« J. Je n’ai jamais eu un orgasme aussi beau et fort que celui de ce matin ; Chaque jour, cela va de mieux en mieux. » A 70 ans, Régine est amoureuse du parfait son mari, Philippe, 64 ans, et n’a jamais été aussi épanouie sexuellement de sa vie. « On a des pratiques sans tabous et complètement décalées qu’on n’aurait jamais osé quand on était plus jeune. On arrive à complètement lâcher prise et, avec l’âge, on connaît son corps et on arrive à profiter pleinement l’un de l’autre”, raconte joyeusement le septuagénaire.
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La sexualité des personnes âgées est l’un des tabous les plus persistants. Dans l’imaginaire collectif, les seniors – ceux de plus de 60 ans – deviendraient subitement asexuels. Mais la vie sexuelle s’étend bel et bien à des âges avancés, voire très avancés. « Et cela se diversifie », précise le Dr Caroline Moreau, épidémiologiste et co-responsable de la toute récente enquête Inserm, en partenariat avec l’ANRS et Santé publique France, sur les comportements sexuels des Français en 2023.
Pour la première fois, l’organisme de recherche a mesuré l’activité sexuelle des personnes de 60 à 89 ans. Cette étude montre que 60,8% des femmes et 79,3% des hommes âgés de 60 à 69 ans ont eu des rapports sexuels au cours des douze derniers mois.
Il en va de même pour 42,8 % des femmes et 63,5 % des hommes de 70 à 79 ans, ainsi que 10,9 % des femmes et 39,5 % des hommes de 80 à 89 ans. « L’amour n’a pas d’âge, le plaisir sexuel non plus », réagit le psychiatre et la sexologue Céline Candillier, également fondatrice d’Always Valentines, une association destinée à soutenir la vie amoureuse et sexuelle des seniors.
Intimité, caresses, câlins
« Mon bonheur est lié à mon plaisir sexuel, c’est essentiel pour ma santé mentale », raconte Ghislaine, 66 ans. Ancienne haute cadre de la fonction publique, elle est aujourd’hui célibataire après mariage et pacsage civil. Sexuellement active, cette Lyonnaise ne peut imaginer sa vie sans : « Je me sens heureuse grâce à ça. Le plaisir d’être désiré, de se sentir vivant… »
« À notre âge, nos relations sexuelles s’apparentent plus à une promenade agréable qu’à un sprint », illustre Ghislaine. D’autant que, avec des partenaires qui ne sont pas toujours tout nouveaux, on rencontre parfois quelques problèmes de rigidité… Mais comme on a l’expérience, on n’attend plus de performance et on s’adapte. »
Avec l’âge, elle et ses partenaires s’écartent des canons de la sexualité classique, abandonnent quelque peu la pénétration et s’adonnent davantage au sexe oral, aux caresses, ou encore incluent des sextoys dans leurs pratiques. « Même le meilleur potier a parfois besoin d’aide pour sculpter… », raconte Ghislaine en riant.
A LIRE AUSSI Comment parler de la masturbation au sein de votre couple ? Trouver des partenaires de votre âge qui souhaitent nouer des relations sérieuses… Votre envie n’est pas évidente après la retraite, les cercles sociaux changeant très peu. C’est aussi le cas de Laurent*67 ans. Veuf depuis quatre ans après trente-six ans de mariage, il décrit sa vie sexuelle comme « relativement calme » : « J’ai eu quelques déceptions après des rencontres sur des sites et je n’ai pas encore rencontré de nouveau partenaire pour qui j’ai des sentiments. »
En réalité, le désir de Laurent de vivre cette intimité avant et pendant les rapports sexuels est un marqueur de la sexualité entre seniors. « À 20 ans, on a un cycle de réponse sexuelle rapide, alors qu’avec l’âge tout prend plus de temps : le désir, l’excitation, l’orgasme », explique le Dr Céline Candellier. Nous sommes obligés d’adapter nos pratiques, avec plus d’importance accordée à l’intimité, avec des caresses, des câlins et moins d’organes génitaux. Je pense par ailleurs que les plus jeunes pourraient apprendre beaucoup de la sexualité des seniors. »
« Comme la société dans son ensemble, les seniors s’inscrivent dans un paradoxe contemporain de la sexualité », explique Caroline Moreau. Si, entre les deux dernières enquêtes Inserm, leur fréquence de rapports sexuels a diminué – en 2023, les femmes de 60 à 69 ans vivant en couple ont eu en moyenne 3,3 rapports sexuels au cours des quatre dernières semaines, contre 5,2 en 2006, et, pour les hommes du même âge, cette moyenne est passée de 5,7 en 2006 à 4,3 en 2023 – le registre des pratiques sexuelles l’a considérablement augmenté diversifié.
« Parfois ça marche, parfois non »
Le développement de la vie sexuelle change également avec l’âge et diffère entre les hommes et les femmes. Sexuellement actives ou non, « les femmes plus âgées s’estiment plus satisfaites de leur situation que les hommes », explique Caroline Moreau. Tout au long des vingt dernières années, des changements de représentation se sont opérés au sein de la société pour permettre aux femmes de mieux s’épanouir dans leur sexualité, et surtout de la choisir.
A LIRE AUSSI Pourquoi la position missionnaire s’appelle-t-elle ainsi ? L’épidémiologiste ajoute : « Cette différence de satisfaction entre hommes et femmes est due aux attentes quant à leur sexualité : pour les femmes, elle est très souvent associée à des questions émotionnelles et relationnelles, alors que, pour les hommes, cette satisfaction est plutôt liée à la performance et à l’état physique. qualité de la relation. Des dysfonctionnements sexuels qui touchent davantage les hommes [tels les troubles de l’érection, NDLR] pourrait expliquer la baisse plus rapide de cette satisfaction. » Ces dysfonctionnements peuvent se transformer en véritable souffrance psychologique.
Laurent, opéré d’un cancer de la prostate il y a quelques années, est touché par cette difficulté à avoir une érection. « C’est une frustration et ce n’est pas facile à gérer. Parfois ça marche, parfois non, avec ou sans une petite pilule bleue. C’est un mystère. Il faut donner du temps. » « C’est rare de parler de ce sujet, souligne Céline Candillier. Certaines personnes deviennent déprimées à cause de cela, même si l’on peut avoir une vie sexuelle épanouie sans érection. »
Pour lutter contre le vieillissement, faites l’amour
“Et beaucoup trop de gens pensent, à tort, que la sexualité passe par la pénétration vaginale”, s’insurge Cédric.*74 ans, célibataire depuis plusieurs années. N’ayant pas et ne cherchant pas de partenaire, il aborde sa sexualité via les plaisirs solitaires, et éprouve « évidemment » du plaisir.
« Les jeunes n’ont souvent aucune idée de la sexualité d’une personne qui a dépassé l’âge de 65-70 ans, alors que je connais des gens qui en ont une jusqu’à plus de 90 ans », précise Cédric. Après, ce n’est pas une relation sexuelle comme on peut avoir à 30 ans, quand on est en pleine forme. »
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Tous les seniors interrogés ont le même souhait, comme le résume Régine : « Qu’on parle plus souvent des relations amoureuses et sexuelles entre personnes âgées, pour dire qu’à tout âge on peut avoir ou reprendre une vie sexuelle. » « Et pour lutter contre le vieillissement, il faut faire l’amour », glisse Ghislaine dans un dernier éclat de rire.
* Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressés.