Le dollar a franchi jeudi un nouveau cap, atteignant son plus haut face à l’euro depuis plus d’un an, porté par des politiques monétaires divergentes, entre une Fed attendue plus ferme que prévu et une BCE jugée accommodante. Vers 20H20 GMT, le billet vert s’appréciait de 0,60% face à la monnaie unique, à 1,0479 pour un euro. Il s’élève même à 1,0462 euros, un sommet touché pour la dernière fois en octobre 2023.
“Quand les mouvements de devises sont si importants, c’est parce qu’on a un effet ciseau”a commenté auprès de l’AFP Marc Chandler, de Bannockburn Global Forex. D’une part, “La banque centrale américaine (Fed) pourrait être moins encline à baisser ses taux en décembre” face à une reprise de l’inflation et à l’image d’une économie américaine résiliente, a expliqué l’analyste. La gouverneure de la Fed, Michelle Bowman, a soutenu mercredi que “progrès” sur le front de l’inflation «(semblait) marquer le pas ces derniers mois»en ajoutant que « nous sommes probablement plus proches du taux neutre que nous ne le pensons actuellement ».
Trois baisses de taux directeurs attendues d’ici 2025
Les opérateurs attribuent désormais une probabilité de 56% à une réduction d’un quart de point à l’issue de la prochaine réunion de la Fed des 17 et 18 décembre, contre 72% la semaine dernière, selon l’estimation du groupe CME. . Les taux américains se situent actuellement entre 4,50 et 4,75 %. A long terme, le marché s’attend à trois baisses du taux directeur de la Fed d’ici fin 2025, alors que les opérateurs en prévoyaient six sur la même période il y a deux mois. En même temps, « il semble que la Banque centrale européenne (BCE) va être plus agressive que la Fed » dans ses baisses de taux, a relevé M. Chandler, une position plus accommodante qui profite donc au dollar. Les marchés s’attendent déjà à une baisse des taux lors de la prochaine réunion de la BCE en décembre et s’attendent à ce que le taux de référence tombe à 2 % d’ici mi-2025.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a déclaré jeudi à Tokyo que l’institution devait “continuer à réduire le caractère restrictif de (sa) politique monétaire”avec de nouvelles baisses de taux, mais « un rythme déterminé par le pragmatisme agile : nous conservons une totale optionnalité pour nos prochaines réunions ». En outre, “Les actions de la prochaine administration américaine risquent de nuire à l’Europe si Donald Trump met en œuvre (l’augmentation) des droits de douane”» ajouta M. Chandler. La perspective de politiques inflationnistes au cours du second mandat de Donald Trump – tarifs douaniers, réductions d’impôts et augmentation du déficit budgétaire – a déjà contribué à l’explosion du dollar.