Călin Georgescu a créé la surprise en arrivant largement en tête lors de la première élection présidentielle roumaine, recueillant plus de 22% des voix.
Après l’élimination de justesse du grand favori du scrutin, l’actuel Premier ministre Marcel Ciolacu, le candidat d’extrême droite de 62 ans a de bonnes chances de l’emporter.
Mais alors, qui est-il et que propose-t-il ?
Un mini tremblement de terre. Considéré comme grand favori à l’élection présidentielle en Roumanie, l’actuel Premier ministre Marcel Ciolacu ne verra finalement pas le second tour. Le candidat du Parti social-démocrate (PSD) a terminé en troisième position dès le premier tour (19,15%). Il a été battu d’un souffle et de quelques milliers de voix par Elena Lasconi (USR, 19,17%).
Călin Georgescu – candidat indépendant d’extrême droite – est arrivé en tête avec un solide score de 22,94%. L’homme de 62 ans se retrouve donc dans un vote favorable, d’autant que l’autre représentant d’extrême droite, George Simion (AUR) totalisait 13,87% des suffrages exprimés. Il suffit de dire que dans quelques jours, le 8 décembre, la Roumanie pourrait opérer un virage politique à 180 degrés.
Un candidat antisystème… vraiment ?
Peu friand des grands médias, Călin Georgescu a réalisé l’essentiel de sa campagne sur les réseaux sociaux, et notamment sur TikTok, où il compte plus de 3,4 millions d’abonnés. Certaines de ses vidéos et courts clips sont devenus extrêmement viraux, lui permettant de gagner rapidement en popularité auprès des jeunes.
Mais c’est surtout avec son étiquette de candidat antisystème qu’il a su faire la différence, profitant du mécontentement latent au sein de ce pays d’Europe de l’Est de 19 millions d’habitants. Sa position de leader peut être analysée comme un « protestation ou révolte contre l’establishment », la classe politique établie, confirme le consultant politique Cristian Andrei à l’AFP. « Les principaux partis politiques ont perdu le contact avec les Roumains ordinaires »dit-il. « Il n’y a pas de candidats ou de dirigeants forts… il y a des candidats faibles, des dirigeants faibles, et les partis en général sont assez déconnectés les uns des autres »ajoute-t-il, de manière très critique.
Pour autant, l’intéressé n’est pas totalement étranger à la politique. Après des études à l’Université des Sciences Agronomiques et de Médecine Vétérinaire de Bucarest et au Collège de Défense Nationale de la ville, il a occupé des postes au Ministère de l’Environnement au niveau national et au sein du comité national du Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Călin Georgescu a même été proposé à deux reprises au poste de Premier ministre par son ancien parti, l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR).
Il fut finalement exclu de cette même formation en raison de propos sulfureux concernant Corneliu Zelea Codreanu (fondateur de l’organisation fasciste de la Garde de Fer) et Ion Antonescu (qui dirigea la Roumanie, en collaborant avec l’Allemagne nazie, entre 1940 et 1944). « Ils ont tous fait de bonnes actions, et d’autres moins bonnes. Je ne peux pas avoir d’opinion sur les martyrs”a-t-il notamment déclaré.
La guerre en Ukraine, « ce ne sont pas nos affaires »
Quant à son programme, il est difficile à trouver tel quel. Il n’a pas de programme, selon Cristian Andrei. Le candidat s’est donc démarqué pour des postes qui sont « au-delà du discours normal » sur plusieurs questions majeures. Le plus important d’entre eux est son hostilité non dissimulée à l’égard du soutien à l’Ukraine, pays avec lequel la Roumanie partage une frontière commune. « Nous devrions être des observateurs (de ce conflit). Nous ne devrions pas être impliqués, ce n’est pas notre affaire »a-t-il assuré. Et il a récidivé dimanche, après la fermeture des bureaux de vote. « Ce soir, le peuple roumain a crié à la paix. Et ils ont crié très fort, extrêmement fort. »il a insisté.
Particularité notable, le sexagénaire se revendique également pro-russe et pro-Poutine. Dans une interview accordée en 2022, il décrivait par exemple le maître du Kremlin comme l’un des rares véritables dirigeants au monde. De même, il ne cache pas une certaine hostilité à l’égard de l’OTAN, même si la Roumanie est l’une des bases avancées de l’alliance dans la région, abritant un contingent de 5 000 hommes. Comme le président russe, il qualifie également l’installation du bouclier antimissile de l’OTAN sur le territoire roumain de mesure de confrontation plutôt que de mesure pacifique.
Parmi ses autres thèmes forts, Călin Georgescu veut renforcer le soutien aux agriculteurs roumains et initier la réduction de la dépendance énergétique et alimentaire de Bucarest. Il s’est également fait remarquer pour son scepticisme à l’égard des vaccins pendant la crise du Covid-19. «Je crois en mon immunité. La science n’implique pas la vie, ne peut la saisir et ne peut pas la créer. Je suis responsable de ma propre décision », dit-il à l’époque.
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En cas de victoire le 8 décembre, le candidat d’extrême droite marquerait l’histoire politique de son pays, la Roumanie ayant, depuis son émancipation de l’URSS, résisté aux sirènes nationalistes, contrairement à certains de ses voisins, comme la Hongrie ou la Slovaquie.