Deux anciens Premiers ministres français ont eu l’occasion de confronter leurs points de vue sur la guerre en cours entre Israël et le Hamas à Gaza, déclenchant des tensions particulières sur un sujet particulièrement sensible.
Samedi soir, sur le plateau de « Quelle époque », Dominique De Villepin, premier ministre de Jacques Chirac de 2005 à 2007, était invité à évoquer une tribune qu’il avait signée appelant à un cessez-le-feu à Gaza.
Était également présente sur le plateau Élisabeth Borne, l’ancienne première ministre d’Emmanuel Macron, qui ne partage pas la vision de son prédécesseur, devenu récemment une ardente critique de la manière dont Israël mène la guerre à Gaza.
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Dominique De Villepin a commencé par parler d’un “silence assourdissant”, d’une “invisibilité de ce qui se passe à Gaza” car “des journalistes sont pris pour cible et assassinés”.
« Le problème avec Gaza, c’est qu’elle est assiégée. Et il faudra, à un moment donné, forcer les portes », a-t-il déclaré, appelant à une action plus forte de la diplomatie française pour s’opposer à la guerre contre Gaza.
Concernant les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, De Villepin estime “qu’on ne peut aujourd’hui échapper à nos responsabilités quand on est Premier ministre d’une démocratie comme Israël”.
“Quand nous utilisons des bombes de 500 kg, 1 000 kg sur des maisons, sur des champs, nous imaginons que nous trouverons des corps en morceaux, dans lesquels il y aura peut-être la moitié d’un terroriste, mais il y aura beaucoup d’enfants et beaucoup de femmes”.
L’ex primo ministro Dominique De Villepin (a destra), sul set di “Quelle Epoch”, 23 novembre 2024. (Screen capture YouTube / Quelle Epoch – France Télévisions)
L’ancien Premier ministre déplore également la réduction de l’aide humanitaire entrant à Gaza, dont il reconnaît néanmoins qu’elle est parfois pillée par le Hamas.
« Oui, le Hamas existe toujours. Mais le Hamas a-t-il encore la capacité de saper la sécurité d’Israël ? “, a-t-il déclaré. « Il ne faut pas se contenter de belles paroles […]voter des résolutions aux Nations Unies.
Il a ajouté : « Je dis à Emmanuel Macron : reconnaissez l’État palestinien avec l’Union européenne. »
« Israël respecte-t-il le droit international ? NON. Benjamin Netanyahu respecte-t-il le droit international humanitaire ? NON. », a déclaré l’ancien Premier ministre avant d’ajouter : « Israël doit comprendre que la justice doit être appliquée et que nous devons donc offrir une perspective aux Palestiniens, sinon ce conflit deviendra de plus en plus un conflit religieux. […] un conflit entre deux mondes.
Elisabeth Borne a, de son côté, tenu à rappeler “l’attaque terroriste et barbare du Hamas le 7 octobre”. Cette attaque est à l’origine de la guerre en cours à Gaza, puisqu’après 1 200 personnes tuées et 251 otages pris par des terroristes palestiniens dans le sud d’Israël, l’État hébreu a lancé une offensive contre le Hamas à Gaza.
« Nous sommes sur un sujet qui crée des fractures dans notre pays, il est donc important de reconnaître qu’il existe un État démocratique qui a été attaqué et qu’il existe également une tragédie humanitaire effrayante dans la bande de Gaza.
« L’emplacement [française] c’est demander un cessez-le-feu, mais de là dire qu’il n’y a plus de problème, que le Hamas n’est plus une menace…”, a estimé Borne avant d’être interrompu par Dominique De Villepin qui a déclaré : “Ce n’est pas moi qui le dit […] la plupart des chefs militaires et du renseignement [israéliens] Je ne suis pas sur la ligne de Benjamin Netanyahu.
L’ex primo ministro Élisabeth Borne sul set di “Quelle Epoch”, 23 novembre 2024. (Screen capture YouTube / Quelle Epoch – France Télévisions)
« Le Hamas a tendu un piège à Israël et à la communauté internationale. “C’est un piège majeur car cela a conduit à l’escalade à laquelle nous assistons”, a-t-il poursuivi. « La guerre contre le terrorisme ne résout pas les problèmes d’insécurité et ne conduit pas à la paix. »
“Je comprends qu’Israël garantit sa sécurité, c’est son droit le plus absolu”, a-t-il insisté, insistant toutefois sur le fait que “les Palestiniens ne sont pas le Hamas, le terrorisme du Hamas n’est pas le Hamas”, il n’est pas un terroriste palestinien.
Élisabeth Borne a accusé De Villepin de tomber dans la « politique politique ». « Je dis que la France n’a pas affirmé avec force, depuis le début, qu’Israël a le droit de se défendre conformément au droit international… » commence-t-elle à expliquer avant d’être à nouveau interrompue par De Villepin qui dit « Assez là. Le fait-il dans le respect du droit international ? « .
Le ton monte alors entre les deux leaders politiques, Borne interpelle De Villepin en lui demandant « quelle est votre solution magique ? « .
« Je n’accepte pas les massacres dans la bande de Gaza, et ensuite ? “, a-t-il déclaré. «Nous proposons une nouvelle résolution [pour demander un cessez-le-feu au Conseil de sécurité de l’ONU] », a répondu Dominique De Villepin.
Également présent sur le plateau, le réalisateur juif Michel Hazanavicius, qui a réagi aux propos de De Villepin en déclarant : « Je suis très surpris quand je vous entends dire ‘On sait quoi faire, c’est très simple’. Je me méfie beaucoup des gens qui « ont la solution », ce qui semble être votre cas.
terrible”.
Michel Hazanavicius, sul set dello spettacolo “Quelle époque”, trasmesso su France 2, 23 novembre 2024. (Screen capture YouTube / Quelle époque – France Télévisions)
“En France, quand on dit ‘soupçon de génocide’, il y a toujours le mot ‘génocide'”, a-t-il déclaré, reprenant les propos de l’ancien Premier ministre qui faisait écho à la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour de justice internationale.
« Ce mot n’est pas innocent aujourd’hui […] Cela implique malgré tout un signe égal entre des personnes qui ont été exterminées programmatiquement et des personnes qui vivent une autre situation, tout aussi forte émotionnellement, mais qui n’est pas la même chose. »
« Ce qui est vrai, c’est qu’il s’agit de détruire un groupe palestinien pour ce qu’il est. […]c’est la réalité quotidienne de Gaza », a répondu De Villepin. “Je ne prétends pas avoir la solution, je dis que nous avons les outils et que la diplomatie, c’est savoir se mobiliser sur chaque sujet […] pour apporter des réponses. »