“Nous l’espérons [la réunion] conduira à des résultats concrets et significatifs“A déclaré vendredi Andriy Sybiha, ministre ukrainien des Affaires étrangères, précisant que Kiev augmenterait”la question de [comment] limiter la capacité de la Russie à produire ce type d’armes« .
Lancement d’un missile balistique sur l’Ukraine : Poutine intimide, à quel point faut-il s’inquiéter ?
Dépendance à l’aide internationale
L’utilisation par la Russie d’un missile balistique hypersoniqueça ne changera pas non plus le déroulement du conflit ni la détermination des alliés de l’OTAN à soutenir l’Ukraine», a assuré Farah Dakhlallah, porte-parole de l’Otan.
En effet, il apparaît aujourd’hui que les deux belligérants ont besoin du soutien militaire de leurs alliés pour soutenir leurs efforts de guerre respectifs. Certes, au niveau de la production d’armes de l’Ukraine, “il y a un vrai mouvement haussier, tant technique que quantitatifanalyse Thibault Fouillet, directeur scientifique de l’Institut d’études de stratégie et de défense, rattaché à l’université Lyon III. Mais en réalité Kiev se retrouve en déficit structurel vis-à-vis de Moscou. Le front a de grandes difficultés à avancer et les opérations, tant offensives que défensives, sont coûteuses. Vous consommez donc plus de ressources que vous n’en produisez. Toute la question est de gérer ce flux restreint. Et la production ukrainienne à elle seule ne permet toujours pas de garantir à long terme un seuil de déficit dit « acceptable » pour pouvoir agir. D’où l’importance de l’aide occidentale, et notamment américaine.“
mouetteBien que les Européens soient des partenaires très importants pour l’Ukraine, ils ne peuvent pas remplacer les États-Unis.
L’Union européenne et ses États membres sont devenus les principaux pourvoyeurs d’aide financière à l’Ukraine, devant les États-Unis. “Cependant, malgré l’augmentation de la production, ce soutien reste déficitaireestime le chercheur. D’une part parce que de nombreux Etats ont puisé dans leurs faibles approvisionnements, d’autre part parce que les Européens eux-mêmes se réarment pour retrouver leur puissance.“
Même du côté russe, bien que moins important que du côté ukrainien, ce déficit structurel existe. “Avec cette guerre d’usure, la Russie a épuisé une grande partie de son stock de systèmes blindés et de munitions modernes. Ainsi, la contribution d’un quelconque allié, comme les drones iraniens ou les soldats nord-coréens, n’est pas anecdotique et est toujours utile à la Russie.“
En autorisant le recours aux missiles à longue portée, Joe Biden prépare l’Ukraine à l’arrivée de Trump : “La décision aurait dû arriver plus tôt”
L’effet de l’arrivée de Donald Trump
La réunion de mardi s’inscrit dans une logique d’hybridation géostratégique du conflit en Ukraine : Moscou bénéficie de l’intervention militaire de la Corée du Nord, tandis que Kiev est désormais autorisée à frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée fournis par ses alliés occidentaux.
L’arrivée imminente de Donald Trump à la Maison Blanche est aussi un nouveau paramètre qui modifie sensiblement la logique de la guerre. Bien que le conflit ait commencé sous le mandat de l’administration Biden, le républicain affiche la volonté d’y mettre un terme le plus rapidement possible.
Que se passerait-il si les États-Unis cessaient complètement de soutenir les Ukrainiens ? “Même si les Européens sont des partenaires très importants pour l’Ukraine, et s’ils relèvent le seuil de livraisons, ils ne pourront pas remplacer les États-Unis… Donc, s’il y avait un arrêt total de l’aide américaine, ce serait un tournant sur le front. Si nous éliminons tout le soutien américain, qui comprend les armes, l’aide à la planification et le renseignement, il y aura inévitablement une crise. »
Nous n’en sommes pas encore là, tempère notre interlocuteur. “La position de Donald Trump, bien que plus dure, n’est pas celle d’un arrêt. Ce scénario est certes possible, mais il n’est pas inévitable. Il faudra prendre le temps de voir et de distinguer les annonces et les actions concrètes [du Républicain].“
“Attention à ne pas surinterpréter ces nouvelles donnéesinsiste Thibault Fouillet. Il faut garder à l’esprit un principe de réalité. Quand on analyse le discours de Donald Trump, même s’il y a très peu de cohérences, on n’en trouve qu’une au niveau de la politique étrangère. C’est la notion de conditionnalité. Les États-Unis aideront en fin de compte Kiev, si cela est favorable à leurs intérêts. Ce ne sera pas un chèque en blanc.“