Cinq ans après l’incendie de Notre-Dame, les pompiers revoient leurs nouvelles procédures

Cinq ans après l’incendie de Notre-Dame, les pompiers revoient leurs nouvelles procédures
Cinq ans après l’incendie de Notre-Dame, les pompiers revoient leurs nouvelles procédures

«C’est la première manœuvre de cette ampleur», explique Laurent Roturier, directeur de la Direction des affaires culturelles (Drac) d’Ile-de-, en charge de quatre cathédrales, dont Notre-Dame et Saint-Louis.

Préparé « depuis des mois », cet exercice vise à appliquer, en conditions réelles, le plan de protection des biens culturels (PSBC) établi en 2018 pour Saint-Louis puis révisé cette année. Il comprend les plans du bâtiment, ainsi qu’une liste des travaux prioritaires, et précise comment les protéger, les manipuler et où les stocker.

En 2023, 65 cathédrales disposaient d’un tel plan, contre seulement 13 en 2019.

Les pompiers participent à un exercice d’incendie grandeur nature à la cathédrale Saint-Louis de Versailles, le 20 novembre 2024. PHOTO AFP / STÉPHANE DE SAKUTIN

A 10 heures, l’alarme retentit sur la place. Une demi-heure plus tard, le camion au bras articulé de 46 mètres qui a éteint l’incendie de Notre-Dame le 15 avril 2019 est au chevet de Saint-Louis. Positionné sur le côté du bâtiment, il pulvérise le dôme, lieu de l’incendie fictif, à un débit de 4 000 litres par seconde.

« Mission 1 », « Mission 2 » : le commandant des opérations Philippe Casarin déploie ses équipes : fiches explicatives plastifiées et photos des travaux en cours, les pompiers pénètrent à l’intérieur de la cathédrale pour protéger les biens les plus précieux.

Le moindre geste compte, sous la surveillance des conservateurs du patrimoine, pour ne pas abîmer les œuvres, dont certaines sont transportées dans une chapelle attenante, dans des cartons.

Car les manœuvres permettent aussi de coordonner les différents acteurs impliqués : pompiers, restaurateurs, architectes des bâtiments en France, DRAC, etc.

Plus loin, quatre pompiers s’affairent autour d’un meuble : la bâche est trop petite, ils doivent en récupérer une autre.

Les pompiers recouvrent un tableau lors d’un exercice d’incendie grandeur nature à la cathédrale Saint-Louis de Versailles, le 20 novembre 2020. PHOTO AFP / STÉPHANE DE SAKUTIN

« C’est le but de l’exercice », sourit le commandant Thierry Autenzio, qui a planifié les opérations. « Ce que nous omettons souvent, c’est le pragmatisme. Tous ces petits détails sont importants.

Notre-Dame a « sensibilisé » à l’importance de protéger le patrimoine, poursuit-il.

L’intervention est scrutée de près par une délégation de pompiers grecs, dont le patrimoine est menacé par les incendies de forêts liés au changement climatique.

« Nous ne sommes pas aussi organisés pour déplacer et protéger les œuvres », constate l’un d’eux, saluant les procédures françaises très précises de traitement des œuvres et disant vouloir les importer dans leur pays.

“C’est un exercice que nous espérons ne jamais avoir à faire dans la vraie vie, mais la situation et l’ampleur du patrimoine à protéger montrent qu’il vaut mieux être préparé”, estime Frédéric Rose, préfet des Yvelines.

Il rappelle que depuis son arrivée, la maison-musée Elsa Triolet-Aragon a été inondée et qu’un incendie s’est déclaré au château de Versailles.

– “Grandement progressé” –

Au-delà des exercices, des travaux ont été menés entre 2022 et 2023 dans la cathédrale Saint-Louis de Versailles, comme ailleurs, pour renforcer les systèmes de sécurité incendie des 87 cathédrales domaniales : installation de portes coupe-feu dans les combles, déploiement de caméras thermiques, sécurisation des tableaux électriques, dépoussiérage, etc.

A Notre-Dame, dont la réouverture est prévue le week-end des 7 et 8 décembre, des systèmes d’extinction automatique sont intégrés dans les bâtis.

Les pompiers examinent un plan lors d’un exercice d’incendie grandeur nature à la cathédrale Saint-Louis de Versailles, le 20 novembre 2024 PHOTO AFP / STÉPHANE DE SAKUTIN

Des mesures promues par le « plan de sécurité de la cathédrale », initié juste après l’incendie de 2019. « Les réglementations étaient vraiment faibles », déplore le lieutenant-colonel Alain Chevallier, en charge du plan. “Il nous fallait juste le bouton d’appel rouge et c’est tout.”

Quatre ans après le lancement de ce plan, « nous avons fait des progrès significatifs », estime-t-il, insistant sur l’augmentation du nombre de PSBC, certes obligatoires depuis 2016 pour tous les bâtiments patrimoniaux mais très peu mis en œuvre.

Et les nouvelles normes « commencent à se répandre » se félicite le lieutenant-colonel. “Récemment, la mairie de Paris m’a contacté pour me dire qu’elle souhaitait utiliser le plan de sécurité de la cathédrale pour ses propres immeubles.”

 
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