l’essentiel
Claude Dilhat quitte son poste de présidente du Musée de la Résistance et de la Déportation, inauguré à Auch en 2023. Un projet dont elle a promu la réalisation. Entretien.
Ce mardi, la préfecture a accueilli l’assemblée générale de l’association du Musée de la Résistance et de la Déportation Guy Labédan, Léontine Bordes, Sarah Silber. Une assemblée spéciale, qui a vu le président, Claude Dilhat, démissionner.
Vous avez soutenu le projet du musée pendant des années. Que représente pour vous cette réalisation ?
Il représente ce que nous devons au respect de la mémoire, celle de ceux qui ont combattu pour la France, et au-delà, l’Europe et le monde sont libres. Cela représente aussi le grand devoir de vigilance qui est le nôtre, et surtout le devoir de tendre vers une fraternité impossible !
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Vous avez un lien particulier et personnel avec le musée.
Mon père est mort au camp de Buchenwald, il avait 28 ans. Il est né en Ariège et a été dans la résistance vers Marseille. J’ai encore un énorme dossier, mais rien de son histoire ne se trouve au musée. Je ne voulais pas qu’il y ait de confusion. Je parlerai de tout cela dans un livre. Mais bien sûr, mes choix ont été influencés par mon histoire.
Ce musée répond-il à vos aspirations initiales ?
M. Labedan, l’ancien président, nous a légué un très beau musée, rue Pagadéoutes. Riche en livres, en documents authentiques… Mais il fallait achever l’espace de la déportation, et créer un espace de la Shoah, qui n’existait pas. Il y a eu 3 raids dans le département, et 32 justes. Il était logique et normal de créer cet espace pour évoquer cet aspect de la guerre. Certes, les deux salles actuelles font environ 150 m2, quand l’ancien musée offrait 200 m2. La muséographie était contrainte par l’espace et des choix devaient être faits dans les éléments présentés. Mais le contenu des réserves peut être utilisé pour renouveler les vitrines ou créer des expositions temporaires. Mon dernier souhait en tant que président serait de voir de telles expositions dans la cour. Et bien sûr, d’autres associations qui souhaiteraient exposer sur ce thème peuvent également en bénéficier !
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Votre décision a été annoncée, tout comme votre succession. Cependant, vous ne quittez pas l’association…
Je resterai au conseil d’administration pour assurer la transition, mais j’ai toute confiance en ceux qui me succéderont. J’ai fait appel aux membres du conseil d’administration qui souhaitaient renouveler leurs fonctions, à de nouveaux… Et j’ai demandé à Jean-Jacque Sarlat s’il souhaitait devenir vice-président.
Que vous inspire la montée des extrêmes, à la lumière de cette mémoire qu’incarne le musée ?
Même à la retraite, je conserve le grade d’inspecteur d’Académie, et je reste soumis au devoir de réserve ! J’ai toujours pensé que l’Homme avait en lui tout ce qu’il y avait de bon au monde… Et tout ce qu’il y avait de mauvais, hélas ! D’où la nécessité d’être vigilant.