« L’antisémitisme de gauche est-il moins grave que les autres ? – .

« L’antisémitisme de gauche est-il moins grave que les autres ? – .
« L’antisémitisme de gauche est-il moins grave que les autres ? – .

FIGAROVOX/CHRONIQUE – Notre chroniqueur répond à une chronique de l’avocat Arié Alimi et de l’historien Vincent Lemire, publiée dans Le monde, qui dénonce « l’instrumentalisation » de « l’antisémitisme de gauche pour « discréditer le Nouveau Front populaire ».

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Il a publié Journal de guerre. C’est l’Occident qu’on assassine (Fayard, 2024).


La pente descendante s’aggrave chaque semaine. Le judéocentrisme le plus central, obsessionnel, insupportable et redoutable. C’était la semaine du viol, des corps et des esprits.

A Courbevoie, une jeune fille de douze ans a été violée par trois jeunes adolescentes. Dans un article de Figaro Du 21 juin, on apprend qu’au moins un des trois agresseurs présumés est un musulman converti. Le viol s’est déroulé dans des conditions atroces qui en disent long sur la situation des jeunes dans une société pornographique électronique. Mais surtout, la petite fille est juive et a été maltraitée en sa qualité d’avoir caché son identité. Et aussi à cause de la Palestine. Cela en dit long aussi sur l’état de la jeunesse des banlieues islamo-gauchistes soumise à neuf mois de délire insoumis.

Mais la semaine qui vient de s’écouler aura aussi trompé nos esprits. Ou du moins tenté de le faire. C’est ainsi que cinq journalistes de l’audiovisuel public, très théoriquement tenus à une obligation de neutralité, se croyaient autorisés à prendre officiellement parti contre le Rassemblement national.

Grande première, Marylise Léon, présidente de la CFDT, a décidé d’exclure de son syndicat tout membre qui serait militant au Rassemblement national. Elle n’applique pas cette curieuse méthode à l’égard d’un parti d’extrême gauche antisémite. On avait connu son centre plus centriste.

Quant à Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, souveraine dans le respect du suffrage populaire, elle prévient par avance qu’elle s’opposera aux lois du Rassemblement national qu’elle décréterait illégales. Si on osait parler franchement, on pourrait craindre que plus l’extrême gauche est dans la rue, plus elle le sera.

Contrairement à ce que prétendent les auteurs de la chronique Mondeles échecs antisémites du parti rebelle ne sont pas marginaux mais massifs.

Gilles-William Goldnadel

Surtout, un forum de Monde daté du 20 juin et signé par Arié Alimi et Vincent Lemire, aura en effet beaucoup fait parler. Pas grand chose à s’en vanter. Son titre résume son propos avec un remarquable esprit de synthèse : «Il n’y a pas d’équivalence entreantisémitisme contextuel, populiste et électoraliste, utilisé par certains membres de la France Insoumise, et l’antisémitisme fondateur, historique et ontologique du Rassemblement national« . Ainsi, par un raisonnement abstrus, le bénéfice d’ancienneté revenant au deuxième, au premier, au dernier des antisémites, serait plus excusable. Ou, pour le dire autrement, l’antisémitisme du passé serait moins courant que celui du présent, ce qui est, pour être gentil, un raisonnement paradoxal.

Pour être moins abstrait, et se situer dans l’antisémitisme du réel, la position soutenue dans cette tribune est une posture, pour ne pas écrire d’imposture. Au-delà des références historiques, le Rassemblement national n’a plus rien à voir avec le Front qui l’a précédé. Et personne, en matière de racisme, ne pourra blâmer Marine Le Pen, fille de Jean-Marie, quelle qu’elle soit, sauf en empruntant les chemins périlleux de la génétique. Surabondamment, dans la dernière et cruelle période, son parti aura fait preuve d’une solidarité sans faille envers l’État juif pogromisé avant d’être nazifié. C’est elle, et non le président de la France insoumise ou celui de la République, qui aura défilé contre l’antisémitisme. Ce n’est pas un point de détail.

Passons à l’extrême gauche antisémite. Un peu rapidement, concernant le passé, les auteurs de la chronique précitée lui ont décerné un certificat de virginité. Je leur conseille de mieux lire Karl Marx, Jules Guesde, Proudhon et Jean Genet. Quant au président rebelle, j’ai écrit la semaine dernière que son cœur, avant d’être à Gaza, résidait en Amérique latine. Comme son défunt ami Hugo Chávez, il considère que le peuple hébreu s’est suicidé. Il n’a pas attendu ce qu’il considère allègrement comme un génocide, pour reprocher au grand rabbin d’Angleterre l’échec électoral de son ami antisémite Jeremy Corbyn. Cette dernière, bannie du Labour à Londres, a été reçue avec tous les honneurs à Paris par Danielle Simonnet et Danièle Obono. Ce dernier considère le Hamas pogromiste comme un « mouvement de résistance ».

Je ne veux pas fatiguer inutilement mon lecteur. je n’en aurais pas assez journal de guerre contre l’antisémitisme pour montrer que, contrairement à ce que pensent les auteurs de la tribune du Monde, les carences antisémites du parti insoumis ne sont pas marginales mais massives. Dois-je rappeler l’intelligence de nombre de ces membres avec celles d’organisations classées comme terroristes, comme Ersilia Soudais, invitant un leader du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) à l’Assemblée nationale ? Ou le voyage de Thomas Portes à la frontière de Gaza deux jours avant le pogrom pour rencontrer des membres d’une organisation extrémiste ? Dois-je rappeler l’excursion de David Guiraud à Tunis et ses accusations contre l’État juif qui, contrairement au Hamas, brûlerait des bébés dans des fours ? Il était accompagné pour l’occasion de Rima Hassan – que l’on voit moins ces derniers jours – et qui considère Israël comme «une monstruosité sans nom« .

Il existe parfois des lieux de tolérance qui sombrent dans l’obscénité toxique et criminelle.

Gilles-William Goldnadel

Alors arrêtons là. On a appris samedi qu’un homme qui visait «notamment des cibles juives» pendant les Jeux Olympiques avait été arrêté. Il rêvait d’êtreun combattant pour l’Islam, au nom de la Palestine« . Je ne jurerai pas qu’il avait des liens avec l’antisémitisme.»fondateur, historique et ontologique» de l’extrême droite.

Encore un argument étrange de la part des deux auteurs de la chronique Monde : l’antisémitisme de certains rebelles serait «instrumentalisé» politiquement. On n’avait pas remarqué que la gauche reprochait à qui que ce soit, et c’est une chance, de considérer le Front National comme politiquement inacceptable, justement à cause des saillies, des coquecigrues et des jeux de mots de son président fondateur. Il existe des instrumentalisations saines et essentielles du réel et des instrumentalisations insensées du passé fantasmé.

En réalité, derrière cette proposition de différence de traitement, vit toujours la même revendication : le droit au privilège rouge, en train d’être sacrilègement aboli. Dans certaines choses, parfois, le malheur a du bon : sans doute en raison des troubles provoqués par la plateforme, le journal qui l’héberge a publié samedi 22 juin un éditorial intitulé « Antisémitisme de droite ou de gauche, le même poison ». Jusqu’ici, le quotidien était resté désespérément silencieux sur le sujet depuis le 7 octobre, malgré le venin mortel propagé par la France insoumise.

Il ne va toujours pas jusqu’à critiquer l’union, pourtant venimeuse, entre les antisémites d’extrême gauche et d’autres qui ne le sont pas mais qui la tolèrent. Il existe parfois des lieux de tolérance qui sombrent dans l’obscénité toxique et criminelle. Et la pire obscénité pour moi, pour dire la vraiment insupportable, est de prétendre incarner le camp du « Bien », alors qu’on fait tant de mal.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Wall Street atteint des sommets historiques après le ralentissement de l’inflation – .
NEXT USA, légère baisse de l’inflation en mai à 2,6% – 28/06 – .