Le cabinet de sécurité israélien se réunit mardi pour discuter d’un cessez-le-feu au Liban, où Israël est en guerre contre le Hezbollah, tandis que les Etats-Unis parlent d’un accord proche, tout en appelant à la prudence.
A l’heure où les efforts diplomatiques s’intensifient, Israël multiplie les bombardements sur les fiefs du mouvement islamiste, notamment sur la banlieue sud de Beyrouth qui ont été à nouveau ciblées mardi après un appel à évacuer. Lundi, au moins 31 personnes avaient été tuées à travers le Liban, selon les autorités.
Les Etats-Unis, l’Union européenne et l’ONU tentent d’obtenir une trêve entre Israël et le puissant mouvement libanais soutenu par l’Iran, entré en guerre ouverte fin septembre après des mois d’échanges de tirs en marge de l’offensive israélienne. à Gaza.
Israël n’a “aucune excuse” pour refuser un cessez-le-feu, a déclaré mardi le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell. « Espérons qu’aujourd’hui le gouvernement de (Benjamin) Netanyahou approuvera l’accord de cessez-le-feu », a-t-il ajouté.
L’ONU a réitéré son appel à un « cessez-le-feu permanent » au Liban, en Israël et à Gaza.
Le cabinet de sécurité doit se réunir mardi après-midi pour discuter d’un accord de cessez-le-feu, a annoncé la vice-ministre des Affaires étrangères Sharren Haskel, refusant d’entrer dans les détails du texte.
“Nous pensons que nous avons atteint le point où nous sommes proches” d’un accord, a déclaré lundi John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche, tout en soulignant que rien n’était encore sûr.
Egalement très impliquée dans les efforts de médiation, la présidence française a affirmé lundi que les discussions avaient “avancé de manière significative”.
Mais le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a prévenu mardi que son pays agirait « avec force » si un accord était violé. “Si vous n’agissez pas, nous le ferons, et avec force”, a-t-il déclaré, cité par son ministère, lors d’un entretien avec la coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert.
La guerre qui fait rage depuis octobre 2023 dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas s’est étendue au Liban depuis septembre, après un an d’échanges de tirs de part et d’autre de la frontière entre l’armée israélienne et le Hezbollah, allié du mouvement islamiste palestinien. . Des dizaines de milliers de civils ont été déplacés dans les régions frontalières du nord d’Israël et du sud du Liban.
– « Tunnels, fusées » –
Selon le site d’information américain Axios, l’accord repose sur un projet américain prévoyant une trêve de 60 jours durant laquelle le Hezbollah et l’armée israélienne se retireraient du sud-Liban pour permettre à l’armée libanaise de s’y déployer.
Il comprend la création d’un comité international chargé de surveiller son application, a ajouté Axios, précisant que les Etats-Unis auraient donné des assurances de leur soutien à une action militaire israélienne en cas d’actes hostiles du Hezbollah.
La médiation s’appuie sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et qui stipule que seules l’armée libanaise et les soldats de maintien de la paix peuvent être déployés à la frontière sud du Liban.
Cependant, le ministre israélien d’extrême droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déclaré qu’un cessez-le-feu serait « une grave erreur ».
Originaire du nord d’Israël, Dorit Sison, une femme de 51 ans, dit craindre un règlement comme celui de 2006, qui permettrait selon elle au Hezbollah de “se réarmer”. Maintenant, a-t-elle ajouté, « ils ont des tunnels, des roquettes, toutes les munitions possibles ».
Pour Nahum Donita, un habitant de Tel Aviv âgé de 60 ans, « il est clair qu’on ne peut pas faire confiance au Hezbollah (…) Mais (…) le gouvernement israélien n’est pas non plus digne de confiance ».
Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah au sud du Liban pour sécuriser sa frontière et permettre le retour de 60 000 résidents déplacés. Le mouvement chiite, qui a subi des coups très sévères depuis septembre, a assuré qu’il combattrait Israël aussi longtemps que l’offensive à Gaza se poursuivrait, tout en se disant ouvert à un cessez-le-feu.
Le Hezbollah a tiré lundi au moins 30 projectiles sur Israël, selon l’armée.
Selon le ministère de la Santé, près de 3 800 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, la plupart depuis septembre dernier.
Côté israélien, 82 soldats et 47 civils ont été tués en 13 mois.
– Protégez-vous de la pluie –
L’armée israélienne poursuit également ses frappes sur la bande de Gaza assiégée, où onze personnes ont été tuées dans la nuit de lundi à mardi, selon la Défense civile.
Au début de l’hiver, des milliers de déplacés tentent avec de maigres moyens de se protéger de la pluie. « Nous essayons autant que possible d’empêcher l’eau de pluie de s’infiltrer dans les tentes pour que les enfants ne soient pas trempés », explique Ayman Siam, un père réfugié dans le camp de Yarmouk à Gaza. ville du nord.
L’hiver s’annonce “horrible”, a prévenu Louise Wateridge, responsable des urgences à l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Les habitants de Gaza « n’ont pas eu les choses les plus élémentaires depuis 13 mois : pas de nourriture, pas d’eau, pas d’abri. Avec la pluie et le froid en plus…», a-t-elle expliqué à l’AFP.
La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a fait 1.207 morts côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. , y compris les otages tués ou morts en captivité.
L’offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 44.249 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.