La guerre en Ukraine continue de faire craindre le pire, prévient un politologue qui souligne que le conflit pourrait dégénérer en guerre nucléaire si la France envoie des troupes sur le sol ukrainien.
• Lisez également : La Russie abat huit « missiles balistiques » tirés par l’Ukraine
• Lisez également : Justin Trudeau visitera l’Assemblée parlementaire de l’OTAN
« Nous sommes vraiment à un point de rupture », constate l’administrateur du centre de réflexion de l’Association Jean Monnet, Olivier Védrine. “Et si vous voulez, nous arrivons maintenant à un sommet et je pense que la pression sera continue jusqu’à l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.”
« Il existe désormais un coefficient d’incertitude qui profite [Vladimir] Poutine pour accroître la tension», a-t-il ajouté lundi dans un entretien sur LCN.
Et c’est pourquoi l’Europe, qui vit davantage avec la peur d’un conflit avec la Russie, tente tant bien que mal de contrebalancer le trou dans l’aide à l’Ukraine que laisseront les Etats-Unis lorsque Donald Trump prendra le pouvoir à Washington.
La France a également réitéré la possibilité d’envoyer des troupes occidentales sur le terrain en Ukraine, une piste évoquée pour la première fois par le président français Emmanuel Macron début 2024.
Une photographie officielle diffusée par la BBC le 24 novembre 2024 et prise le 22 novembre 2024 montre le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot apparaissant dans l’émission politique de la BBC « Sunday Morning » avec la journaliste Laura Kuenssberg lors d’un entretien préenregistré.
AFP
“Nous n’excluons aucune option”, a répondu le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, interrogé sur cette possibilité dans un entretien à la BBC vendredi dernier.
Il n’y a pas de « lignes rouges » sur la question du soutien de la France à l’Ukraine, a-t-il ajouté.
Et le plus grand risque dans ces moments de « montée aux extrêmes », comme le dit le spécialiste du conflit en Ukraine, est qu’un mauvais calcul ou « une erreur humaine » conduise au scénario catastrophique d’une Troisième Guerre mondiale.
Des tensions croissantes
Ces dernières semaines, le président russe s’est rapproché de son homologue Kim Jong-un et a déployé plus de 10 000 soldats nord-coréens en Russie pour déloger les Ukrainiens qui occupent le territoire de Koursk.
La semaine dernière, Joe Biden a finalement donné l’autorisation à l’armée ukrainienne d’utiliser des missiles américains longue portée ATACMS pour frapper jusqu’à 300 kilomètres de profondeur en territoire russe.
En réponse, le président russe a autorisé, de son côté, le lancement d’un missile balistique hypersonique baptisé « Orechnik » (Hazel), d’une portée allant jusqu’à 5 500 kilomètres, sur la ville de Dnipro en Ukraine. Heureusement, la tête de l’engin a été dépouillée de ses ogives nucléaires, mais il s’agissait tout de même de la première utilisation d’une telle arme dans l’histoire de l’humanité lors d’un conflit.
Une capture d’écran tirée d’une vidéo mise en ligne le 21 novembre 2024 par l’association caritative ukrainienne « Come Back Alive » montre des éclairs sur la ville ukrainienne de Dnipro.
AFP
Mais c’est surtout l’actualisation de la doctrine nucléaire russe, qui amène sans cesse l’esprit d’une Troisième Guerre mondiale sur le monde, qui inquiète davantage l’analyste.
“Le problème, c’est que la nouvelle doctrine russe trace désormais une frontière très ténue entre le recours aux armes conventionnelles et aux armes nucléaires”, précise M. Védrine. « La nouvelle doctrine nucléaire russe est très claire : tout pays qui attaque la Russie et qui est aidé par des puissances nucléaires peut avoir une réponse nucléaire », paraphrase-t-il.
Ainsi, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, qui possèdent tous l’arme nucléaire, pourraient faire l’objet d’une attaque de représailles russe. Par ailleurs, Vladimir Poutine a été très explicite jeudi dernier sur ses menaces contre les pays occidentaux qui envoient de l’aide à l’Ukraine.
AFP
Cela n’a toutefois pas empêché les Européens de durcir une fois de plus leur position à l’égard de la Russie.
« L’Ukraine ne peut pas perdre. C’est un peu le message fondamental des Britanniques et des Français. C’est aussi le message fondamental de l’Europe », déclare l’invité.
Regardez l’interview complète d’Olivier Védrine dans la vidéo ci-dessus.