” M.Même avec Kim Jong-un de la Corée du Nord à ses côtés, Poutine reste plus petit que les États-Unis d’Europe. » C’est le message de mobilisation lancé, une nouvelle fois, par le président ukrainien Volodymyr Zelenskyj au Parlement européen.
Mille jours après le début de l’invasion russe, le président Metsola a organisé mardi 19 novembre une séance extraordinaire à Bruxelles, offrant au président ukrainien l’opportunité de s’adresser aux élus par vidéo. Face à une assemblée largement gagnée à sa cause, Volodymyr Zelenskyj invite les Européens à résister à la tentation de jeter l’éponge, surtout après la victoire de Trump, dont les intentions envers Kiev restent floues. Malgré le contexte difficile, le ton du président Zelenskyj a été plus modéré que d’habitude.
Il a mis en garde contre la présence croissante de soldats nord-coréens aux frontières de son pays. “Ce contingent pourrait atteindre 100 000 hommes”, a-t-il prévenu, alors que “certains dirigeants européens réfléchissent à des élections” – une allusion à peine voilée au chancelier allemand Olaf Scholz, qui risque des élections anticipées en février 2025 et vient d’avoir un entretien téléphonique controversé avec Vladimir Poutine.
Les pétroliers de Poutine alimentent la guerre
Le chef de l’Etat ukrainien a surtout insisté sur la nécessité de sanctionner plus durement la Russie, notamment en s’attaquant à sa « flotte fantôme » de pétroliers qui contournent les embargos occidentaux. « Tant que ces pétroliers fonctionneront, Poutine continuera à tuer », a-t-il insisté.
La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, qui fut le premier dirigeant européen à se rendre à Kiev après l’invasion, a réitéré le soutien « sans faille » de l’institution. “Nous serons là aujourd’hui, demain et chaque jour, aussi longtemps qu’il le faudra”, a-t-il promis, soulignant que cette guerre est “une attaque non seulement contre l’Ukraine, mais aussi contre l’ordre international fondé sur des règles”. Mais ce ne sont pas les députés européens qui peuvent desserrer les cordons de la bourse ou fournir des armes efficaces au régime ukrainien… Les États membres sont les seuls à agir. Le même jour, les ministres de la Défense des 27 se sont réunis à Bruxelles, tout comme la veille les ministres des Affaires étrangères.
L’implication croissante de la Chine
“Poutine ne semble pas prêt à négocier, mais plutôt à poursuivre l’escalade”, a prévenu lundi soir Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne. Une analyse partagée par Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères. « La situation en Ukraine est extrêmement difficile, avec une escalade permanente orchestrée par la Russie », note-t-il, faisant référence aux récentes attaques contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Si 80 % des missiles étaient neutralisés, les 20 % qui atteignaient leur cible détruisaient 80 % des capacités énergétiques du pays. Vladimir Poutine connaît l’histoire de son pays : celui-ci mène la guerre froide. Celle qui a déjà condamné les armées de Napoléon et d’Hitler dans les terres inhospitalières de l’Europe de l’Est.
L’implication croissante de Pékin est inquiétante. « La Chine est devenue le principal fournisseur de biens à double usage soutenant l’industrie militaire russe », prévient Josep Borrell. Une réalité qui pousse plusieurs Etats membres à demander des sanctions contre les entreprises chinoises impliquées. “Sans la Corée du Nord, sans l’Iran, sans la Chine, la Russie ne serait pas en mesure de maintenir son engagement militaire”, résume le chef de la diplomatie européenne. Un constat qui souligne l’urgence d’une réponse coordonnée.
Olaf Scholz interrogé sur les missiles Taurus
L’autorisation américaine accordée à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée sur le territoire russe arrive très tardivement. “La Pologne réclame cette décision depuis des mois”, déclare Radosław Sikorski. Pour le ministre polonais, il s’agit « d’une réponse nécessaire à l’entrée en guerre de milliers de soldats nord-coréens ». Une position partagée par les pays baltes et l’Europe centrale. L’Allemagne, de son côté, reste en réserve, son chancelier Olaf Scholz continue de refuser la livraison des missiles.
Au Parlement européen, Manfred Weber, président du PPE (à droite), a appelé la chancelière allemande à “livrer immédiatement les missiles Taurus nécessaires à l’Ukraine”, tout en appelant à l’adhésion rapide de Kiev à l’OTAN. Une position ferme qu’il justifie par la dimension géopolitique du conflit. « Des drones fabriqués en Iran, des soldats nord-coréens combattant les Européens sur le sol européen. De quelles preuves supplémentaires avez-vous besoin de cette réalité géopolitique ? » demande-t-il.
L’incertitude de Trump
Le même ton existe également chez son collègue socialiste, l’Espagnol Iratxe García Pérez, président du groupe S&D (sociaux-démocrates). Je suis souvent en désaccord ; L’Ukraine est une exception. « L’Ukraine ne gagnera pas seulement avec le pouvoir des mots », affirme l’Espagnol, qui nous invite « à ne pas bénir le message défaitiste de ceux qui pensent que l’Ukraine ne peut pas gagner la guerre ».LIRE AUSSI « Avec sa mégalomanie, Trump est une cible privilégiée pour le Kremlin » L’Italien de Fratelli d’Italia, Nicola Procaccini (groupe ECR, conservateurs), a choisi de saluer la résistance ukrainienne en rappelant la révolution Euromaidan. “Aucun d’entre nous, Européens de l’Ouest, ne peut imaginer une génération de lycéens et de jeunes travailleurs défiant la mort en se peignant le visage aux couleurs de l’Europe”, rappelle-t-il, évoquant ainsi les événements de 2014. Le coprésident des Verts, Terry Reintke s’est dit particulièrement préoccupé par la possible réélection de Donald Trump, y voyant “un autre signal d’alarme pour l’Union européenne”.
Les “pacifistes” dans le viseur de Renew
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Kangourou du jour
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Une ligne bien différente de celle défendue par la Hongroise Kinga Gál (groupe Patriotes pour l’Europe), représentante de Viktor Orban. Tout en condamnant l’agression russe et en rappelant l’aide humanitaire massive de son pays, il a appelé à une solution diplomatique, estimant que « la stratégie ukrainienne de l’Union n’a pas produit les résultats escomptés » et que « plus la guerre durera, plus il y aura de victimes ». La paix peut-elle avoir le goût de la capitulation ? Martin Schirdewan, d’extrême gauche (groupe La Sinistra), est exactement sur la même ligne : si le coprésident de la gauche a exprimé sa « solidarité avec la population ukrainienne qui souffre désespérément », il a demandé de « sortir de la situation » en langage militaire » et d’accroître la pression politique et économique sur Moscou plutôt que sur l’aide militaire.
C’est la présidente du groupe Renew Europe, Valérie Hayer, qui a répondu le plus directement à ces positions. « Certains au sein de ce Parlement se prétendent pacifistes », a-t-il déclaré, « mais soyons clairs : ce sont des alliés de Vladimir Poutine. » Dans un contexte d’incertitude sur le soutien américain, il a appelé l’Europe à « ne jamais s’habituer à cette guerre à nos portes » et à renforcer son soutien militaire et financier à Kiev. Un message qui fait écho à celui de Volodymyr Zelenskyj, pour qui « personne ne peut profiter d’eaux calmes en pleine tempête ». Une métaphore qui résume bien le défi des prochains mois pour l’Ukraine : maintenir la mobilisation européenne malgré la fatigue croissante et les décisions attendues et redoutées de Donald Trump.