Après douze saisons de bons et loyaux services au Frölunda HC, Roger Rönnberg s’apprête à changer de laiterie à la fin de l’exercice en cours. A 53 ans, l’entraîneur suédois vivra sa première expérience à l’étranger, en s’installant à Fribourg-Gottéron au printemps prochain.
L’entraîneur scandinave, deux triomphes nationaux et quatre victoires en Ligue des champions à la tête du club basé à Göteborg, a profité de la trêve internationale pour évoquer longuement sa situation personnelle. Dans la langue de Shakespeare.
« Peut-être qu’on pourra faire l’interview en français dans deux ou trois ans », rigole-t-il. C’est un véritable défi à relever, car c’est une langue très différente du suédois. Je dois vraiment commencer à étudier cela davantage.
Roger Rönnberg, vous vivez votre douzième et dernière saison à Frölunda. Cette longévité rare rend-elle plus difficile la vie de votre départ ou est-ce une chance de savoir que l’aventure va se terminer ?
Je pense que c’est une bonne chose de savoir que c’est ma dernière année. Tout le monde le sait : moi, les joueurs, les managers et les supporters. Je ressens beaucoup d’énergie parce que je veux gagner lors de ma dernière saison. Je fais donc tout ce qui est en mon pouvoir, au quotidien, pour aider le club à réussir.
Après tant d’années à Frölunda, pourquoi avez-vous pris cette décision ?
Pour deux raisons. Je me suis d’abord demandé si je pouvais continuer à développer le club et à l’améliorer au cours des cinq prochaines années. Pour la première fois, je n’étais pas sûr et j’ai pensé qu’un nouvel entraîneur pourrait être utile à Frölunda. Je sentais aussi que j’étais prêt à vivre une nouvelle aventure, que j’avais envie de relever un nouveau défi.
Dans ce cas, vous avez opté pour le défi de Fribourg. Pour quelles raisons ?
J’ai rencontré Gerd pour la première fois (ndlr : Zenhäusern, directeur sportif)puis les membres du conseil d’administration. J’ai tout de suite senti que c’étaient des gens compétents. Et, surtout pour moi, de personnes qui partageaient les mêmes valeurs que moi. Le projet que Gerd et toute l’organisation m’ont présenté, à savoir changer la culture au sein du club, m’a parlé. Il ne s’agit pas seulement de gagner à court terme, mais d’établir une culture gagnante au sein du club pour de nombreuses années à venir. C’est donc un grand défi qui nous attend et nous avons beaucoup de travail devant nous.
Peut-on établir des parallèles entre ce que vous avez construit à Frölunda et le projet de Fribourg ?
Oui, c’était exactement le même que celui que nous avons créé ici à Göteborg. Il y a douze ans, ma mission était la même : créer une culture gagnante au sein du club et en faire un prétendant au titre chaque année. Nous avons été une équipe de haut niveau presque chaque année, développant de nombreux joueurs. Beaucoup de jeunes, mais aussi des personnes âgées. Cela demande un travail collectif, de la part de toutes les personnes présentes au sein du club.
Avec votre CV impressionnant, n’auriez-vous pas préféré diriger une équipe de pointe en Suisse ? Ou être responsable d’une équipe nationale ou d’une franchise de la LNH ?
Non, pas nécessairement. Ce qui me plaisait ici à Frölunda, c’était de travailler sur le long terme, avec les bonnes personnes, pour construire quelque chose. C’est être capable de travailler quotidiennement au développement des joueurs et des entraîneurs, de collaborer avec la direction pour bâtir une belle équipe que les partisans apprécient et dont le style de hockey est attrayant et reconnaissable. J’attache beaucoup d’importance à ces aspects. Je me fiche du chemin le plus court vers la victoire.
Dans les colonnes du “Blick”, vous avez toutefois déclaré que vous saviez déjà où vous célébreriez le titre de champion de Suisse. N’avez-vous pas peur que les attentes soient trop élevées ?
J’aurai beaucoup de pression, mais je veux gagner. Je sais que ce ne sera pas facile, mais nous devons savoir ce que nous attendons les uns des autres. Il est important de savoir ce que vous visez. Quant à la passion des supporters pour ses joueurs et son équipe, je l’ai constaté lors des derniers barrages. Et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai voulu signer à Fribourg. J’ai envie d’en faire partie avec cette ferveur et cette énergie.
Le début de saison de Fribourg-Gottéron n’a pas répondu aux attentes de l’opinion publique. En tant que futur entraîneur, vaut-il mieux arriver après un championnat décevant ?
Tout d’abord, croyez-moi, tout le monde à Gottéron a envie de gagner cette saison. De plus, j’aime ce que j’ai vu lors des derniers matchs. Ensuite je ne sais pas s’il y a un bon moment pour arriver dans un club. J’espère que Fribourg terminera bien la saison ; cela signifierait que les joueurs ont déjà une culture gagnante. Ce serait donc plus facile pour l’avenir. Une chose est sûre : je suis le plus grand fan de Fribourg en Suède.
Parlez du futur. Dans quelle mesure êtes-vous déjà engagé dans votre futur rôle ?
J’entraîne toujours Frölunda, mais je n’ai plus à m’occuper du recrutement des joueurs ou de la planification des équipes pour la saison prochaine avec le directeur sportif. Je peux donc investir cette énergie dans le projet de Fribourg.
Les Dragons, en effet, ont récemment signé Patrik Nemeth, Ludvig Johnson et Attilio Biasca. Avez-vous travaillé sur ces transferts ?
Gerd prend et prendra toujours toutes les décisions finales concernant les joueurs. C’est encore le cas à l’heure actuelle. Mais bien sûr nous avons des contacts réguliers, tard le soir ou la nuit. Et nous nous soutenons dans les choix que nous faisons. Pour ma part, quand je regarde les matchs de Fribourg, je vois des joueurs qui pourraient être signés par Gottéron.
L’un des gros enjeux de la BCF Arena est la prolongation – ou non – de Julien Sprunger. Espérez-vous conserver le poste de capitaine de Fribourg la saison prochaine ?
J’ai toujours admiré Julien Sprunger en tant que joueur. Je l’ai vu évoluer au fil de tant d’années. J’aime sa passion et son leadership. De plus, c’est un très bon joueur de hockey. Quant à son avenir, ce n’est pas ma décision. C’est au tour de Gerd de répondre. Tout ce que je sais, c’est qu’il y aura une discussion entre les deux à ce sujet.