Les batteries qui brûlaient étaient-elles des « déchets dangereux » ?

Les batteries qui brûlaient étaient-elles des « déchets dangereux » ?
Les batteries qui brûlaient étaient-elles des « déchets dangereux » ?

Par

Thomas Rideau

Publié le

22 novembre 2024 à 18h10

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Bolloré Logistics et Blue Solutions contre-attaque. Ce vendredi 22 novembre 2024, les deux sociétés étaient au tribunal administratif de Rouen (Seine-Maritime), pour contester un arrêté de la Dréal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), service placé sous l’autorité du préfet.

Une mise en demeure qui, comme l’a révélé 76actua pointé de graves manquements de la part des deux constructeurs, suite à l’incendie qui a ravagé un entrepôt à Grand-Couronne le 16 janvier 2023. Dans ce bâtiment, étaient stockées des batteries au lithium usagées. Cette catastrophe majeure a été particulièrement opinion publique marquéeet d’importantes opérations de nettoyage ont dû être mises en place.

La responsabilité du propriétaire

Dans son arrêté, la Dreal qualifie les piles usagées de « déchets dangereux », stocké sans autorisation par Bolloré Logistics. Elle rappelle également que l’entreprise ne participe pas efforts de nettoyage après incendie, tout comme Blue Solutions. L’arrêté leur impose de contribuer à ces opérations.

Ces « accusations » ne plaisent pas à Bolloré Logistics (locataire de l’entrepôt incendié) et à Blue Solutions (propriétaire des batteries). Ces derniers étaient ce vendredi au tribunal administratif de Rouen pour exprimer leur incompréhension, et de leur propre aveu, leur « colère ».

« Ce qui a été écrit ce n’est pas juste. Vous avez été induit en erreur », déclare Maître Rélu, l’avocat de Bolloré Logistics. Sa principale stratégie pour faire annuler la commande consiste à inculper le propriétaire de l’entrepôt détruit dans l’incendie, à savoir Highway Logistics 8 (HFL8). ” Vous avez été induit en erreur par cet opérateur», insiste-t-il en s’adressant au représentant de la Dreal.

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Selon l’avocat de Bolloré Logistics, c’est à HFL8 de prendre en charge les efforts de dépollution des nappes phréatiques. « Ils disposent de moyens financiers considérables », glisse-t-il. Le conseil estime que les différentes défaillances constatées dans l’immeuble sont directement imputables au propriétaire. « La pollution au lithium montre que la dalle n’était pas étanche », cite-t-il en exemple (parmi tant d’autres). « Et c’est le responsabilité exclusive par HLF8 ! »

Les batteries, « déchets dangereux » ?

Pendant près de trois heures, les trois avocats de Bolloré Logistics et Blues Solutions se sont attachés à défendre plusieurs points éparpillés dans les quelque 150 pages d’argumentaires transmises au tribunal. Outre la responsabilité attribuée au FHN8, le débat a porté notamment sur la nature même de ces batteries. Sont-ils des déchets ? Dangereux en plus ?

Me Pauline Leddet-Troadec, pour Bolloré Logistics, affirme que la préfecture n’apporte pas la preuve qu’il s’agit de déchets. «C’est une décision de l’administration qui sort de la légalité. […] C’est un abus de pouvoir particulièrement grave. »

«C’est un erreur de droit commis par l’administration », précise Me David Deharbe, avocat de Blue Solutions. « Plus on avance dans ce dossier, plus ça devient fou. » Pendant de longues minutes, l’avocat a voulu montrer que les piles stockées n’étaient pas des déchets.

Il s’agissait de batteries qui ont fait l’objet d’études. Ce qui constituait des retours clients. S’ils ont été envoyés à Grand-Couronne, c’est parce qu’ils étaient intègres.

Moi Deharbé

Ces batteries pourraient faire l’objet d’un « remanufacturing », ce que « la Dreal n’a pas compris », assène-t-il. «Ils fonctionnaient avec des batteries ! […] 97,5 % des batteries avaient une capacité de 3 000 cycles. Et un cycle correspond à 400 kilomètres. » Et de citer l’assurance de Blue Solutions qui a indemnisé l’industriel à hauteur de 15 millions d’euros. « 15 millions d’euros pour le gaspillage ! », ironise Me Deharbe, « Et c’est le plafond ! »

« Vous discréditezla réputation d’un industrield’un trait de plume infondé », lance le conseil Blue Solutions.

La Dreal persiste et s’explique

Du côté de la Dreal, son représentant a répondu point par point aux avocats des deux industriels. Il a répété le urgence qu’il était nécessaire de prendre ce décret pour continuer à financer les efforts de décontamination. « Le décret du 7 octobre vise à défendre l’environnement. Il est urgent de prendre des décisions pour dépolluer », a-t-il rappelé pour inciter la juge des référés, Clémence Galle, à exécuter l’ordre aux industriels.

Contrairement à l’opposant, il s’est efforcé de démontrer que Bolloré Logistics stockait effectivement des déchets. « Ces batteries travail requisils n’étaient pas prêts à être utilisés. Et c’est encore de la foutaise à ce stade. » Selon lui, lesdites batteries n’avaient pratiquement pas bougé de l’entrepôt avant l’incendie. « Pourquoi stockons-nous ces batteries pendant quatre ans ? », demande-t-il.

Selon les calculs de la Dreal, sur les 12 000 batteries présentes dans les locaux,seulement 11% ont été réutilisés sous diverses formes. « Cela ne vous fait pas penser que ce n’est pas une poubelle. […] Ils ont besoin d’être exploités pour être réutilisables, en attendant, ce sont des déchets. »

La juge des référés, Clémence Galle, a indiqué que la clôture de l’enquête serait reportée au mercredi 27 novembre. Le temps nécessaire aux parties pour présenter de nouveaux arguments concernant la nature de ces fameuses batteries. La décision sur le décret Dreal devrait intervenir immédiatement.

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