Deux Danois, un Australien et un Américain sont morts à Vang Vieng, au Laos, ont annoncé jeudi des responsables gouvernementaux. Tous auraient participé avec une dizaine d’autres personnes à une fête le 12 novembre, au cours de laquelle ils auraient bu de l’alcool prétendument contaminé au méthanol. Plusieurs touristes seraient hospitalisés à Bangkok, dont un ami du défunt Australien, placé sous assistance respiratoire.
Les autorités de plusieurs pays ont alerté leurs ressortissants sur les risques d’intoxication au méthanol lors de la consommation d’alcool au Laos. En France, le ministère des Affaires étrangères recommande aux voyageurs de « ne boire que de l’eau ou des boissons encapsulées ou rendues potables ».
Est-ce difficile à détecter ?
Le méthanol est un « liquide mobile, incolore, volatil, d’odeur plutôt agréable lorsqu’il est pur », décrit l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Il est couramment utilisé dans l’industrie chimique et peut être trouvé en petites quantités dans certains produits de consommation courante, comme les diluants à peinture ou les produits de nettoyage.
Il n’est « pas toxique en soi », indique le protocole Méthanol Poisoning Initiative (MPi), mis en place par l’université d’Oslo et Médecins sans Frontières. « Ce n’est que lorsqu’il est ingéré qu’il se transforme en substances toxiques, comme l’acide formique et son anion, le formiate, dangereux pour la santé », précise le MPi.
Est-ce proche de l’éthanol ?
Mais le méthanol, moins cher que l’éthanol, est parfois utilisé dans la fabrication d’alcool contrefait, ce qui peut entraîner des intoxications. Cependant, le méthanol est très difficile à détecter. « L’éthanol et le méthanol sont tous deux des liquides incolores qui se dissolvent dans l’eau. Il est impossible de les différencier avant de les consommer et cela peut mettre la vie en danger », souligne Médecins sans frontières.
En 2023, le Mpi a détecté 60 cas d’intoxication signalés, la majorité en Asie. Au total, l’organisation a enregistré 714 cas d’intoxication au méthanol et 309 décès (43 %). 30 ml de méthanol pur (soit une gorgée) suffiraient à provoquer la mort et 10 ml (soit deux cuillères à café) suffiraient à provoquer la cécité.
Quels symptômes ?
Les symptômes d’une intoxication au méthanol apparaissent généralement dans les 12 à 24 heures. “Les patients se plaignent souvent d’une gueule de bois sévère ou inhabituelle, accompagnée de somnolence, de difficultés de concentration et de vertiges”, explique le MPi.
Une hyperventilation, des signes gastro-intestinaux, des troubles visuels et une diminution progressive de la conscience sont généralement observés. « Dans les intoxications les plus graves, la mort peut survenir par insuffisance respiratoire. Après une intoxication grave, la guérison peut être complète, mais les séquelles oculaires sont relativement fréquentes (amputation du champ visuel, cécité complète) », indique l’INRS.
Si le taux de mortalité est si élevé, c’est aussi parce que « les personnes concernées consultent souvent assez tard, en raison du délai entre l’ingestion et l’apparition des symptômes, et de la peur d’être pénalisées pour avoir consommé de l’alcool, notamment dans les pays où il est interdit ». », note le MPi. Les professionnels de santé ont aussi parfois des difficultés à détecter une intoxication au méthanol.
Comment, dans ce contexte, pouvons-nous nous protéger ?
Comment, dans ce contexte, pouvons-nous nous protéger ? Interpol recommande de s’approvisionner en alcool uniquement auprès de détaillants agréés, de pubs et de supermarchés jouissant d’une bonne réputation. Il peut également être utile de jeter un œil à la qualité de l’emballage pour repérer les formes de bouteilles inhabituelles, les fautes d’orthographe et de vérifier que les coordonnées du fabricant sont indiquées sur l’emballage. « Vérifiez l’étanchéité de la bouteille. Si le système de fermeture a été cassé ou endommagé, il existe un risque que le contenu de la bouteille ait été frelaté et soit impropre à la consommation », indique également l’organisation internationale de police criminelle.
Pour éviter d’être contaminé, être attentif aux mauvaises odeurs est également utile. Enfin, “si le produit est vendu à un prix très inférieur au prix normal ou n’inclut probablement pas les taxes en vigueur sur l’alcool, il s’agit probablement d’une contrefaçon”, prévient Interpol.