un ministre prend le pouls au campus du Saulcy

C’est une journée presque ordinaire, ce lundi 25 novembre 2024. Les étudiants vont et viennent sur le campus du Saulcy à Metz comme si de rien n’était. Sauf les panneaux publicitaires qui, les uns après les autres, affichent un message antigouvernemental similaire.

L’arrivée de Patrick Hetzel, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, est connue depuis vendredi 22 novembre et les étudiants ont eu le temps de lui préparer un comité d’accueil. « Hetzel, sors de là, l’université ne t’appartient pas » ou « La privation. L’université de Hetzel, nous n’en voulons pas », les tags se succèdent et se ressemblent. Puis ils laissent place aux chansons. Une petite mobilisation d’étudiants s’entend à quelques mètres des résidences universitaires.

un ministre prend le pouls au campus du Saulcy
© La Semaine

C’est là que le ministre a été déposé. Il est dans l’un d’eux entouré des services de l’Etat, des élus du territoire (le maire François Grosdidier, le député Belkhir Belhaddad, le sénateur Khalifé Khalifé entre autres), et des membres de l’Université de Lorraine ainsi que Dominique Peljak, directeur du CHR Metz. -Thionville. Il sourit, échange des regards complices, fait bonne figure dans ses baskets malgré les exigences qui perdurent à l’extérieur.

Frédéric Léonard, directeur général du Crous Lorraine, dit quelques mots et voilà tout ce petit monde en route pour une visite des bâtiments. On parle naturellement de confort, d’architecture, de capacité d’accueil ou encore de construction future. Ainsi, on apprend qu’un P8 (huitième bâtiment) verra le jour en 2025 avec 130 logements de 16 m2 qui sera accessible pour la rentrée 2026, portant l’offre d’hébergement à 1 054.

Une carte étudiante d’aide à la restauration

Direction ensuite le restaurant universitaire pour le plat principal : le discours attendu du ministre. Il vante d’abord la qualité de l’accueil des étudiants sur le site du Saulcy, confiant que l’amélioration de la vie étudiante doit reposer sur « le triptyque : logement, alimentation et aide sociale ».

Puis il parle de chiffres, rappelant qu’entre septembre 2023 et septembre 2024, “43 millions de repas ont été servis et plus de 500 000 étudiants ont bénéficié de repas à 1 euro”. Ces mesures restent toutefois imparfaites puisqu’elles ne touchent pas tout le monde.

« Environ 100 000 étudiants ne disposent pas de solution de restauration locale [à moins de vingt minutes] à un prix modéré», glisse-t-il. Et ce sont eux que l’Etat veut cibler avec le lancement d’une carte étudiante d’aide à la restauration à partir de février 2025. Elle variera entre 20 euros (non boursier) et 40 euros (boursier) avec une majoration de 10 euros pour l’étranger. départements. « La publication du décret au Journal officiel est prévue cette semaine », confie Patrick Hetzel, ravi. Une mesure budgétisée par l’Etat à 38 millions d’euros pour 2025 et 45 millions d’euros pour 2026.

Selon le décret publié, chaque rectorat sera chargé d’identifier les « zones blanches » pour déterminer quels étudiants seront éligibles à ces aides. Attention, cette carte sera rechargée tous les mois et pourra être utilisée aussi bien dans les restaurants que pour faire vos courses dans les magasins d’alimentation.

« Cela ne nous satisfait pas du tout »

Jean Daudré-Vignier, représentant étudiant.

L’accueil de la mesure est mitigé parmi les étudiants. « Nous sommes relativement contents de voir qu’il y a des financements alloués aux étudiants mais cela ne nous satisfait pas du tout », indique Jean Daudré-Vignier, vice-président étudiants au Crous Lorraine. Et pour cause, il constate que la précarité étudiante s’accentue avec une augmentation de « 200 % l’an dernier, encore 200 % l’année prochaine » de la fréquentation des Agoraes. [épicerie solidaire ouverte aux étudiants sur critères sociaux où ils bénéficient de produits alimentaires sont à 10 % du prix du marché]. La demande est telle qu’une quatrième épicerie verra bientôt le jour en Lorraine.

Jean Daudré-Vignier, représentant étudiant, n'est pas vraiment convaincu par cette nouvelle mesure gouvernementale.
© La Semaine

« A première vue, on a l’impression que c’est une bonne chose mais d’un autre côté, la loi Levi impose des partenariats et des conventions pour que les Crous puissent avoir des points de restauration pour les étudiants. [mairie, restaurant administratif]. Nous préférerions qu’il aille dans ce sens car cela maintiendrait le repas entre 1 et 3,30 euros. Là, nous n’avons aucun retour sur ce que l’étudiant paiera au final. On va juste lui donner une enveloppe», explique Jean Daudré-Vignier, soulignant que si les frais restent les mêmes, la carte lui donnera trois repas. Il termine en nuançant ses propos car si l’accord apparaît comme la solution la plus adaptée, il alourdit également « la charge financière du Crous ». Il note également que la mesure concerne davantage les villes de taille moyenne comme Thionville ou Forbach car les plus grandes villes (Metz, Nancy) disposent déjà d’un établissement de restauration sur les différents campus.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Plus chaud, plus sec en été, moins en hiver… À Lorient, quel sera le climat en 2030, 2050 et 2100 ?
NEXT Les gagnants et les perdants du match contre Rennes