Ici, par Robert Zemeckis. La revue

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École triennale de cinéma – Rejoignez le plateau : l’année académique est encore tout à changer !

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Un médecin appelle son patient : « J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous. La bonne nouvelle, c’est qu’il lui reste 24 heures à vivre. « Ah ! », dit l’homme. “Et le mauvais alors ?” “Eh, j’aurais dû lui dire hier…”

Vous êtes ici

Comme cela arrive souvent chez Robert Zemeckis, un de ses films pose une question philosophique à partir du titre de l’œuvre : ici, OMS. C’est aussi le nom du splendide roman graphique de Richard McGuire à la base de l’opération, mais le « ici » dessiné sur papier prend (au moins) une coordonnée supplémentaire lorsqu’il est transposé au cinéma, qui est temps, mouvement. , devenant, le « maintenant ». Ici et maintenantici et maintenant. Les coordonnées du cinéma de Zemeckis se conjuguent d’ailleurs depuis toujours avec l’obsession toujours vivante de capter « visuellement » les mutations qui surviennent aux corps et aux choses lors de leur séjour à l’écran.
C’est ce que Bruno Latour (dans son volume posthume, la belle Où sont-ils ?) appelle « le dégel du paysage ». « Ce changement de forme repose sur un constat très simple : nous, les humains, n’avons jamais eu l’expérience de rencontrer les « choses inertes » qui constituaient apparemment le monde « matériel ». Cela est évident si vous vivez en ville, étant donné que chaque millimètre de votre cadre de vie a été créé par des êtres humains, vos semblables, mais cela est également évident si vous vivez à la campagne, étant donné que chaque détail du territoire est l’œuvre d’un être vivant, parfois même très loin dans le temps. Ce sentiment de cohérence s’applique à toute l’étendue de la zone critique. Les « choses inertes » n’existent que pour une expérience de pensée qui vous transporterait, avec votre imagination, dans un monde dans lequel personne n’a jamais vécu. D’où la question : la sensation de cette évidence change-t-elle votre façon d’être aujourd’hui, de regarder vers l’avenir, de vous situer dans l’espace, d’appréhender ce que vous appelez la liberté de mouvement ?
C’est pourquoi les personnages de Ici ils regardent souvent devant eux et rarement derrière eux, avec un expédient volé au langage des feuilleton (ceux qui connaissent les feuilletons savent que souvent les protagonistes ils gagnent le premier plan s’approchant de l’objectif de la caméra fixe, avec les autres personnages sur scène qui leur parlent de derrière leur dos ou du fond du tableau) : la portée des questions que portent ces histoires dépasse l’aspect mélodique pléthorique de les événements familiaux de Richard et Margaret, mais aussi des expérimentations sur vieillir et la vitesse de rendu de CGI, pour réfléchir sur l’un des problèmes centraux de notre époque – notre position dans le champ d’action de l’image, maintenant que chaque fenêtre sur l’extérieur, comme cela arrive des dizaines de fois dans le film, a été fragmentée en une quantité de des écrans plus petits qui s’empilent les uns sur les autres sous nos yeux. Les moments où les protagonistes regarderont à travers la grande fenêtre donnant sur le salon se comptent sur les doigts d’une main, cette ouverture servant avant tout à laisser passer le dehors noninterne (les pompiers, les archéologues) – et en effet dans l’incipit les deux chaises vides tournent le dos à la fenêtre, regardent vers nous, comme une invitation aux spectateurs à s’asseoir, à se regarder dans le miroir (combien Harold Pinter est dans tout cet appareil ?).

Non, pas maintenant, pas ici, cet énorme glissement de terrain

C’est un problème de perspective, c’est-à-dire l’un des enjeux cruciaux des représentations artistiques depuis la nuit des temps : ce n’est pas un hasard si Iciau même moment où il croise la cosmogonie de Terrence Malick et les inventions de chambre de Michel Gondry, il repart effectivement des origines façades du dispositif, et donc par la structure du sit-complan fixe sur le salon de la maison, le canapé comme protagoniste caché, les acteurs qui grandissent et vieillissent au fil des épisodes et des saisons (la même intuition que le voisin avait eue WandaVisionà bien y penser). « Comment mettre en évidence une telle mutation ?Latour demande toujours à ce propos : « Dire qu’on ne trouve plus de Terriens devant à un paysage » (la séquence cruciale dans laquelle on voit à l’envers les films familiaux du chef de famille Al projetés sur le drap blanc derrière lequel le spectateur se retrouve…).
Voici donc la nature avec force immersif de ce plan fixe reconnecte de plus en plus toute cette parabole au destin installation du cinéma à venir (Ici viens Le domaine d’intérêt apparemment sans l’Holocauste ?), la vision d’un panneau qui interagit avec nos yeux en changeant et s’ouvre « en direct » avec nous. Existe-t-il encore la possibilité d’un point de fuite ? Parce que les personnages de Ici ils semblent vouloir tout, sauf rester là, dans cet ici et maintenant (une autre des grandes questions du contemporain…) – mais les foyers où ils sont nés réclament leur hommage (comme le petit fantôme de Une histoire de fantôme), et ainsi Margaret tentera de partir pour le reste de sa vie, le père de Richard sera destiné à revenir pour ses derniers jours, Richard lui-même sera piégé seul dans cette salle, ses rêves brisés comme ceux de son père.

Comme la bande dessinée sur laquelle il est basé, Ici il se veut également un recueil de la manière dont les progrès technologiques ont influencé notre conception de l’espace domestique (arrivée sur la scène de la télévision, du Super8 fait maison, des fauteuils inclinables, jusqu’aux masques Covid…). En cela, dans la maladie du personnage de Margaret Et contenait également une indication (comme ils le faisaient déjà Le Père de Zeller et Vortex de Noé) sur combien la reconstruction virtuelle « augmentée » des environnements familiaux pourra nous aider dans le futur (selon ce que disent plusieurs experts comme Federico Faggin et d’autres) dans la compréhension de la détérioration neurologique, dont nous connaissons encore très peu. Autrement dit, encore une fois emprunté à Bruno Latour : « Que se passerait-il si les protagonistes de cette histoire se remettaient à marcher, en tournant à nouveau à 90 degrés, cette fois dans la bonne direction, pour se replonger dans le flux des choses, qui à leur tour se remettraient à marcher, cessant ainsi de permettre aux autres de limiter eux-mêmes pour les représenter ? Du côté des « objets », il y aurait une joyeuse agitation. […] Ici aussi, c’est comme le dégel d’une rivière. Fin du naturalisme ». Ecco.

Titre original : id.
Regia : Robert Zemeckis
Interprétation : Tom Hanks, Robin Wright, Kelly Reilly, Michelle Dockery, Paul Bettany, Ophelia Lovibond, Jonathan Aris, Nikki Amuka-Bird, David Fynn, Lilly Aspell, Mitchell Mullen
Répartition : Aigle Photos
Durée : 104′
Origine : États-Unis, 2024

Le classement du film Sentieri Selvaggi

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