“Nous voyons des lueurs d’espoir”, a résumé la négociatrice allemande Jennifer Morgan. “Mais les lueurs d’espoir ne suffisent pas, car il existe aussi des pilules empoisonnées.” Un journaliste de l’AFP a observé jeudi soir de nombreux allers-retours de ministres et diplomates entre les bureaux des délégations brésilienne, européenne, américaine, chinoise… et la présidence azerbaïdjanaise du sommet.
La question centrale des dernières heures de la COP29, au « stade olympique » de Bakou, est de savoir combien d’argent les pays développés, au nom de leur responsabilité historique dans le changement climatique, accepteront de transférer aux pays en développement, pour les aider à faire face aux changements climatiques. un climat plus destructeur et investir dans les énergies bas carbone.
« Nous demandons seulement 1 % du PIB mondial. Est-ce trop demander pour sauver des vies ? » demande Juan Carlos Monterrey Gomez, négociateur du Panama. Depuis le début du sommet le 11 novembre, des tempêtes ont fait des morts, des Philippines au Honduras, l’Espagne panse ses plaies après des inondations meurtrières, l’Équateur a déclaré l’état d’urgence national en raison de la sécheresse et des incendies…
« Au moins » 500 milliards
Le contexte inédit de cette 29ème COP est une année 2024 qui sera probablement la plus chaude jamais mesurée. Et neuf ans après l’accord de Paris, l’humanité brûlera encore plus de pétrole, de gaz et de charbon que l’année dernière.
Un projet d’accord publié jeudi matin a déplu à tout le monde parce qu’au lieu de chiffres, il y avait des « X » et parce qu’il ne tranche pas entre deux visions très opposées. La présidence azerbaïdjanaise du sommet s’est engagée à produire vendredi un nouveau texte, chiffré cette fois. Mais combien ? « Au moins » 500 milliards de dollars par an de la part des pays développés d’ici 2030, exige la plus grande alliance de pays en développement. À comparer aux 116 milliards de financement climatique prévus en 2022.
Les Européens, premiers contributeurs mondiaux, répètent qu’ils veulent « continuer à montrer la voie » : un terme soigneusement choisi, directement issu de l’accord de Paris, en signe de bonne volonté. Mais le resserrement budgétaire limite leur marge de manœuvre. Les Américains se sont dits « profondément préoccupés » par le dernier texte. Le commissaire européen Wopke Hoekstra a dénoncé un travail « inacceptable ».
« Puis-je vous demander de faire preuve de leadership ? » a-t-il déclaré au président de la COP29, le ministre Mukhtar Babaev, ancien cadre de la compagnie pétrolière azerbaïdjanaise. Les Américains et les Européens n’ont pas encore révélé combien ils sont prêts à payer.
La Chine refuse toute obligation
“Ils tournent en rond dans leurs jeux géopolitiques”, a déploré la ministre colombienne Susan Muhamad. Les pays développés négocient en effet en parallèle davantage d’« ambitions » de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais s’opposent aux pays producteurs de pétrole comme l’Arabie Saoudite. Le groupe arabe a explicitement prévenu qu’il n’accepterait aucun texte ciblant les « énergies fossiles ».
C’est un véritable désastre un an après la COP28 de Dubaï, qui appelait à lancer la transition vers l’abandon des énergies fossiles. Lors des conférences de presse, les pays font entendre leur voix. Mais en coulisses, Chinois, Occidentaux, États insulaires… Tous se parlent encore. Le ministre irlandais Eamon Ryan confie qu’« il y a de la place pour un accord ».
La Chine, clé pour trouver l’équilibre entre l’Occident et le Sud, a appelé « toutes les parties à se retrouver à mi-chemin ». Pékin a cependant tracé une ligne rouge : il ne veut aucune obligation financière. Il n’est pas question de renégocier la règle de l’ONU de 1992 qui stipule que la responsabilité du financement climatique incombe aux pays développés.