Selon une enquête de l’institut indépendant Levada, les Russes sont de plus en plus favorables au recours à l’énergie nucléaire dans le conflit avec l’Ukraine.
Publié le 12/03/2024 07:49
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La menace nucléaire reste très présente en Russie. Le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov a expliqué le week-end dernier que la reprise des essais nucléaires en Russie était une option sur la table. Moscou n’a pas effectué d’essais nucléaires depuis 1990, mais l’année dernière, le Kremlin a révoqué la ratification du traité les interdisant. Officiellement, il s’agit de s’aligner sur la position de Washington qui ne l’a jamais ratifié et, jusque-là, le Kremlin avait affirmé qu’il ne reprendrait les essais que si les Américains le faisaient.
Entre--, l’idée fait son chemin dans l’opinion publique russe. Un récent sondage réalisé en Russie par un institut indépendant montre que près de 40 % des Russes considéreraient qu’il est justifié de frapper l’Ukraine avec une bombe nucléaire. Une part qui est en augmentation ces derniers mois.
Même s’il est classé comme agent étranger et n’a pas d’odeur de sainteté auprès du pouvoir, l’Institut Levada continue de mener des études d’opinion en Russie, dont la dernière en date peut être qualifiée d’indépendante dans le pays. Ils traduisent une certaine radicalisation de la société russe. A la question : « Pensez-vous que l’utilisation d’armes nucléaires en Ukraine soit justifiée ?maintenant 39% répondent “oui”. Et 11 % pensent que c’est tout à fait justifié, tandis que 28 % pensent que c’est plutôt justifié.
Il y en a encore un peu plus, 45%, qui pensent que cela n’est pas acceptable, mais le camp pro-nucléaire s’agrandit, explique Alexey Levinson, de l’Institut Levada : «Les discours effrayants sur l’utilisation des armes nucléaires, répétés par les dirigeants russes, conduisent à une augmentation de la part de ceux qui pensent que cela est acceptable et moralement justifié. Les craintes précédant l’utilisation des armes nucléaires se sont érodées sous l’influence de la propagande, et l’opinion selon laquelle il n’y a rien de mal à cela approche déjà les 40 %. Selon le même sondage, réalisé régulièrement depuis le début de la guerre, le soutien au pouvoir russe est à son plus haut niveau : 87%, soit 24 points de plus qu’il y a trois ans.