouffre, à travers les flammes, pour sauver ses deux chevaux. Ses deux lapins se sont également échappés. Cependant, il ne pouvait rien faire pour les poissons de son grand aquarium et pour ses poussins. Il était déjà trop tard.
“Il voulait rentrer, mais il toussait déjà, je l’ai retenu”, ajoute le maire. Son amie Sandra Guenat l’a rapidement ramenée chez elle. « Il tremblait beaucoup. C’était trop dur de voir la maison s’effondrer.
Le lendemain matin, la réalité le frappe soudain. La première urgence, c’est d’aller acheter des sous-vêtements, rappelle Sandra Guenat, puis d’aller refaire tous les papiers qu’elle n’avait plus. Une cagnotte et une collecte de vêtements ont également été mises en place, auxquelles de nombreux habitants participeront.
Aujourd’hui, Daniel Bürgi a de nouveau quelque chose à porter, mais… “il y a toujours ces petites choses qui, pour le moment, nous ne faisons que remarquer qu’elles manquent”, soupire Sandra Guenat. Quand il neigeait par exemple, c’était les bottes. Ses parents lui en ont acheté, « mais c’étaient des bottes de pluie ».
Daniel Bürgi affirme également une évidence : ce qui lui manque le plus actuellement, c’est sa propre maison, lui qui a trouvé refuge chez son ami pour une durée indéterminée.
Constat amer
Quand vient le - de faire le calcul, il fait finalement ce constat amer : « Mes amis n’étaient pas présents dans les jours qui ont suivi l’incendie. Ils étaient de très bons amis. Je ne les considère plus de cette façon. Je ne sais pas. Je n’ai plus besoin de ces gens. Contrairement à tous ceux qui ont proposé leur aide, matérielle ou autre. Il les remercie chaleureusement, le maire et les pompiers.
L’avenir ? “Jour après jour.” La reconstitution de la vie de Daniel Bürgi est comme un long voyage dont il sait qu’il ne verra jamais la fin. Plus de deux mois après ce fameux jeudi, il peine toujours à dépasser le lieu du drame. “Ces rayons noirs… Je me sentirai mieux quand tout sera nettoyé.”
suisse