Depuis l’élection de Donald Trump, l’ancien de Twitter a vu partir de nombreux utilisateurs. Mais où aller ensuite ? Même si ses concurrents sont nombreux, ils ont tous des identités bien différentes. Le Figaro vous aide à faire le tri.
L’élection de Donald Trump a été le coup de grâce. De nombreux utilisateurs de X (ex-Twitter) ont quitté le réseau social ou s’apprêtent à le faire depuis la réélection du milliardaire à la Maison Blanche. Le réseau social a même vécu le 6 novembre, au lendemain du scrutin, le plus grand mouvement de“exode” depuis l’arrivée d’Elon Musk aux commandes il y a deux ans, selon la chaîne américaine NBC.
Parmi eux, de nombreux anonymes ainsi que des célébrités comme Elton John, Mia Farrow, Whoopi Goldberg ou Jim Carrey qui ont quitté le réseau social pour des raisons idéologiques. Lassé des prises de position d’Elon Musk (3 000 tweets pro-Trump en un mois), dont le compte est le plus suivi de la plateforme (202 millions d’abonnés), la droite du X et du climat ” toxique “on l’entend ici et là.
En cause également, les nouvelles pratiques en vigueur sur le réseau social. Le fait que l’ancien Twitter ait modifié ses règles de blocage le mois dernier « au nom d’une plus grande transparence » n’est pas passé par de nombreux internautes. De plus, X peut désormais utiliser les écrits publics de ses utilisateurs – à condition d’obtenir le consentement de ceux qui résident au sein de l’Union européenne – pour entraîner ses modèles d’IA.
Vouloir se couper de X est une chose. Mais vers qui se tourner ensuite ? Les prétendants au titre de rival de l’ancien Twitter sont nombreux, mais aucun ne peut à ce jour prétendre proposer un service similaire. Le Figaro vous les présente, avec leurs forces et leurs faiblesses.
Bluesky, le réseau en pleine croissance
Il est sans doute le grand gagnant du désamour avec X. Dans les dix jours qui ont suivi l’élection de Trump, le réseau social piloté par Jack Dorsey, le cofondateur de Twitter, avait gagné un million d’abonnés. Depuis, il en gagne un million de plus par jour. Bluesky a ainsi franchi la barre des 20 millions d’immatriculations mi-novembre, contre 9 en septembre. La plateforme est ouverte au grand public depuis février. S’il reste loin derrière X (550 millions d’utilisateurs actifs mensuels) et Threads (275 millions), l’écart se réduit avec ce dernier en usage quotidien aux Etats-Unis.
De nombreux utilisateurs sont ravis de retrouver l’esprit de Twitter à ses débuts sur Bluesky, avec des conversations sans agressivité. Mais l’afflux de nouveaux utilisateurs risque de vite submerger les équipes de modération. “Au cours des dernières 24 heures, nous avons reçu plus de 42 000 signalements”ont indiqué les équipes dédiées à la sécurité le 15 novembre, notant “un afflux de spam, d’escroqueries et de trolls.”
Bluesky se présente comme une plateforme indépendante, qui a réalisé à ce jour deux levées de fonds de 8 et 15 millions de dollars. Son code est open Source. C’est aussi un réseau social décentralisé : les utilisateurs peuvent gérer leurs propres données et contenus sans dépendre d’une autorité centrale. L’application trie les contenus par ordre chronologique. Surtout, les utilisateurs peuvent simplement créer leurs propres filtres, et partager des fils d’actualité autour d’une thématique (cinéma, politique, littérature, sociologie, etc.) avec tous les utilisateurs. L’internaute reprend donc le contrôle sur ce qu’il souhaite voir.
Bluesky veut continuer à rester libre. Il refuse toujours toute publicité. Mais pour assurer sa pérennité, il prépare un abonnement offrant de nouvelles fonctionnalités, comme une meilleure qualité vidéo et la possibilité de personnaliser son profil. Contrairement à X, le service ne proposera pas de traitement préférentiel à ses abonnés premium en augmentant la visibilité de leurs publications. Quant aux créateurs de contenus, ils pourront bientôt monétiser leur travail grâce à un service de paiement permettant aux internautes de rémunérer leurs créateurs préférés. Une proposition qui n’est pas sans rappeler la fonctionnalité Donations of X.
Threads, le réseau du quotidien
L’application Meta lancée en juillet 2023 a également connu de belles performances ces derniers mois. Son directeur, Adam Mosseri, a annoncé début novembre que la plateforme venait de franchir la barre des 275 millions d’utilisateurs mensuels actifs. En août, Threads avait déjà franchi la barre des 200 millions. Le réseau social, conçu pour battre X, vise un milliard d’utilisateurs.
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Jusqu’alors, le réseau social – qui peut compter sur la force marketing de Meta – se distinguait par l’absence de publicité. Mais il vient d’annoncer qu’il arriverait à partir de 2025.
Les amateurs de débat politique pourraient être déçus par Threads. Le réseau social, comme Instagram et Facebook, se montre très prudent à leur égard, de peur d’exposer ses utilisateurs à « contenu politique indésirable »surtout en cette année marquée par de nombreuses élections à travers le monde. Depuis le printemps, sa société mère, Meta, a commencé à supprimer les recommandations liées au contenu politique à l’intention de ses utilisateurs.
Autre grande différence avec X : l’algorithme Threads ne se soucie pas de l’actualité et « dernières nouvelles ». Ceci n’est pas un réseau d’information. La plateforme valorise les conversations quotidiennes et les anecdotes partagées par ses utilisateurs sur la parentalité, le travail, l’école, les voyages, etc. Par défaut, le réseau social affiche majoritairement des écrits de parfaits inconnus. Mais Meta a annoncé le 21 novembre qu’elle allait corriger ce point, et privilégier les comptes auxquels l’internaute était abonné.
« Pour ceux qui cherchent à s’exprimer publiquement ou à suivre des personnes qui le font, Threads et Bluesky peuvent être décevants car le nombre d’utilisateurs y est encore limité. Seul X permet de s’adresser à un large public”note Arthur Kannas, responsable de l’agence Heaven. « Si X était si puissant, c’était lié à la présence massive de leaders d’opinion et à la possibilité de discuter avec des utilisateurs de tous bords et de toutes générations »ajoute Emmanuel Berne, responsable des études à l’agence Heaven.
Reddit, Mastodon, Discord, pour les plus geeks
Les plus geeks pourraient se tourner vers Discord ou Mastodon. Discordequi a commencé comme une plate-forme vocale permettant aux fans de jeux de communiquer, fonctionne aujourd’hui avec des groupes de discussion fermés. Pour participer, vous avez besoin de l’URL du forum et d’être invité par un membre.
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De son côté, Mastodonte, géré par une association à but non lucratif, pourrait séduire les plus opposés à la domination des géants de la Tech. « Ce réseau donne la possibilité de créer un serveur propre à chaque utilisateur. Cela évite d’être dépendant d’une plateforme centralisée et permet d’avoir la main sur la configuration, l’hébergement des données… »note Emmanuel Berne. Mastodon n’a pas de publicité, ni d’algorithme choisissant ce que l’utilisateur verra. Une autre grande différence peut dérouter les nouveaux arrivants. Lors de son inscription, l’internaute doit choisir quel “serveur” ils veulent appartenir. Ce choix est important car chaque serveur applique ses propres règles de modération.
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Quant à Redditil y a encore un forum “à l’ancienne”. Il est possible pour un internaute de trouver les sujets qui l’intéressent via un moteur de recherche classique. La plupart des discussions sont publiques. On peut simplement lire les conversations sans forcément y contribuer. Il reste cependant une limite pour les anciens fans de X. « Sur X, on pouvait s’adresser à tous les publics », rappelle Emmanuel Berne. Dans un forum, on retrouve tous les jours les mêmes personnes. ».
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LinkedIn, l’autre option pour les professionnels
Pour de nombreux experts, LinkedIn a désormais la possibilité d’accélérer en élargissant son audience. La filiale Microsoft est en train de « quitter son rôle de plateforme RH pour devenir plus généraliste, avec de véritables échanges et débats qui s’y déroulent », analyse Arthur Kannas. Les journalistes et décideurs qui ont fait de X leur réseau pourraient décider de s’y référer massivement ». Il est rare aujourd’hui de ne pas y retrouver les dirigeants des grandes entreprises et les principaux leaders d’opinion.
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Sur LinkedIn, contrairement à X, les utilisateurs se connectent avec leur nom et non avec un pseudo, ce qui limite les excès et explique le climat général de bienveillance et de courtoisie qui règne sur la plateforme, qui reste une vitrine professionnelle. Soucieux d’élargir son audience, LinkedIn, qui a franchi la barre des 30 millions d’utilisateurs en France, a récemment ajouté un onglet vidéo qui lui donne un look TikTok, et a mis l’accélérateur sur l’actualité avec un autre onglet dédié.