En 2017, Pierre Gattaz rachète le château de Sannesdans le Luberon. Sans abandonner Radiall, il se lance simultanément dans l’aventure viticole avec sa famille, son épouse et ses enfants, pour se donner une perspective entrepreneuriale à long terme et partager le goût de l’excellence française. En 2024, la transplantation a eu lieu, les vins du Château de Sannes rivalisent avec les plus grands sur les tables des restaurants étoilés, comme Guy Savoy, et deux de ses fils participent à cette réussite.
De sa formation d’ingénieur, Pierre Gattaz retient l’esprit de la méthode et ne s’improvise donc pas vigneron. Des cours d’œnologie et une lecture passionnée du géographe Jean-Robert Pitte, intarissable sur le vignoble français, inspirent l’ancien président du Medef : « Contrairement à l’industrie, le procédé ne suffit pas à faire du bon vin. L’alchimie opère sur une longue période de -, en prenant en compte une infinité de paramètres.. » Ne parvenant pas à percer tous les mystères du vin, Pierre Gattaz a choisi d’en produire au Château de Sannes.
Il Paese d’Aigues
S’enraciner dans un vignoble, mais où ? Avant d’opter pour le Luberon, Pierre Gattaz a étudié les différentes options, notamment bordelaise et bourguignonne. Le Luberon gagne avec le cœur et avec raison : la Provence, son empreinte olfactive et ses saveurs, rappelle les vacances, sublime l’art de vivre méditerranéen, bien que accessible en train.
Quant au château de Sannes, la propriété a quelques arguments à faire valoir : « Loin des influences maritimes, les 70 hectares du Château de Sannes, dont 35 plantés de vignes, bénéficient d’un climat idéal avec une altitude modérée de 350 mètres en moyenne, favorisant les variations de température. De plus, nous sommes dans le Pays d’Aigues, donc nous ne manquons pas d’eau. » Tous ces avantages, assure son nouveau propriétaire, permettent de faire face aux problèmes de coups de soleil et, plus généralement, au manque d’eau provoqué par le réchauffement climatique.
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Depuis l’achat de la propriété, les membres de la famille Gattaz s’y rendent régulièrement pour suivre l’évolution des vins, gérer les investissements et participer aux opérations quotidiennes. ” C’est avant tout un projet familial. Bien sûr, nous nous sommes entourés de vignerons, mais nous dégustons et produisons ensemble les vins que nous aimons. » insiste Pierre Gattaz. Même si se lancer dans l’aventure de leur père peut sembler intimidant pour la jeune génération, les circonstances ont accéléré leur adoption. Durant le confinement, le château de Sannes représentait une base arrière avantageuse pour les habitants des villes. Il n’en fallait pas plus pour s’habituer au pays et rejoindre le projet. Désormais Manon, pour la partie promotionnelle et événementielle, et Thibault, pour le secteur commercial, prennent une part active au sein de l’entreprise.
La renaissance du château de Sannes
Au moment de son acquisition, le Château de Sannes ne produisait plus de vin sous son propre nom. Le vignoble est ancien, les parcelles les plus anciennes ont été plantées en 1927, mais le vin n’est plus vinifié au château. L’ancienne cave a même été détruite. Alors pour redorer l’image une nouvelle cave a été construite et une nouvelle gamme créée, sans trahir le passé. Au contraire, elle y fait référence. « 1603 » pour le niveau d’entrée rappelle la fondation de la propriété, « Castini » et « Aciana », pour leur étymologie, que les Celtes parcouraient certainement ces terres il y a plus de 4 000 ans, comme en témoigne un monticule situé au nord du domaine.
C’est Thierry Rimbaud, que tout le monde appelle Arthur, responsable de la culture de la structure depuis 36 ans, qui évoque le mieux cette métamorphose : ” Je prendrai ma retraite avec un sentiment d’accomplissement. Pendant que nous nous arrêtions pour revenir à la production de vin au Château de Sannes, nous nous sommes tournés vers l’agriculture biologique. et la vigne durera. »
Faire briller le Luberon
Lorsqu’on lui demande si le Château de Sannes est destiné à devenir le porte-drapeau de l’AOC Luberon, Pierre Gattaz corrige humblement : « Avec d’autres vignerons nous partageons une identité collective que nous devons promouvoir auprès de l’appellation. C’est dans cet esprit que j’exploite mon réseau. » A partir de 2023, au mois de juillet, le festival « Vins et passions du Luberon » se tiendra au château de Sannes. L’événement rassemble les vignerons de l’appellation, les producteurs gastronomiques du Luberon et les experts du parc du château autour de dégustations, d’animations et d’ateliers. Pour la troisième édition, rendez-vous le 27 juillet 2025 !
Jean-Robert Pitte ne cesse de le documenter : le vin est le produit d’une histoire et d’une géographie. En respectant ces deux dimensions, le défi de la pérennité semble à la portée de la famille Gattaz.
Terre de Vins aime ça
1603 Blanc 2022
Assemblage de Rolle, Ugni Blanc et Grenache Blanc, ce vin témoigne du travail effectué pour parvenir au juste équilibre. Entre attaque minérale et arômes d’agrumes, il conserve toute la fraîcheur nécessaire aux accords estivaux. Tonifiant, il réveillera les papilles à l’apéritif et avec des fruits de mer 13,50 € TTC.
Castini rouge 2022
C’est le premier millésime de ce millésime. Le Castini rouge, assemblage majoritaire de Syrah (80%) et de Grenache, est un vin gourmand. La rondeur des tanins est obtenue par un élevage pour partie en amphores en terre cuite – dont la porosité favorise une légère oxydation – et pour partie en fûts de chêne. Le nez est dominé par le poivre grillé, avec une pointe poivrée. En bouche les tanins veloutés accompagnent une douce sensation de cerise noire rehaussée par une finale mentholée. Réservez-vous un bon carré d’agneau… aux herbes de Provence, bien sûr ! 38 € TTC.