« Seule une forte pression internationale peut forcer Israël à faire la paix »

« Seule une forte pression internationale peut forcer Israël à faire la paix »
« Seule une forte pression internationale peut forcer Israël à faire la paix »

L’auteur de « Aimer Israël, soutenir la Palestine », officier réserviste et figure israélienne de la lutte contre l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens, était à Bordeaux le 25 novembre. Entretien avec un ambassadeur pour la paix et la solution à deux États, un minorité dans un pays en guerre.

Nir Avishai Cohen, en ces jours sombres, n’est guère un prophète dans son pays. Ce « militant des droits de l’homme », né en 1981 dans une famille ashkénaze établie depuis trois générations en Israël, qui a combattu lors de la deuxième Intifada et reste officier réserviste, était proche de la gauche laïque et actif au sein du mouvement Breaking the Silence, composé de soldats qui dénoncent l’occupation des territoires palestiniens par Tsahal. Invité à Bordeaux les 25 et 26 novembre par son traducteur Bertrand Bloch, il a présenté son livre « Aimer Israël, soutenir la Palestine » (éd. L’Harmattan, 210 p., 22 €).

Votre livre a été écrit en partie avant le massacre du 7 octobre 2023 et la guerre qui a suivi. Votre message en faveur d’une solution à deux États est-il toujours d’actualité aujourd’hui ?

Elle est plus que jamais d’actualité et cette année de guerre l’a renforcée. Si nous ne parvenons pas à un accord de paix équitable avec les Palestiniens, d’autres 7 octobre viendront. Notre seule façon de vivre en sécurité et en paix est de nous entendre avec nos voisins.

Vos convictions semblent très minoritaires en Israël. Pour quoi ?

Le camp de la paix est plus que jamais minoritaire. Cela ne veut pas dire que sa cause n’est pas juste. Mais en 25 ans, la société israélienne est devenue plus religieuse et de droite. Cela est dû en partie au fait que les Israéliens, plutôt pauvres et touchés par la crise économique, ont été manipulés par la démagogie des politiciens et des gouvernements successifs. Il est plus facile de dire : « Tous les Arabes veulent nous tuer » que de garantir les droits de l’homme pour tous. La gauche a perdu la bataille parce qu’elle n’a pas réussi à rendre ses messages plus accessibles, notamment aux jeunes.

La Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Est-ce que cela peut favoriser la prise de conscience ?

Je soutiens ces mandats et je crois que ces crimes à Gaza sont réels. Mais la plupart des Israéliens s’en moquent. Ils considèrent toute critique comme antisémite : ce serait donc le cas de la Cour de La Haye, comme l’insistent politiques et médias. Cela évite de faire face à la réalité et de débattre des faits. Et beaucoup disent que l’arrivée de Donald Trump au pouvoir à Washington va changer la donne et que tout sera fini en janvier.

Que faut-il faire pour parvenir à la paix ?

Les Palestiniens et les Israéliens ont prouvé qu’ils ne pouvaient parvenir seuls à un accord. C’est pour ça que je suis en . La paix viendra d’une pression internationale massive : Union européenne, États-Unis, etc. Je ne vois pas d’autre solution. Nous devons forcer Israël – j’insiste sur le mot – à parvenir à un accord avec les Palestiniens. Netanyahu, qui fait partie du problème et souhaite que la guerre dure éternellement, doit quitter le pouvoir. Nous avons besoin d’un cessez-le-feu immédiat, du retour des otages, d’un retrait de Gaza qui devrait être remis à l’Autorité palestinienne, de la décolonisation des territoires pour un État palestinien souverain. Cela prendra des années, mais c’est la seule issue.


Nir Avishai Cohen, officier de réserve de Tsahal et militant pour la paix.

N. . C.

France

 
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