Un camion chargé de dons collectés par les Biterrois solidaires est parti dans la nuit du samedi 9 novembre pour rejoindre Paiporta, une zone sinistrée de la région de Valence, durement touchée par les inondations. Après une semaine de volontariat, les trois amis reviennent dans le Biterrois. Témoignage
Partis d’Adissan dans la soirée du samedi 9 novembre, à bord d’un camion chargé de dons de solidarité biterrois, récoltés sur plusieurs jours, les trois amis pompiers volontaires, Jérémy, Célian et Aurélien sont arrivés à destination le lendemain, sur le coup de Vers 5h30 du matin, dans la commune de Paiporta, dans la région de Valence, fortement touchée par les inondations.
Dès leur arrivée sur place, ils ont pu rejoindre les équipes de secours encadrées par l’armée et les pompiers espagnols, et procéder à une première recherche, équipés d’un gyrophare pour leur véhicule. Eux qui s’étaient préparés à arriver sur un terrain difficile, ne s’attendaient pas à un tel spectacle de désolation. « Une situation catastrophique, on ne s’attendait pas à cette image, proche d’une scène de guerre, avec des voitures renversées, de la boue partout… » confie Jérémy Jodar, qui a démarré cette mission bénévole et qui gardera cette première sortie dans sa mémoire et dans sa chair : « Il y avait une odeur de mort. Même si nous l’avons déjà vécu, c’était impressionnant, j’ai perdu mon odorat… Je pensais que c’était psychologique et que ça reviendrait mais pour l’instant je ne l’ai pas encore retrouvé..
“C’était risqué, on avait de l’eau jusqu’à la taille, parfois jusqu’aux épaules”
Ils ont immédiatement enfilé leurs scaphandres, condition indispensable pour progresser dans ce milieu inondé. « Heureusement nous avions anticipé en prenant les combinaisons, sans elles nous n’aurions pas été aussi utiles » confie Jérémy, qui se souvient de leur toute première mission : “aider un habitant à évacuer l’eau de son logement”.
Par la suite, les trois Biterrois ont utilisé leur savoir-faire de pompiers volontaires, mais aussi d’électriciens, d’ouvriers agricoles et d’infirmiers, pour se rendre dans les caves, les sous-sols et les parkings non fréquentés. Ils sont parvenus à réparer les systèmes électriques, à bloquer l’accès aux ascenseurs ou encore à apporter une assistance psychologique aux résidents fragilisés par un traumatisme. « On avait la tête sur le guidon, on avançait, maintenant qu’on est de retour on réalise un peu tout ce qu’on a fait. C’était risqué, on était dans l’eau jusqu’à la taille, parfois jusqu’aux épaules quand on était dans les remontées mécaniques, on a passé une semaine dans la boue.
Un nouveau départ prévu début décembre
Pour cette mission difficile, Jérémy conserve la reconnaissance et les remerciements des habitants, touchés par leur dévouement et leur résilience, face au drame de la perte de leur maison, et parfois de leurs proches. La nuit, les trois amis dormaient dans un endroit abrité, sur leur matelas gonflable. Leurs nuits étaient fragmentées par l’inquiétude lors des alertes rouges, quand il recommençait à pleuvoir, et par le souvenir difficile des corps retrouvés sans vie dans les tunnels. Malgré tout, ils prévoient de rentrer en Espagne début décembre pour livrer le reste des dons.