Chez Migros, vous voyez pourquoi Trump a gagné : l’inflation

Chez Migros, vous voyez pourquoi Trump a gagné : l’inflation
Chez Migros, vous voyez pourquoi Trump a gagné : l’inflation

Donald Trump n’a probablement pas remporté l’élection présidentielle américaine grâce à sa férocité envers les immigrés. C’est plutôt l’inflation et les phénomènes psychologiques associés qui auraient été décisifs.

Niklaus Vontobel / ch médias

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Peu après la réélection de Donald Trump aux États-Unis, une explication à sa victoire semblait émerger. C’est la mauvaise situation économique qui aurait fait pencher la balance, notamment une inflation galopante. Comme pour confirmer ce qu’un stratège de Bill Clinton disait :

“C’est l’économie, stupide !”

Mais de nombreux experts ont immédiatement contredit cette analyse, notamment ceux proches des démocrates. Selon eux, les prix ont certes augmenté de manière significative, mais les salaires ont emboîté le pas et même davantage. Le chômage n’a jamais été aussi bas depuis 50 ans, et Joe Biden et Kamala Harris ont généralement beaucoup travaillé pour la classe moyenne et la « classe ouvrière ».

Il a gagné. Sans qu’on ait encore bien compris comment.Image : clé de voûte

Par son agitation, Trump aurait préféré réveiller un racisme ou une xénophobie latente. Ou nous devons blâmer les médias, les New York Times entre autres, ou ceux qui soutiennent le Républicain : X et Fox News. Ils auraient dénigré la politique économique de Biden, de sorte que son adversaire aurait gagné grâce à des électeurs mal informés. Racisme, propagande, bien tristes raisons d’une victoire.

Mais ce ne sont probablement pas les bons. L’inflation a inévitablement joué un rôle décisif, malgré une économie en plein essor et des salaires qui ont augmenté plus vite que les prix. C’est ce que suggère une nouvelle étude qui tente de répondre à une vieille question :

Pourquoi les gens n’aiment-ils pas l’inflation ?

Au fond, pourquoi s’en inquiéter si les salaires augmentent autant, voire plus, que les prix. Tout peut coûter plus cher chez Aldi, Lidl, Migros ou Coop, mais pourquoi s’embêter si je gagne plus et suffisamment plus ? Mon pouvoir d’achat reste le même. La logique semble implacable. Mais ça ne marche pas comme ça.

L’étude met en lumière ce que la population perçoit. Les gens remarquent certainement une augmentation des prix et, en même temps, une augmentation de leur rémunération. Mais ils sont convaincus que les salaires ne suivent pas le niveau des prix et sont à la traîne. Ils ont le sentiment que leur pouvoir d’achat finit par diminuer, qu’ils en ont moins pour leur argent et qu’ils doivent se serrer la ceinture.

Nourrir la peur et la colère

Comment expliquer ce sentiment ? Selon l’étude, en tant que clients et employés, les gens pensent qu’ils se font avoir par les employeurs et les entreprises. Ils abuseraient de leur position dominante pour s’opposer à des augmentations de salaires équitables et augmenter leurs profits. L’inflation finirait donc nécessairement par nuire aux consommateurs.

La façon dont nous percevons les augmentations de salaires renforce encore la colère contre ce phénomène : elles ne compenseront pas la hausse des prix. Ils ne sont pas non plus considérés comme la conséquence d’une économie en plein essor, où l’inflation est certes élevée, mais où il y a beaucoup d’emplois, peu de chômeurs et une forte croissance des salaires.

Cela n’a en réalité rien à voir avec l’inflation. En général, elle est davantage attribuée au mérite, à une récompense pour une performance professionnelle ou à une promotion. C’est ainsi que pensent les gens qui ont changé d’emploi en période de forte inflation.

Tout bien considéré, l’inflation est donc politiquement toxique. Cela déclenche des vagues de colère et de peur. Les moins aisés s’inquiètent de leur avenir, achètent moins de biens ou de moindre qualité. Pour eux, l’inflation est injuste ; les personnes bien payées le tolèrent mieux ou obtiennent des augmentations plus importantes. Le principal responsable de tout cela est – de l’avis des citoyens – très souvent le gouvernement.

Lors de l’élection présidentielle, les électeurs ne pensaient sans doute pas autrement. L’économiste Paul Krugman a estimé sur Bluesky qu’ils réclament les augmentations de salaires dont ils ont bénéficié, mais pour l’inflation en revanche, « c’est la faute de Biden ». C’est donc presque un miracle que Harris n’ait pas été battu plus clairement.

Cet endroit est maintenant devenu suffisamment grand pour faire ce que Muskland faisait autrefois : me donner une idée de ce que pensent les gens intelligents et, surtout, de ce qu’ils ne savent pas. Par exemple, il s’avère que beaucoup ne savent pas qu’il est bien établi que la plupart des gens ne relient pas la croissance des salaires à l’inflation 1/

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– Paul Krugman (@pkrugman.bsky.social) 16 novembre 2024 à 01h15

Compte tenu de tout cela, je n’ai pas beaucoup de patience face à toutes les récriminations des démocrates. C’est presque un miracle qu’ils se soient rapprochés à ce point. Le véritable mystère de la politique américaine est de savoir comment le GOP a été pris au pouvoir par des gens aussi horribles. 5/

– Paul Krugman (@pkrugman.bsky.social) 16 novembre 2024 à 01h27

Les réélections, un ticket direct pour la poubelle

Le tableau d’ensemble correspond à la thèse de l’inflation politiquement toxique. Un journaliste de données de Temps Financier (FT) a fouillé dans la base de données ParlGov, qui compile les résultats électoraux des pays démocratiques depuis 120 ans. Et 2024 restera dans l’histoire.

Dix grands pays ont organisé des élections nationales. Outre les États-Unis, il y en a eu au Japon, en Inde, en et en Grande-Bretagne. A chaque fois, les sortants subissaient le verdict des urnes. Ils ont perdu des voix. À chaque fois. Le journal britannique titrait donc :

« Les démocrates américains atterrissent dans le cimetière des titulaires de 2024 »

Si nous constatons des renversements partout dans le monde, pourquoi ne pas chercher une tendance mondiale pour expliquer tout cela ? Et l’inflation qui a suivi la pandémie de Covid était une telle tendance. C’est la principale préoccupation des citoyens de près de 30 pays au cours des deux dernières années. Poussant ainsi le FT à conclure que les dirigeants sont désormais confrontés à un environnement plus hostile que jamais, dans la mémoire des historiens.

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Traduit et adapté par Valentine Zenker

 
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