9h57, à Saint-Louis de Versailles, l’alarme retentit dans la cathédrale… Un incendie ? Pas de panique, c’est un exercice. “ Venez-vous éteindre le feu de l’Évangile ? », demande en souriant un passant du quartier, enveloppé dans un grand châle de laine verte, à l’un des pompiers déjà présents place Saint-Louis.
Quelques jours avant la réouverture de Notre-Dame de Paris, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France a organisé cette formation grandeur nature dans le cadre du « plan de sécurisation de la cathédrale » lancé suite à l’incendie de la cathédrale. Cathédrale parisienne. cathédrale, en 2019. L’idée est de tester la réactivité des services de secours à la fois pour lutter contre l’incendie et pour protéger les œuvres abritées dans le bâtiment. L’incendie se serait déclaré dans la nuit.
« L’incendie s’est déclaré à 22 heures dans les combles supérieurs du transept ouest.précise Thierry Autenzio, commandant des pompiers chargé de la planification des opérations et du contact patrimoine. Le sacristain a reçu l’alarme dans son bureau indiquant que le capteur installé dans cette zone avait été activé. Il monte à l’étage pour dissiper le doute en cinq minutes, puis confirme l’incendie en appelant les pompiers. » Il s’agit donc d’un « guerre contre le temps » que les secours engagent pour arriver sur place le plus rapidement possible.
Un camion de star de cinéma
Vingt minutes plus tard, deux camions de pompiers rutilants sont installés sur les côtés ouest et est de la cathédrale classique construite par Jacques Hardouin-Mansart au XVIIIe siècle. L’une d’elles est devenue une star de cinéma après l’incendie de Notre-Dame. C’est la machine qui a contribué à éteindre les flammes de la tour Nord de la cathédrale parisienne le soir du 15 avril 2019 avant de jouer à nouveau son rôle décisif dans le film de Jean-Jacques Annaud, Notre Dame brûle (2022).
Spectaculairement, le véhicule est monté sur un cric pour le stabiliser lors de l’extraction de l’échelle de 46 mètres de haut à partir de laquelle un pompier peut asperger le bâtiment avec une buse qui crache 4 000 litres d’eau par minute (contre 500 d’une buse classique) ! Il ne laisse pas les enfants indifférents, fascinés par la scène et le courant d’eau qui coule sur le bâtiment.
Côté Est, le camion a eu du mal à avancer, gêné par des véhicules garés au pied de la cathédrale. ” Ce sont les conditions de la réalité, il faut y faire face ! Nous disposons des moyens techniques pour les déplacer si nécessaire », relativise Thierry Autenzio. Une heure après le début de l’incendie, il n’est toujours pas éteint, mais il est en route.
17 œuvres protégées du feu
Dans le même temps, 17 des œuvres les plus importantes conservées dans la cathédrale ont commencé à être protégées contre les incendies et les eaux usées, conformément aux priorités fixées dans le plan de protection du patrimoine culturel. Créés par les pompiers avec l’architecte des bâtiments français et l’architecte des monuments historiques responsable du bâtiment, ces plans d’évacuation, comprenant la liste des travaux prioritaires, ont été lancés à l’échelle nationale en 2016, mais peu ont été mis en œuvre sur place. en 2019. Celui de Notre-Dame est heureusement terminé.
« C’est l’une des leçons de Notre Dame pourquoi ce plan a atteint le résultat souhaité », commente Laurent Roturier, directeur régional de la DRAC Île-de-France. A ce jour, 80 cathédrales sur les 87 en charge de l’Etat en sont dotées, contre 13 en 2019, mais toutes n’ont pas été testées comme ce matin à Versailles, loin de là. Spécificité française, ces plans suscitent l’intérêt d’autres services de secours européens. Une délégation de pompiers grecs a également participé à l’exercice.
D’autres tests à venir
« Les travaux 1 et 2 ont été extraits, le travail 6 est en cours », précise un adjoint du commandant, lors d’un point sur la situation. Identifiés par des numéros, ces objets de valeur ne portent pas de nom pour ne pas susciter le désir des voleurs. ” Lors d’un précédent exercice dans une cathédrale, les œuvres les plus précieuses dont les titres avaient été rendus publics avaient alors été volées ! », précise le lieutenant-colonel Alain Chevallier, responsable du plan de sécurité de la cathédrale au niveau national. Le plan de regroupement des ouvrages est également conservé dans une armoire verrouillée à laquelle seuls les pompiers ont accès.
En coordination avec l’architecte des bâtiments de France et conservatrice de Saint-Louis de Versailles, Bénédicte Lorenzetto, les équipes des pompiers ont transporté manuellement les œuvres depuis la sacristie, après les avoir photographiées pour constater les éventuels dégâts, jusqu’à la Chapelle de la Providence. Les marchandises qui ne peuvent pas être déplacées sont recouvertes de bâches spéciales. “ L’un d’eux est trop petitles pompiers l’ont remarqué. C’est une des choses à corriger dans le plan. »
A l’issue de ce premier exercice d’envergure en Île-de-France qui a mobilisé 40 pompiers, des enseignements seront tirés pour améliorer les plans de secours. D’autres tests devront avoir lieu en régions, à Toulouse ou Meaux. A midi les cloches sonnent, l’exercice se termine et c’est au tour de l’organiste de la cathédrale de répéter.