Son étonnante beauté formelle lui a valu la Caméra d’Or pour ce premier film captivant, venu du Vietnam. A découvrir !
Après la mort de sa belle-sœur dans un accident de moto à Saigon, Thiên ramène son corps dans leur village natal, accompagné de Dao, son neveu de 5 ans, sorti de l’accident sans une égratignure. Dans une quête qui remet profondément en question sa foi, Thiên parcourt la campagne à la recherche de son frère aîné, disparu il y a des années.
L’arbre aux papillons dorés (A l’intérieur se trouve un cocon doré), sorti en 2023, est le premier long métrage du Vietnamien Pham Thiên Ân, né en 1989. Après avoir obtenu un diplôme en informatique, il décide de s’investir dans le cinéma. Un bon choix, confirmé par l’attribution en 2023 du Appareil photo doré à ce premier film qui n’a attiré qu’un peu plus de 52 000 spectateurs dans nos salles.
Pham Thiên Ân s’était déjà fait remarquer par la sélection dans plusieurs festivals de deux courts métrages,
Le muet (Fermez-la2018) et Reste éveillé, sois
Prêt (Soyez diligent et prêt), récompensé à Cannes en 2019 par le Prix Illy du court-métrage. Ces deux Films sont proposés en bonus sur le Blu-ray.
L’arbre aux papillons dorésécrit et monté par le réalisateur, suit, plan après plan, le personnage principal, Thiên, souvent accompagné de Dao, son neveu orphelin. Il revoit une amie d’enfance redevenue religieuse, puis une petite amie d’adolescence, pas encore prête à franchir le pas, et tente de retrouver son frère aîné, parti après la naissance de Dao sans laisser d’adresse… La mort subite de sa sœur Dans sa belle-famille, les guerres et les désastres le font remettre en question l’existence de Dieu, le mythe de l’immortalité de l’âme, héritage de son éducation catholique. Des questions qui restent sans réponse mais semblent conduire Thiên vers une sorte de sérénité qui pourrait être symbolisée par la dissipation de la brume dans la dernière séquence.
Bien qu’aucun événement ni rebondissement exceptionnel ne vienne, durant les trois heures que dure la projection, perturber le retour tranquille de Thiên à ses origines, on succombe facilement à l’envoûtement hypnotique diffusé par la beauté formelle de L’arbre aux papillons dorésfait d’une alternance de plans fixes soigneusement cadrés et de très longs plans séquences, une combinaison étonnante, virtuose et fluide de mouvements de caméra lents, de travellings avant, arrière, de côté et panoramiques. Un résultat étonnant obtenu avec la complicité du directeur de la photographie Dinh Duy Hung dont l’expérience se limitait aux deux courts métrages de Pham Thiên Ân.
L’arbre aux papillons dorésdoit aussi beaucoup aux paysages du plateau montagneux de la province de Lam Dông, enveloppés de mystère par la brume, à une touche de surnaturel avec, en pleine nuit, l’apparition surprenante, probablement rêvée, de l’arbre. avec des papillons dorés, mais aussi une immersion dans les sons de la nature : chants d’oiseaux, chant des grillons, ruissellement d’un torrent, bruissement des feuilles au vent, fracas d’une tempête…
L’arbre aux papillons dorés (179 minutes) tient sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9. Les suppléments (70 minutes) sont pris en charge uniquement par Blu-ray. Les deux disques sont logés dans un Digipack à trois panneaux, glissé dans un écrin.
Le film est proposé dans sa langue originale, le vietnamien, avec des sous-titres en option et le choix entre deux formats audio, Dolby Atmos, core TrueHD 7.1 ou DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo (Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo sur le DVD).
Sous-titres anglais disponibles.
Ils sont, à l’exception de la bande-annonce, uniquement supportés par Blu-ray.
Making of L’arbre aux papillons dorés (24′). Sans commentaire, le document montre l’intense investissement de Pham Thiên Ân dans le placement des personnages et des objets dans le cadre, dans la direction des comédiens, presque tous non professionnels, dans la prise de son et dans l’appréciation des moyens techniques mis en œuvre, chariots sur rails, grues, steadycams.
Entretien avec le réalisateur Pham Thien An
(15′). « Un voyage dans le passé d’un personnage qui retrouve ses origines, volontairement effacées de sa mémoire (…) où j’ai privilégié les plans très larges et très longs, presque immobiles (…) en établissant une grande distance avec le personnage (…) et en donnant le spectateur a le temps de l’observer. La spiritualité et la religion, au cours du tournage (qui s’est étalé sur trois ans), ont progressivement pris une place plus grande que dans le scénario. Il voit l’intérêt de saisir l’inattendu et de laisser aux acteurs une part d’improvisation.
Et deux courts métrages de Pham Thiên Ân :
Le muet (Fermez-la2018, 1.78:1, vietnamien, sous-titres anglais, 15′), sélectionné dans plusieurs festivals. Sous un orage annoncé par la télévision, une jeune femme muette se rend, à la tombée de la nuit, dans un café où la femme qu’elle cherchait refuse de lui parler. Le lendemain, elle se marie.
Restez éveillé, soyez prêt (Soyez diligent et prêt2019, 1.78:1, vietnamien, sous-titré, 14′), sélectionné dans une dizaine de festivals, primé à Cannes en 2019 par le Prix Illy du court-métrage. Un soir, une conversation entre consommateurs attablés à la terrasse d’un café de Saigon est interrompue par le bruit d’un accident de la circulation. Un homme qui est assis sur la terrasse, de l’autre côté de la rue, est rejoint par deux autres qui lui font part de la gravité des blessures de la femme victime de la collision… Avec une grande ressemblance avec la scène d’ouverture de L’arbre aux papillons dorésce film composé d’un seul plan séquence annonce la prédilection du réalisateur pour les plans d’ensemble.
Bande-annonce (1’36”).
L’image numérique, au ratio original de 1,85:1, encodée au standard 1080p, AVC, lumineuse, agréablement contrastée, affiche des couleurs délicatement calibrées. La lisibilité de tous les plans est assurée, apparemment sans utilisation d’éclairage artificiel.
Le son Dolby Atmos, noyau Dolby TrueHD 7.1, avec une bonne dynamique et une répartition équilibrée du signal sur les sept canaux, offre une sensation réaliste d’immersion dans l’action soulignant le soin particulier apporté à l’enregistrement du son. ambiance et livre avec finesse le pincement des cordes de guitare dans Rossiniana n°2 op. 120 de Mauro Giuliani, interprété par le guitariste Flavio Cucchi.
Image credits: © Fasten Films, Potocol, JK Film, Meilleur Ligne Films