” DDieu est grand ! Mort à l’Amérique ! Mort à Israël ! Malédiction sur les Juifs ! Victoire pour l’Islam ! » À l’unisson, des dizaines de milliers de personnes brandissent leurs poings ou leurs kalachnikovs, et crient la devise des Houthis. Chaque vendredi depuis le début de la guerre à Gaza, après la grande prière de midi, les rues de Sanaa se couvrent de manifestants pro-palestiniens.
Sur une scène, protégé par des forces spéciales en tenue de combat, Sultan Al-Sadeh, jeune influenceur houthi sur les réseaux sociaux, réchauffe la foule. Ses slogans claquent comme des coups de vent. « La colère est grande. Les gens réclament une escalade, y compris une escalade militaire », explique-t-il. Un drone survole la foule. Les images de cette marée humaine recouvertes de drapeaux palestiniens alimenteront alors les médias au service de la propagande.
Des manifestants yéménites incendiés
De partout dans la capitale yéménite, des milliers de personnes convergent à pied vers la monumentale mosquée al-Saleh, construite par l’ancien dictateur et rebaptisée « mosquée du peuple » par les Houthis. Des vendeurs ambulants arboraient des drapeaux du Hezbollah et du Hamas ainsi que des portraits de leurs dirigeants « martyrs ». On y voit des familles et des écoliers en uniforme de scout, venus rendre hommage sur la tombe du leader houthi Saleh Ali-al-Sammed, tué en 2018 lors d’une frappe aérienne. Un enfant de 5 ans, en tenue militaire, porte un faux lance-roquettes.
Des grappes d’adolescents, notamment des groupes d’hommes, arrivent vêtus de leur tenue traditionnelle : djellaba, veste de costume et ceinture ornée d’un jambiya, le poignard, auquel est le plus souvent attaché un petit sac en plastique rempli de feuilles. de khat, une plante aux effets stimulants que les Yéménites mâchent pendant des heures, les joues gonflées, quel que soit le régime en place. Beaucoup d’entre eux sont armés.
Les enceintes saturées alternent musique et prêches politico-religieux. La foule s’est rassemblée le long d’une avenue pendant une bonne heure, derrière trois rangées de responsables et notables, des ministres du gouvernement Houthi, le visage grave… Mais aussi le chef du bureau local du Hamas, Mohammed Abou Chamala, un Gazaoui. « Ce grand rassemblement nous donne du courage et donne vie à l’esprit de la Palestine », a-t-il déclaré. A ses côtés, l’arme brandie, se tient le chef du conseil tribal du Yémen, Cheikh Rassam.
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Chauds de feu, enivrés de khat et de slogans, des dizaines de milliers de personnes tombent dans une transe collective. Vient ensuite le représentant du gouvernement, le vice-Premier ministre chargé des questions militaires. Nous devons mettre « fin à l’occupation sioniste », prévient-il. Parce que « les Juifs sont avides de conquêtes et ne se limiteront pas à la Palestine et au Liban, ils envahiront les lieux saints de l’Islam, la Mecque, Médine et le Yémen. » Chaque vendredi, Ansar Allah et ses miliciens mobilisent une armée fanatisée, prête à se lancer dans une nouvelle guerre.