(Kiev) Moscou a accusé l’Ukraine d’avoir tiré dans la nuit de lundi à mardi six missiles américains à longue portée ATACMS contre un site militaire dans la région frontalière russe de Briansk.
Victoria LUKOVENKO
Agence France-Presse
“A 3h25 du matin, l’ennemi a frappé un site dans la région de Briansk” avec des “missiles tactiques ATACMS”, selon un communiqué du ministère de la Défense, qui assure que cinq missiles ont été détruits et un autre endommagé par la DCA russe. défense.
“Ses fragments sont tombés sur la zone technique d’un site militaire de la région de Briansk, provoquant un incendie qui a été rapidement maîtrisé”, selon le ministère. Ces frappes n’ont fait aucune victime.
En août, la Russie a affirmé avoir détruit douze missiles ATACMS visant la Crimée annexée, péninsule ukrainienne que Moscou considère comme faisant partie intégrante de son territoire.
Kyiv promet de ne pas se rendre
L’Ukraine a juré mardi, au millième jour de l’invasion russe, de “ne jamais” se soumettre à la Russie, qui a une nouvelle fois évoqué le spectre du recours à l’arme nucléaire et promis de gagner cette guerre.
Cette étape symbolique intervient à un moment crucial pour Kiev : son armée recule sur le champ de bataille, l’incertitude pèse sur la pérennité du soutien américain avec le retour de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis en janvier, alors que Moscou est en position de force.
L’administration américaine sortante de Joe Biden a donné un coup de pouce aux Ukrainiens en les autorisant enfin, après un an d’atermoiements, à frapper le sol russe avec des missiles américains à longue portée, une ligne rouge pour Moscou.
Le président Vladimir Poutine a répondu mardi en signant le décret officialisant sa nouvelle doctrine nucléaire qui élargit la possibilité de recourir à l’arme atomique en cas d’assaut aérien « massif » mené par un pays non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire. Des références claires à l’Ukraine et aux États-Unis.
« Il a fallu adapter nos fondations [de la doctrine nucléaire] à la situation actuelle», a froidement relevé Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, promettant également la victoire de Moscou en Ukraine.
Une guerre qui devient internationale
« L’opération militaire se poursuivra [jusqu’à la réalisation] fixer des objectifs », a-t-il déclaré.
Poutine a appelé à la capitulation de l’Ukraine, à l’annexion des territoires ukrainiens occupés à la Russie, à la « démilitarisation » de l’Ukraine et à l’abandon des ambitions ukrainiennes d’adhérer à l’OTAN.
Cette nouvelle doctrine nucléaire a été annoncée, mais son adoption intervient deux jours après l’autorisation d’utilisation des missiles américains à longue portée. Moscou a également promis une réponse « appropriée » à de tels tirs.
Après près de trois années de conflit qui a fait au total des dizaines, voire des centaines de milliers de morts, Kiev n’entend pas céder.
“L’Ukraine ne se soumettra jamais aux occupants”, a souligné la diplomatie ukrainienne dans un communiqué, jugeant que la sécurité internationale passe par “la restauration de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine”.
Le ministère rappelle que Moscou a profité de cette guerre pour construire une alliance militaire avec la Corée du Nord et l’Iran, « une menace mondiale qui déstabilise l’Europe, l’Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient ».
La Corée du Nord, selon Kiev et l’Occident, fournit à la Russie des missiles, des munitions et désormais au moins 10 000 soldats. L’Iran est accusé de livrer des drones d’attaque et des missiles balistiques.
“Nous avons besoin de paix par la force et non par l’apaisement”, a insisté dans ce contexte la diplomatie ukrainienne, faisant référence aux tentatives britanniques d’éviter une guerre avec l’Allemagne nazie en faisant des concessions, en vain. à Adolf Hitler.
Mais l’Ukraine recule depuis plusieurs mois sur de multiples secteurs du front face à une armée russe mieux armée et plus nombreuse.
En outre, Moscou multiplie les frappes de missiles et de drones contre les villes et infrastructures ukrainiennes, tuant de nombreux civils et plongeant régulièrement les Ukrainiens dans l’obscurité et le froid à l’approche de l’hiver.
L’armée russe a encore revendiqué mardi la conquête d’un village, près de Kurakhové, l’un des secteurs de l’Est où elle avance le plus. Elle se trouve également aux portes des villes de Pokrovsk (Est) et Koupiansk (Nord-Est).
« La boîte de Pandore »
Par ailleurs, une frappe russe a tué dix personnes dans la nuit de lundi à mardi, dont un enfant, dans la région de Soumy (Nord-Est), selon un dernier bilan. La veille, dix personnes avaient été tuées par un missile à Odessa (Sud).
Dans le même temps, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier laisse craindre à l’Ukraine et aux Européens qu’il force Kiev à des concessions, offrant ainsi une victoire militaire et géopolitique à Vladimir Poutine.
L’Ukraine, l’avenir des relations transatlantiques et la défense européenne sont également à l’ordre du jour mardi lors d’une réunion à Varsovie des chefs de diplomatie de six grands pays européens.
“Il existe une grande inquiétude commune concernant la situation sécuritaire en Europe et surtout la situation en Ukraine”, a noté Kathrin Deschauer, porte-parole de la diplomatie allemande.
Mais l’Allemagne, deuxième pays donateur de l’Ukraine après les Etats-Unis, a également suscité la colère de Kiev, le chancelier Olaf Scholz ayant appelé M. Poutine mi-novembre pour la première fois depuis deux ans.
Le président ukrainien a accusé le dirigeant allemand d’avoir ouvert la « boîte de Pandore ».
Car si M. Zelensky souhaite que la guerre se termine en 2025 par des « moyens diplomatiques », il estime que Kiev a besoin de davantage de moyens militaires pour infliger des défaites au Kremlin et aborder les négociations en position de force.