À quoi ressemblera la France d’ici la fin du siècle face au changement climatique ?
C’est la question à laquelle Météo-France a voulu répondre dans un rapport publié mardi.
L’organisation propose plusieurs cartes montrant la hausse potentielle des températures région par région d’ici 2030, 2050 et 2100.
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Quel sera le visage de la France dans 5, 25 ou 75 ans ? C’est la question que se posent Météo-France et le Centre national de recherches météorologiques (CNRM) dans un rapport publié mardi 10 décembre. Une question urgente étant donné que l’année 2024 sera la première à dépasser la barre symbolique des 1,5°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900) et que les années 2022 et 2023 ont été les plus chaudes jamais enregistrées… pour le moment.
Une hausse du thermomètre qui provoque des phénomènes violents. Précipitations extrêmes, canicules, sécheresses, incendies de forêts… Autant d’événements dévastateurs qui obligent la France à se poser cette question centrale : à quel climat futur devrons-nous nous adapter ?
Le climat de Montpellier à Paris
Pour y répondre, Météo-France et le CNRM ont établi une trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au climat (TRACC) basée sur la poursuite des politiques existantes sans mesures supplémentaires de lutte contre le changement climatique. Il comprend trois échéances : 2030 avec une augmentation des températures de 2°C en France, 2050 avec une augmentation de 2,7°C et 2100 à +4°C, soit l’augmentation déjà évoquée par le gouvernement dans son Plan National Climat. adaptation au changement climatique (PNACC) présenté en octobre.
Selon le document, à partir de 2050 et +2,7°C, la hausse des températures entraînerait « de profondes modifications du cycle de l’eau et une intensification des événements extrêmes » alors que « les effets de changement climatique se fera sentir dans tous les secteurs d’activité (gestion de l’eau, bâtiment, agriculture, production d’énergie, industrie, tourisme, sécurité, santé des personnes, etc.) » et aura un impact très fort sur les milieux naturels et la biodiversité.
Selon les données de Météo-France, au rythme actuel, en 2100, les températures moyennes à Paris pourraient même atteindre celles de Montpellier aujourd’hui. Dans le sud de la France, il faut prévoir des températures correspondant à celles de l’Andalousie, soit un thermomètre entre 17 et 37°C selon la période de l’année.
À la fin du siècle, « La température moyenne annuelle en France pourrait atteindre 14,2°C avec des pointes à 15°C dans la métropole parisienne. […] voire au-dessus de 18°C pour la moitié sud », Astuce Météo-France. Il faudra également s’attendre au climat de Rome à Lyon ou de Bilbao à Lille.
Le réchauffement attendu en France n’est cependant pas uniforme « entre le sud-est du pays et les Alpes qui se réchauffent davantage et le nord-ouest du pays un peu moins », Astuce Météo-France. Des différences sont également notables selon les saisons, avec plus de réchauffement « marqué en été qu’en hiver, de l’ordre de 1°C ».
-10% de pluie en été et +20% en hiver
Concernant les précipitations, l’incertitude demeure sur une grande partie du pays. Lors d’un point presse, Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint de la climatologie à Météo-France, a cependant expliqué que dans l’extrême Sud-Ouest, « une majorité de simulations annoncent un signal baissier » il pleut tout en montrant un “légère hausse dans le Nord-Est”.
Selon l’organisation, en 2050, on peut déjà anticiper une baisse de la disponibilité des ressources en eau avec des sols plus secs durant environ un mois chaque année. Les pluies intenses devraient augmenter de 10 %, renforçant le risque d’inondations par ruissellement auquel sont exposés 17 millions de Français, tandis que les alternances de sécheresses et de pluies augmenteront encore les dégâts par retrait-gonflement des argiles, avec plus de 4 millions de personnes. habitations très exposées. Enfin, 5 000 habitations seront menacées par les inondations marines et l’érosion côtière.
Les précipitations diminueront de 10 % en été, mais augmenteront de 20 % en hiver. Avec autre conséquence : davantage de pluies en montagne et un enneigement qui devrait être divisé par deux dans les massifs de moyenne altitude en 2050. D’ici 2100, dans le massif du Mont-Blanc, le taux d’enneigement sera même divisé par trois à 1500 mètres d’altitude.
Ces enseignements devraient permettre aux autorités de mener de front deux combats indissociables : celui de l’atténuation (la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre) et celui de l’adaptation (c’est-à-dire la réduction de notre vulnérabilité au changement climatique). Avec un objectif : mieux réfléchir les politiques publiques et mieux anticiper les conséquences sur le logement ou les transports, déjà fortement impactés par la crise actuelle en France.
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