(Paris) Deux plaintes ont été déposées à Paris contre des dirigeants français d’associations pro-israéliennes pour « complicité de génocide », accusés notamment d’avoir empêché l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, a appris l’AFP mercredi auprès des associations plaignantes.
Publié à 12h10
Mis à jour à 14h58
L’une a été déposée mardi par l’Union juive française pour la paix (UFJP) et « une victime franco-palestinienne ».
Dans cette plainte, également révélée par le quotidien Le mondeles plaignants, soutenus par l’ONG Urgence Palestine, dénoncent « l’organisation, la participation et l’appel à participer à des actions concrètes bloquant l’aide humanitaire au territoire occupé de Gaza, notamment en empêchant physiquement le passage des camions aux postes frontières contrôlés par l’armée israélienne ». .
« Cette soumission délibérée de la population gazaouie à des conditions d’existence susceptibles d’entraîner sa destruction, et plus particulièrement le recours à la famine, caractérise, tant selon le droit international que selon le droit français, le crime de génocide », soutiennent les plaignants dans l’affaire. un communiqué de presse.
“Si la qualification juridique de génocide peut choquer, elle est ici la plus appropriée compte tenu des faits commis”, ont commenté auprès de l’AFP leurs avocates, Damia Taharraoui et Marion Lafouge.
Leur plainte avec constitution de partie civile pour complicité de génocide et incitation à la commission du génocide vise des personnalités d’« Israël est éternel » et de « Tzav-9 », associations pro-israéliennes, présentées comme ayant la nationalité française.
« Cela fait 14 mois que ma famille a subi le génocide à Gaza. J’ai arrêté de compter à la cinquantième personne assassinée là-bas», a déclaré à l’AFP la plaignante franco-palestinienne, qui refuse de témoigner sous son vrai nom par crainte de conséquences pour ses proches restés à Gaza.
«Je vois mes proches mourir. Maintenant, je dois leur demander : « Avez-vous mangé aujourd’hui ? », a déclaré cette femme dont le père de 70 ans, selon elle, « a perdu 24 kilos » faute de nourriture et en a désormais « 50 tout mouillé pour 1m80 ».
Ses neveux, « maigres, fatigués », lui ont dit lundi de « ne manger que du pain avec du zaatar ». [des épices, NDLR] deux fois par jour » et avoir « faim », raconte-t-elle encore, ne cachant pas sa colère contre « Israël est éternel » et Tzav, deux associations selon elle « complices et acteurs actifs du massacre ».
Une deuxième plainte avec constitution de partie civile, consultée par l’AFP, a été déposée mercredi par l’association Avocats pour la justice au Moyen-Orient et la Coordination des appels pour une paix juste au Moyen-Orient (CAPJPO)-Europalestine, pour « complicité dans le génocide ».
S’appuyant notamment sur des photos, des vidéos et des discours publics, ils accusent également les responsables d’« Israël est éternel » d’avoir bloqué des véhicules humanitaires.
« Le délit de complicité de génocide apparaît comme l’expression pénale la plus juste pour qualifier les faits […]. Il faut maintenant espérer que la justice française trouvera le courage d’enquêter sous cette qualification», ont commenté auprès de l’AFP les avocats des associations, Matteo Bonaglia et Ala Adas.
Le 26 janvier, la Cour internationale de Justice a demandé à Israël de tout mettre en œuvre pour empêcher tout acte de génocide lors de ses opérations militaires.
Israël conteste fermement ces accusations, revendique son « droit de défendre sa population » et accuse le mouvement islamiste palestinien Hamas d’utiliser des civils comme « boucliers humains ».
En septembre, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a classé sans suite une plainte d’associations dénonçant des tortures attribuées à un Franco-Israélien sur des hommes présentés comme des prisonniers palestiniens.
Le 21 novembre, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Israël a annoncé mercredi son intention de faire appel. Entre-temps, Paris a affirmé que M. Netanyahu bénéficiait d’une « immunité » qui doit « être prise en considération » en France.