Benoît Tessier/Reuters
Les pompiers éteignent les flammes dans la cathédrale Notre-Dame en feu à Paris, le 15 avril 2019.
FRANCE – Le 15 avril 2019, une fumée noire s’élève au-dessus de Paris. Les premières images inondent les réseaux sociaux et les chaînes d’information : des flammes rouges ardentes dévorent la charpente de l’un des plus beaux monuments de la capitale. Notre-Dame est en feu. Cinq ans plus tard, la cathédrale rouvre ses portes ce samedi 7 décembre, avec une priorité absolue : éviter qu’une telle catastrophe ne se reproduise.
Pour y parvenir, les architectes ont modernisé le système de prévention des incendies du joyau gothique. Une étape essentielle, puisque ce système avait montré ses limites lors de l’incendie de 2019. En effet, si le début de l’incendie, dont l’origine reste à ce jour indéterminée, avait été identifié rapidement, une trentaine de précieuses minutes auraient été perdues à cause du protocole. . Nous avons dû attendre deux « levée de doute » par des agents de sécurité pour certifier la présence de flammes et enfin prévenir les pompiers.
Maintenant il y a la cathédrale “Armée contre le feu”assure l’organisme public Rebâtir Notre-Dame de Paris, qui a géré les travaux pendant cinq ans. Tout a été repensé pour que Notre Dame puisse se défendre. Une précaution d’autant plus nécessaire que le monument a été reconstruit à l’identique, avec sa structure en bois et sa toiture en plomb, malgré les risques engendrés. « Aujourd’hui, on ne peut pas construire des charpentes en bois de cette taille sans réfléchir attentivement à la sécurité incendie »avoue Rémi Fromont, architecte en chef des monuments historiques, chargé du suivi du chantier.
Si le risque zéro n’existe pas, Notre-Dame dispose désormais d’un important système de défense incendie, qui doit à la fois détecter plus rapidement l’incendie et limiter sa propagation.
Un système de détection d’incendie sophistiqué
L’air de la cathédrale est désormais surveillé 24 heures sur 24. Des canalisations l’aspirent en permanence et le redirigent vers un centre de détection incendie chargé de l’analyser. En cas d’incendie, de la fumée pénètre dans ces canalisations et l’alarme incendie se déclenche automatiquement.
Les incendies peuvent également être détectés par des caméras thermiques, qui peuvent signaler des anomalies de température grâce à l’énergie infrarouge. Une cinquantaine de ces caméras ont été placées dans la cathédrale, notamment dans les points les plus à risque comme la flèche, les grands combles ou les panneaux électriques.
David Bordes © La reconstruction de Notre-Dame de Paris
Une cinquantaine de caméras thermiques ont été installées dans la cathédrale.
« S’il y a un interrupteur dans une armoire électrique, la caméra thermique détectera la présence d’un incendie dans l’armoire et activera automatiquement le brouillard d’eau. Donc rien ne peut arriver sans que nous le sachions. »Eric Lazzari, directeur de la Détection électronique française (DEF), responsable du nouveau dispositif de prévention des incendies, a expliqué à l’AFP. Si l’on compte aussi les détecteurs de fumée, Notre-Dame compte désormais plus de 300 points de détection.
Un gentleman géant dans la cathédrale
C’est une excellente nouvelle pour une cathédrale française. Notre-Dame est désormais équipée d’un mécanisme de brumisation, qui s’active automatiquement lorsque de la fumée est détectée dans le monument.
En cas d’incendie, des millions de microgouttelettes s’échappent des canalisations, créant un fin brouillard d’eau. Ce nuage réduit la température presque instantanément : il est capable de la faire baisser de 500 degrés en une minute. Les flammes sont alors étouffées, sans mouiller directement les voûtes du bâtiment, ce qui les fragiliserait.
David Bordes, Ricostruire Notre-Dame de Paris
Les châssis sont désormais équipés d’un système de brumisation destiné à réduire les températures et ralentir la propagation d’un éventuel sinistre.
Ce nouveau dispositif a été installé sous forme de tubes discrets le long de la structure médiévale et jusqu’à la flèche, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous.
Une architecture repensée pour limiter les risques
Chaque minute compte. C’est dans cette idée que les architectes ont repensé la sécurité de Notre-Dame. Lors du montage du nouvel appareillage, diverses solutions ont été mises en œuvre. Les lattes, par exemple, ont été épaissies de 15 millimètres. Un détail à première vue cependant” chaque fois que nous ajoutons un millimètre au toit, nous gagnons une minute avant que le feu ne perce le toit »explique Rémi Fromont dans le magazine spécialisé L’usine Notre-Dame. Cet ajustement devrait donc permettre de gagner un précieux quart d’heure.
De même, deux fermes coupe-feu ont été installées. Comme vous pouvez le voir sur le schéma ci-dessousils séparent la partie supérieure de la cathédrale en trois parties : la nef, le chœur et le transept avec la flèche. Si un incendie se déclare dans l’un de ces trois volumes, ces fermes permettront de retarder « considérablement répandu » dell’incendio, precisa Rebâtir Notre-Dame de Paris.
YourComics © Reconstruction de Notre-Dame de Paris
Le système de prévention incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, suite à sa rénovation suite à l’incendie du 15 avril 2019.
Enfin, l’accès des pompiers a été amélioré et les stands secs ont été repensés pour être plus faciles à utiliser. Le débit d’eau disponible autour de la cathédrale a également été multiplié par trois, atteignant 600 m3 d’eau par heure.
Si l’incendie de 2019 a rendu inévitable une refonte du système d’incendie de Notre-Dame, il a également conduit à une vague de modernisation à l’échelle nationale. Les plans de sécurité des autres cathédrales françaises ont été progressivement mis à jour par la Drac, avec le même enjeu que Paris : savoir faire face à l’incendie.
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