« La solidarité des clubs n’est peut-être qu’une façade » – France – LFP – .

« La solidarité des clubs n’est peut-être qu’une façade » – France – LFP – .
« La solidarité des clubs n’est peut-être qu’une façade » – France – LFP – .

Cette mission d’enquête a les mêmes prérogatives qu’une commission d’enquête (obligation de répondre à une convocation, de prêter serment, etc.). Pour quoi ?

Nous voulions avoir les outils pour que tout le monde puisse venir. Nous ne voulions pas nous retrouver dans une situation où les personnes invitées ne répondaient pas à nos invitations. C’est le rôle du parlementaire : il doit voter, mais aussi contrôler la loi. Il y a deux ans, le Parlement a voté une loi donnant la possibilité de créer cette société commerciale. (qui a précédé l’accord avec le fonds CVC, qui a versé 1,5 milliard d’euros en échange du rachat de 13% du capital, sans limite de durée, de cette filiale en charge de la commercialisation des droits TV, de la gestion du marketing et de la publicité de la LFP , Note de l’éditeur). Pour notre mission, nous suivons l’intervention des fonds d’investissement au sein des clubs, mais aussi de la LFP. Mais notre mission a été planifiée bien en amont de ce qui se passait à la Ligue au sujet des droits TV. Nous avons commencé en mars et nous pensions qu’une solution aurait déjà été trouvée.

Ce jeudi, vous avez auditionné plusieurs présidents de clubs (Oughourlian, Létang, Caillot) ainsi que Jean-Michel Aulas. Pourquoi avoir opté pour une table ronde et non des auditions individuelles ?

Nous avons reçu quatre ou cinq lettres de ces présidents avec des paragraphes identiques. Cela me fait penser qu’il y a eu une consultation. Depuis le début de nos travaux, nous observons une solidarité très forte entre les différents protagonistes et nous l’avons bien ressenti lors de l’audience de jeudi. Mon sentiment personnel est qu’ils veulent se serrer les coudes parce qu’il y a une période difficile à traverser et ce n’est pas le moment de pointer du doigt les responsables. Une certaine solidarité s’affiche, du moins aujourd’hui.

Pensez-vous que cette solidarité pourrait s’effondrer ?

Cette audition nous a permis de constater qu’ils n’étaient pas tous sur la même ligne. Par exemple, le président de Lille s’est montré moins virulent avec Canal+. Et tout le monde n’était pas aligné sur les positions de Jean-Michel Aulas, d’autres ont aussi précisé qu’il n’était plus président… Si les droits intérieurs montent à 500 millions, on sera bien loin des 830 millions affichés sur le plan d’affaires. , certains voudront rediscuter de la répartition. La solidarité aura ses limites, ce n’est peut-être qu’une façade.

Le président de la FFF l’a dit lors de son audition : il craint que si la situation reste telle qu’elle est, des clubs déposent le bilan.

Michel Savin

Quelles seraient les conséquences d’un accord à la baisse sur les droits TV ?

Aujourd’hui, nous sommes très inquiets si un accord à la hauteur du plan d’affaires validé entre le CVC et la LFP n’est pas trouvé rapidement. Dans le cas contraire, de nombreux clubs risquent de se retrouver en grande difficulté. CVC ne le fera pas. Jeudi, leurs dirigeants nous ont indiqué qu’ils s’attendaient généralement à un retour sur investissement dans six à sept ans. Si les droits ne correspondent pas à ce qui était attendu, ils ont beaucoup de garanties – c’est normal quand on met 1,5 milliard sur la table. (en échange, CVC touche 20 % des recettes commerciales cette année, puis 13 % les saisons suivantes, ndlr) – et sont bien protégés. Le seul risque pour eux est un problème de temporalité, au lieu d’avoir un rendement sur 6-7 ans, ils l’auront sur 10-12 ans. Ce ne sont pas des perdants. Mais nous ne sommes pas là pour regarder la situation d’un fonds d’investissement, mais celle du football français.

En cas de sinistre, le CVC est-il couvert ?

Si les chiffres sont à ce niveau de 500 millions d’euros, on a compris qu’il y aurait des discussions : éventuellement un spread, un déplacement de ce qu’ils doivent recevoir de la société commerciale, une réinjection de cash mais avec un pourcentage plus important… Mais pour les clubs, ce serait reculer pour mieux sauter.

Les présidents ont beaucoup cité le contexte (échec de Mediapro, Covid-19, etc.) pour se justifier, mais on a l’impression qu’ils se cachent derrière cela pour esquiver les questions…

J’ai rarement de réponse à cette question : la LFP et le milieu du football ont-ils tiré les leçons des épisodes Mediapro et du montant des droits payés par Amazon par la suite ? (250 millions d’euros) ? On peut se poser la question quand l’objectif affiché est de 830 millions, le montant du rachat des droits par Mediapro – et on a vu comment cela s’est terminé. Aujourd’hui, tout le monde est reparti avec les mêmes chiffres. C’est pourquoi j’ai posé la question hier lors de l’audition du CVC : avez-vous tiré les leçons du passé en signant ce pacte financier ? Y a-t-il eu des discussions avec la chaîne historique Canal+ ? Nous avons compris que ces discussions étaient très récentes. Sont-ils le résultat de l’échec des discussions entre la Ligue et Canal+ ? Je ne sais pas.

Avez-vous quantifié ou anticipé d’éventuels échecs de club ?

Si les moyens espérés ne sont pas au rendez-vous, on ne s’inquiète pas de deux ou trois grands clubs qui disposent par exemple d’un fonds souverain qui va s’occuper de leur fonctionnement. Ce qui nous intéresse, c’est la deuxième partie de championnat, avec des clubs très dépendants des droits TV. En cas de manque de revenus, leur seule option est de vendre des joueurs, ce qui pénalise l’attractivité du championnat et n’attire donc pas non plus les diffuseurs. Nous sommes dans un cercle inquiétant. Le président de la FFF l’a dit lors de son audition : il craint que si la situation reste telle qu’elle est, des clubs déposent le bilan.

Les clubs ont anticipé des rendements sur la base de ce plan…

Les clubs ont signé des contrats élevés avec des joueurs sur plusieurs années avec la perspective de revenus des droits TV dès 2024, mais sans avoir de certitudes sur ces revenus. Idem, au moment où les droits TV étaient au plus bas avec Amazon, la LFP a entrepris l’achat d’un nouveau siège à hauteur de 130 millions. Tout cela est très surprenant.

Etant donné que la LFP est liée à une délégation de service public entre la FFF et le ministère des Sports, pouvez-vous intervenir sur ce type de décision ?

Si la LFP avait 1 milliard de droits TV et voulait acheter des bureaux pour 130 millions, c’est leur problème. Nous n’avons pas besoin d’intervenir. Mais aujourd’hui, cela nous inquiète car les clubs risquent d’être les grands perdants si on n’atteint pas les montants espérés. Et les clubs sont des salariés, un territoire où une économie serait fragilisée. C’est là que nous avons notre rôle. Mais ce sont les présidents qui votent, avec des décisions unanimes. Pour quoi ? Je ne sais pas.

Personne ne voulait être accusé d’avoir fait dérailler le projet. Nous n’allons pas parler de secret, mais certains nous ont dit qu’ils n’auraient pas eu les mêmes réponses lors d’une audience publique.

Michel Savin

Vous avez également procédé à des auditions non publiques de certains présidents. Que t’ont-ils dit ?

Certains présidents nous ont dit qu’il y avait eu des pressions. On a posé la question, le président (de la mission parlementaire, NDLR) Lafon a relu le procès-verbal expliquant qu’il y avait une demande d’unanimité pour le vote (pour le deal avec CVC, NDLR). On nous a dit: « Si vous considérez cette pression… » Mais on peut s’interroger : en demandant l’unanimité, c’était presque : « celui qui ne vote pas, il met en péril le projet ». Personne ne voulait être accusé d’avoir fait dérailler le projet. Nous n’allons pas parler de secret, mais certains nous ont dit qu’ils n’auraient pas eu les mêmes réponses lors d’une audience publique.

Jeudi, vous avez mis en difficulté les dirigeants de la CVC, qui ignoraient semble-t-il le dispositif de rémunération de Vincent Labrune. Avez-vous préparé votre déménagement ?

Absolument pas. Réécoutez l’audience : c’est d’abord CVC qui liste les personnes rémunérées par la société commerciale. Je demande donc quelle est la situation du président. Ils me disent non. Je pose la question trois fois, parce que je le sais. Heureusement j’ai un document de la Ligue. Parce que cela aurait été ma parole contre la leur. Le document de la Ligue précise la rémunération du président à 1,2 million, dont 50% est refacturé à la filiale LFP 1. (la société commerciale créée lors de l’accord avec CVC, NDLR).

Pensez-vous qu’ils ne le savaient vraiment pas ou essayaient d’esquiver ?

J’ai eu l’impression qu’ils avaient découvert cet accord sur la rémunération. Ce qui est encore plus inquiétant.

L’audition de Vincent Labrune, le 26 juin, est très attendue. Est-il finalement celui qui peut apporter le plus de réponses à vos questions ?

Il est président, mais il ne décide pas seul. C’est un ensemble. Son audition ne marque pas la fin de notre travail. C’est beaucoup mis en avant, plutôt par la presse, qui ne parle pas trop de notre mission, mais forcément, le contexte politique est un peu plus compliqué. A la veille des élections législatives, ce n’est pas la priorité des Français et loin de là.

L’exécutif et l’Elysée ont-ils envoyé des messages pour calmer le jeu d’ici la fin des négociations sur les droits TV ?

Nous n’avons aucun contact avec l’Elysée. Nous avons interviewé Cyril Mourin, conseiller sportif à l’Elysée, et Roxana Maracineanu, l’ancienne ministre.

Quand se termine votre mission d’information ?

Nous travaillerons jusqu’en septembre. Nous présenterons notre rapport et peut-être ferons-nous des recommandations pour que les choses repassent au Parlement. Nous avons adopté la loi en 2022. Nous n’en sommes pas encore là, mais nous ne fermons aucune possibilité.

 
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